Portrait : Ould Diay l’homme qui fait bouger la présidence en Mauritanie

Portrait : Ould Diay l’homme qui fait bouger la présidence en Mauritanie

Moktar Ould Diay, ministre Directeur de cabinet du président Ghazouani, ne laisse pas indifférent. Au sein de la majorité présidentielle, dans le camp de l’opposition et même dans les discussions de salon, l’on s’accorde à dire que, depuis l’arrivée de cet ancien ministre des Finances et ancien ministre de l’Economie sous Aziz, la présidence commence à bouger, comme pour prendre sur elle-même une partie de la charge qui pèse sur un gouvernement fortement remanié après les élections municipales, législatives et régionales de juin dernier.
L’homme de 49 ans, titulaire d’un diplôme d’Ingénieur (1997) de l’Institut national de statistique et d’économie appliquée (INSEA) de Rabat au Maroc, est considéré, à tort ou à raison, comme le « pendant » politique du rôle, plus technique, tenu par Moulaye Ould Mohamed Laghdaf, ancien Premier ministre d’Aziz, nommé par Ghazouani ministre Secrétaire général de la Présidence. Il arrive dans l’entourage immédiat du président de la République auréolé de son éclatant succès électoral à Nouakchott où le parti au pouvoir, El Insaf, a quasiment tout raflé : les neuf communes de la capitale, le Conseil régional et 7 députés sur 21. Le succès est d’autant plus important qu’Ould Diay a délesté les Islamistes de Tawassoul, deuxième force politique du pays, de leurs citadelles de la capitale Nouakchott, jusque-là imprenables, les communes d’Arafat et de Toujounine.
Ce succès politique a remis dans les mémoires le travail abattu par Ould Diay à la Direction générale des Impôts où il avait réussi, pour la première fois, à faire rendre gorge à des hommes d’affaires réputés « intouchables », et au ministère des Finances où les réformes engagées, quoique impopulaires, avaient permis à l’Etat de ressembler à quelque chose, même si le pays continue encore à souffrir des aléas d’une mal gestion endémique.
De retour aux affaires, l’ancien ministre des Finances a très vite imprimé sa marque aux affaires de la présidence de la République. Le changement constaté, ce sont ces visites « inopinées » que Ghazouani avait entamées et cette série de rencontres avec les hauts responsables de l’Etat comme pour dire que le temps de l’insouciance est fini. En fait, une reprise en main d’un suivi et d’un contrôle des activités des départements ministériels relevant initialement de la Primature. Le président Ghazouani a ainsi fait d’Ould Diay une sorte de Premier ministre bis, avec le relèvement du statut de Directeur de cabinet du président de la République à celui d’une sorte de ministre (d’Etat) siégeant au gouvernement et s’interposant, à chaque rencontre au palais, déplacement à l’étranger ou visite de terrain, entre le Chef de l’Etat et n’importe quel autre membre du gouvernement.
S’il est incontestable qu’en termes de mouvement et de « transformation » la présidence de la République s’implique de plus en plus dans la gestion quotidienne des affaires, avec l’arrivée de Moctar Ould Diay au très stratégique poste de ministre directeur de cabinet, il faut aussi reconnaître que l’ordinaire des Mauritaniens n’a pas changé de façon notable. Flambée des prix, coupures récurrentes d’eau et d’électricité, déficit d’enseignants de français, même à Nouakchott, alors qu’on célèbre les « succès » de l’Ecole républicaine, sont dénoncés chaque jour !
A quelques mois d’une élection présidentielle qui verra sans grande surprise Mohamed Ould Cheikh El-Ghazouani se mettre en piste pour conserver son fauteuil, le Ministre Directeur de Cabinet doit savoir corriger le tir pour venir à bout de tous ces dysfonctionnements. Homme d’action comme il le montre à chaque fois qu’il est appelé à servir le pouvoir, à partir d’une position stratégique, Ould Diay doit avoir pensé déjà à ce qu’il faut pour relever ce grand défi. Sa survie politique, après la présidentielle de 2024, dépend, en partie, de ce travail de mise à niveau qu’il accomplit en toute discrétion en tant que ministre directeur de cabinet du président de la République.

Par Mohamed Sneïba, Correspondant permanent – Nouakchott

Afrimag

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