Parrainages pour la présidentielle : Le saut d’obstacles

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Parmi la dizaine de prétendants en Juin prochain au fauteuil présidentiel, on note le député Biram Dah Abeïd et l’ex-président de la République Mohamed ould Abdel Aziz. Les deux ont annoncé leur intention de briguer les suffrages de leurs compatriotes. Le premier a été investi le 24 Avril et les soutiens du second, réunis dans un « Front pour le changement », un parti en cours de constitution, ont révélé le projet de leur mentor ; contre vents et marées, semble-t-il. La question que les observateurs se posent au lendemain de ces déclarations et continueront probablement à se poser est de savoir si ces deux candidats pourront effectivement disputer la présidentielle face au président sortant Mohamed ould El Ghazwani dont la candidature a été elle aussi officialisée le 24 Avril. Les deux ont en effet des soucis avec la justice.

Le président d’IRA doit d’abord franchir l’obstacle des parrainages nécessaires, SAWAB, sous les couleurs duquel il a été élu député en Mai dernier ne disposant pas d’un nombre suffisant d’élus pour cautionner sa candidature. Il va lui falloir grappiller ailleurs. Pourrait-il bénéficier, comme par le passé, du soutien du parti au pouvoir ou de ses satellites ? Ses rapports peu cordiaux avec celui-ci et le contexte politique actuel ne plaident pas en ce sens. Il s’y ajoute l’épée de Damoclès que constitue la plainte déposée contre lui par le président de l’UFP, le docteur Mohamed Maouloud et qui lui a valu la levée de son immunité parlementaire. L’homme suspecte un complot ourdi par ses adversaires pour lui barrer le chemin de la présidence. Le pouvoir était naguère préoccupé de « crédibiliser » les scrutins présidentiels en ouvrant la voie à beaucoup de candidats parfois qualifiés d’«indépendants.». Une chose est sûre, l’investiture de Biram fait courir du monde de Nouakchott : l’ancienne Maison des jeunes a refusé du monde le 24 Avril. Un élan suffisant pour franchir les deux susdits obstacles et réussir dans la foulée à assurer, comme il le clame, l’« alternance générationnelle et systémique » ? Reste une question : la justice fixera-t-elle d’ici le début de la campagne électorale un procès pour juger et éventuellement condamner le leader harratine, le privant ainsi de la présidentielle ?

Les choses ne sont pas moins délicates, sinon plus, pour Ould Abdel Aziz qui a, pour sa part, déjà fait l’objet d’une condamnation par la justice. Mais cette décision est « suspendue » par l’appel déposée par ses conseils, comme l’a souligné l’un d’eux, maître Taleb Khiyar. Une réalité reconnue par l’avocat de l’État dans le procès de la décennie, le professeur Gourmo Lô, qui n’en convoque pas moins l’article 28 de la Constitution : « Le président de la République est rééligible une seule fois » ; pour signaler que l’ex-Président ne peut pas briguer un troisième mandat. Une bataille juridique s’annonce donc sur la portée du mot « rééligible ». Selon le juriste Béchir Fall, « aucune disposition de la Constitution actuelle, encore moins l’article 28, n’interdit à un ancien président de la République – et donc à Mohamed Ould Abdel Aziz – de se porter candidat à une élection présidentielle ». Pour cet expert, ledit article ne s’adresse qu’au président en exercice. Le Conseil Constitutionnel va devoir trancher.

Les autres candidats de l’opposition auront eux aussi à remplir un certain nombre de conditions pour faire valider leur candidature, il s’agit surtout des parrainages et des quitus avec le fisc mais également la caution fixée à cinq millions d’anciennes ouguiyas. Quant au candidat Ghazwani, il n’a pas de soucis à se faire ; il a même déposé son dossier auprès du Conseil Constitutionnel au lendemain même de l’annonce, par lettre ouverte aux citoyens, de sa candidature à la prochaine présidentielle.

Dalay Lam

Le Calame

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