Élection présidentielle au Sénégal et en Mauritanie : le défi de l’ethnicisme.

Élection présidentielle au Sénégal et en Mauritanie : le défi de l’ethnicisme.

Par Ely Ould Sneiba٠

Sous la direction du Président Senghor, les élites sénégalaises, wolofs et sérères en particulier, avaient réussi à déjouer le plan des Poulo-Toucouleurs visant à prendre le pouvoir. Leur dessein était de placer Mamadou Dia à la tête du Sénégal, mais la France a préservé le peuple sénégalais des affres de l’ethnicisme, qui compte plus de vingt ethnies.

Plus tard, Senghor céda le pouvoir au président Abdou Diouf, un Sérère originaire de Louga.

Ensuite, ce fut le tour de l’opposition et elle propulsa un Wolof au pouvoir. Il s’agit de Maître Abdoulaye Wade. Ce dernier avait un fidèle lieutenant qui avait pour ambition de lui succéder sans jamais afficher de quelconques penchants ethnicistes. Cependant, les Naars affirment que les hommes sont enfermés dans leurs cocons. Au nez et à la barbe de son mentor Abdoulaye Wade, Macky Sall a remporté l’élection présidentielle.

Une période marquée par une forte propension à l’ethnocentrisme verra le jour : les postes clés ont été accordés aux Pulaars, et la dérive ethnique a été exposée au grand jour. Feu Sid El Emine Niass, président du groupe de presse Walfadjri s’est insurgé contre cela…

Un homme averti en vaut deux.

Un plan de succession strictement poulo-toucouleur est préparé de manière intelligente afin de ne pas donner l’impression. Le poste de directeur des impôts sera attribué à Mamadou Ba, un Pulaar, qui sera ensuite ministre des finances, ministre des affaires étrangères et enfin Premier ministre. Un dauphin tout à fait naturel, pourrions-nous dire. C’est bien Monsieur Ba qui est candidat à l’élection présidentielle de février prochain. Il faut garder un œil sur cette affaire.

En Mauritanie, les adeptes du communautarisme racial n’ont jamais dissimulé leur intention. Les Maures, une ethnie ultra-minoritaire, ne devraient pas avoir le pouvoir.

De quelle manière les éliminer ?

Afin d’arriver à cet objectif, la solidarité raciale sera activée. C’est pour cette raison que les porteurs du virus panafricaniste de stricte obédience pulaar s’étaient engagés. 

Ils sont les successeurs spirituels de deux Toucouleurs sénégalais qui ont acquis la nationalité mauritanienne : Saidou Kane et Hamidou Baba Kane. Le premier était un infirmier vétérinaire et le second était un étudiant du même pays.

Après avoir quitté son pays d’origine, Saidou parvient à Nouakchott et obtient la citoyenneté mauritanienne. On l’a envoyé en formation en Union Soviétique. Une fois ses études terminées, il se voit offrir un poste de fonctionnaire dans son nouvel État.

La suite de son histoire est connue de tous. Il a été un membre fondateur et président des FLAM, et il a passé un certain temps en prison à Oualata.

Saidou Kane a consacré toute sa vie à s’investir dans la question culturelle, c’est-à-dire la lutte des Noirs contre la langue arabe et contre l’hégémonie beïdane.

Le deuxième adepte du communautarisme racial avait suivi le même rite initiatique.

Hamidou Baba Kane, né au Sénégal, a décidé de devenir mauritanien et a été naturalisé. Il a été formé et fonctionnarisé.

Après son élection en tant que député à l’Assemblée nationale, il se porta candidat à l’élection présidentielle en faveur de la coalition communautaire poulo-toucouleure « Vivre-Ensemble ». Sur une chaîne de télévision dakaroise, il fit sa première prise de parole médiatique pour dénoncer le racisme d’État à l’égard des Noirs de Mauritanie.

Peut-on véritablement être ravi qu’il ait été décoré à titre posthume ?

Lors de la prochaine élection présidentielle du 22 juin 2024, le vote communautaire anéantira de manière inévitable tout espoir de compétition citoyenne, républicaine et démocratique. La vie politique en Mauritanie est ainsi faite.

 

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