Élections en Mauritanie. Le parti au pouvoir remporte la majorité des sièges

Élections en Mauritanie. Le parti au pouvoir remporte la majorité des sièges

Faits saillants: Le parti au pouvoir en Mauritanie, l’Insaf, a remporté la majorité des sièges parlementaires dans les circonscriptions qui ont connu un deuxième tour des élections hier samedi. Le second tour a eu lieu dans 22 circonscriptions, pour choisir 36 sièges parlementaires qui ont été reportés lors du premier tour lequel a suscité une vaste controverse, après que l’opposition et les partis politiques loyalistes ont crié à la « fraude » généralisée et ont exigé que leurs résultats soient annulés.
Selon les résultats préliminaires publiés par la Commission électorale nationale indépendante, le parti au pouvoir a remporté 27 sièges au second tour, portant sa part à 107 des 176 sièges au Parlement.

Le parti d’opposition tawassoul a remporté deux sièges, portant son total aux deux tours à 11 sièges parlementaires.

Union pour la démocratie et le progrès (UDP), a remporté 4 sièges, portant son nombre de sièges à 10 et se classant troisième en termes de représentation parlementaire.

Le parti d’opposition FRUD a remporté un siège à ce tour, portant sa représentation à 7 sièges et occupant la quatrième place.

Le parti loyaliste Nidaa el-Watan a remporté un siège au second tour, portant son nombre de sièges à cinq, et le Parti Vadhila a remporté un nouveau siège pour porter sa représentation à deux sièges.

Ces résultats ont renforcé la majorité obtenue par le parti Insaf du président Mohamed Ould Cheikh Ghazouani, la première depuis son accession à la présidence en 2019.

Le second tour a eu lieu samedi, dans 22 circonscriptions, pour choisir 36 sièges parlementaires qui ont été reportés lors du premier tour le 13 mai.

Aucun parti n’a pu décider du résultat des 36 sièges au premier tour, car les circonscriptions dans lesquelles ils se sont déroulés n’adoptent pas de système proportionnel, mais nécessitent au moins 50% des voix.

Le premier tour des élections a suscité une vaste controverse dans le pays, après que l’opposition et les partis politiques loyalistes ont parlé de « fraude » généralisée et ont exigé que leurs résultats soient annulés et restitués, et des élections présidentielles devraient avoir lieu l’année prochaine.

Créé en 2022 sur les cendres de l’ex Union Pour la République (UPR), Insaf s’est lancé aussitôt dans des réformes en perspective des futures élections, avec une préparation d’avance qui explique les résultats obtenus face à une opposition qui était totalement absente, dans un contexte où la politique d’apaisement entreprise par le Président Ould Ghazouani, a fait qu’on ne parle plus que d’Insaf.

Le plébiscite du parti au pouvoir est donc le fruit de cette stratégie axée sur la prise de contact avec les bases et les citoyens, lesquels ont bien accueilli le message, soutenu par une forte mobilisation sur le terrain des responsables du parti, de ses fédérations régionales et de ses sections au niveau des moughataas.

Certes, les chances entre les différents protagonistes de la scène politique étaient égales au départ, mais ce sont les stratégies des uns et des autres qui ont permis de faire la différence.

Alors qu’Insaf, Tawassoul, l’UDP et d’autres partis de la majorité ont opté pour le travail sur le terrain politique et électoral, d’autres partis se sont plus concentrés sur la propagande, les meetings, les soirées et les réseaux sociaux qui ne touchent qu’une infime partie de l’électorat. Alors que les partis politiques traditionnels comme le RFD ou l’UFP ont été mis au placard depuis déjà, dit-on, le début de la pandémie du coronavirus.

Ces succès électoraux s’expliquent aussi par l’expérience accumulée depuis des années par ces partis qui ont permis à Insaf de remporter 107 sièges du parlement sur les 176.

La commission a lancé une plateforme électronique pour annoncer les résultats par son intermédiaire, ce qui a permis de corriger de nombreuses erreurs.

Autre facteur qui a contribué à la suprématie politique et électorale d’Insaf réside dans sa politique de tourner la page érigée en système auparavant par les partis Etat consistant à instaurer l’injustice, l’exclusion, la marginalisation, la non-concertation…

En effet, Insaf s’est conformé au projet de société du Président Ould Ghazouani, mettant au-devant de son discours électoral, la justice, l’implication de toutes les catégories sociales (femmes, jeunes, personnes handicapées…), ce qui est inédit et qui explique le raz-de-marée dont a fait l’objet du parti depuis sa création et particulièrement dans ces scrutins.

C’est dire que beaucoup d’électeurs ont voté Insaf en reconnaissance à sa ferme volonté d’éradiquer ces discriminations, exclusions et injustices courantes à l’époque et en raison de ses objectifs pour une société où tous les citoyens sont égaux en devoirs et en obligations.

Cet engouement des citoyens explique par ailleurs le taux de participation élevé à ces élections en raison de l’implication massive d’anciens exclus et opprimés aux scrutins et le vote pour Insaf afin de poursuivre cette politique ambitieuse basée sur la légalité des citoyens, en rupture avec les partis au pouvoir de l’époque qui méprisaient ces différentes catégories et les excluaient des centre de décision.

L’appel lancé également par la Première dame pour une forte implication des femmes et des jeunes, la mobilisation sur le terrain électoral du Premier ministre Mohamed Ould Bilal, le coordinateur de la campagne électorale au niveau de Nouakchott et de plusieurs membres du gouvernement ont contribué considérablement à obtenir ces bons résultats.

Le travail de terrain avait consisté aussi pour Insaf sur l’explication détaillée aux électeurs des bulletins de vote avec des exercices sur la manière de voter afin d’accomplir correctement son droit civique pour le parti qu’il soutient.
Autant de facteurs qui montrent pourquoi Insaf a réalisé des performances électorales élevées à la différence de ses concurrents qui ont privilégié la propagande que certains observateurs ont assimilée à des manifestations fréquentées à des fins d’amusement et de divertissement et non pour des objectifs électoraux, abstraction faite des candidats, de leurs staffs et leurs militants.

Concernant les violations et irrégularités qui ont entaché ces élections, tous les partis sont responsables de ce qui s’est produit, mais qui ne hisse pas au stade de mettre en question la légitimité des élections et de leurs résultats, dont la régularité a été attestée par des observateurs internationaux.

Sur le plan médiatique, la Haute Autorité de la Presse et l’Audiovisuel (HAPA) a pris dans le cadre de ses efforts visant à révolutionner le rapport entre médias et politique, un train de mesures, dont des formations assurées au profit des journalistes pour livrer des couvertures caractérisées par l’objectivité, la transparence, l’éthique, le professionalisme et la déontologie. Un pari réussi à tous les points de vue, puisque le produit médiatique offert à l’opinion au cours de ces élections et de la campagne électorale, s’est hissé à la tribu, à la région et à l’atteinte à la vie privée des individus.

Toutefois, le seul hic de ces élections pour la presse privée a été l’absence cruelle de moyens, dont les partis et les acteurs de la société civile n’ont pas manqué voire ont été gâtés en la matière.

Faut-il rappeler ici, à propos du contexte difficile dans lequel les journalistes travaillent, la privation des institutions de presse de soutien et d’abonnement au niveau de l’administration publique.

Une situation pénible qui s’est accentuée avec la pandémie de la Covid-19 et la couverture médiatique à distance à travers la technologie de vidéo conférence qui rompt le contre entre les médias et les partenaires ; ce qui signifie aussi une privation de moyens.

Malgré tout, les journalistes se sont efforcés afin d’être professionnels et de réserver un traitement équitable à tous les concurrents au cours d’élections de mai 2023.

Du point de vue de la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI), cette dernière a engagé aussi un ensemble de mesures afin de garantir la transparence et la crédibilité des élections de mai 2023.

Un pari gagné selon son Porte-parole Taghiyoullah Ledhem, selon lequel les rares irrégularités ne sont pas de nature à impacter les résultats des scrutins et par conséquent à mettre en question la légitimité de ces consultations.

La CENI a tenu également à assurer un partenariat constructif avec les partis politiques, la société civile et les médias en leur donnant l’information exacte et en prêtant attention aux réserves soumis par les uns et les autres.

Le financement des partis s’est fait quant à lui dans une totale transparence avec un traitement équitable et d’égal à égal de tous les partis y compris Insaf au pouvoir.

Ce qui est sans précédent, sachant par ailleurs qu’aucun cas de financement extérieur obtenu par les partis n’a été cité ou dénoncé, à la différence des échéances des années passées où la campagne électorale n’était pas à l’abri du fric extérieur voire même du blanchiment d’argent.

Grosso modo, ce sont ici les grandes impressions qu’on peut tirer de ces élections qui sont globalement satisfaites et qui ouvrent la voie à une présidentielle qui promet d’être elle aussi des plus crédibles de l’histoire démocratique de la Mauritanie.

C’est d’autant vrai que le Président Ould Ghazouani, qui par la force des choses doit briguer un second mandat à éviter de s’immiscer dans ces législatives, régionales et municipales au point de s’éloigner entre deux voyages en Grande Bretagne et en Arabie Saoudite pour que le meilleur gagne.

Une neutralité louable qu’il a même expliqué aux dirigeants des partis politiques rencontrés individuellement au palais présidentiel, venus solliciter son concours pour annuler tout ou en partie ces élections.

Ce n’est pas de mes compétences, mais plutôt de la CENI dont vous avez été impliqué dans la mise en place, s’est excusé Ould Ghazouani.

Synthèse : Ahmed Ould Bettar

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