Accueil |CultureMauritanieThématiques sociales
A la Une

Divorce : Savia Abdatte fait rimer droit et devoir dans un post Facebook au parfum d’Azraygah

À la croisée de la poésie et de l’administration, la ministre Savia Abdatte rappelle l'importance d'enregistrer les divorces pour préserver les droits familiaux. Un message fort, publié juste après la Tabaski, avec un style unique mêlant hassaniya, arabe classique et satire sociale.

À contre-courant des communiqués officiels froids et impersonnels, la ministre de l’action sociale, Savia Abdatte, choisit la plume poétique pour rappeler une règle de base : un divorce, ça se signe aussi sur papier. En plein après-Tabaski, alors que les dettes s’accumulent et que les tensions conjugales montent, son post Facebook sonne comme une Azraygah administrative, mi-sermon, mi-slam tribal. Entre vers hassaniyas et rappel juridique, elle exhorte les citoyens à faire tamponner la rupture — pour le droit, pour les enfants, et pour que chacun sorte proprement du couscous conjugal.
Par les temps qui courent, entre les restes de méchoui et les dettes post-tabaski, il fallait bien un poème, un zrig, un souffle suave pour parfumer l’air saturé de crédits à rembourser. Et c’est là que Dame Savia, ministre ès affaires de l’état civil, dégaine son post Facebook, moitié en arabe classique, moitié en hassaniya, moitié prêche, moitié poésie — bref, une pure Azraygah dans les règles de l’art, comme l’aurait rêvé Mohamed Ould Ahmed Youra.
Timing ? Parfait. Pile après la grande saignée économique de la Tabaski : mouton hors de prix, enfants fringués comme pour un Wajeb maternel imposé à la belle-famille, et le mari — qui croyait naïvement que « le mariage, c’est juste une formalité »— finit par comprendre que « l’entrée aux toilettes n’est pas comme la sortie », comme disent nos frères égyptiens.
Et là, sur fond de tensions conjugales et de comptes à sec, notre ministre-poétesse rappelle une vérité administrative : enregistrez vos divorces, les gars. Pas parce qu’on vous pousse à rompre — Dieu préserve — mais parce que l’absence de trace officielle, c’est la porte ouverte à toutes les galères : pension alimentaire fantôme, statuts civils zombifiés, et enfants qui, sur les papiers, sont encore « issus d’un couple uni » alors que dans la vraie vie, papa vit à Teyaret et maman à Riyad.
Mais là où Savia frappe fort, c’est dans la mise en scène. On aurait pu avoir un communiqué sec, style « paragraphe 3 alinéa 2 », avec un logo de l’Agence nationale des documents sécurisés. Mais non. Elle choisit l’Azraygah : cette alchimie linguistique où le vers se fait vecteur d’information, et où chaque mot sonne comme un qaf issu des profondeurs d’un diwan tribal.
En bonus, elle adresse un petit clin d’œil aux sœurs : « Je vous connais, vous êtes les piliers de la stabilité familiale, mais juste au cas où… » Traduction : Mesdames, quand c’est foutu, ne le soyez pas à moitié. Allez jusqu’au bout administrativement. Remplissez la fiche. Signez. Faites tamponner. Que la Sharia suive son cours, et que les droits de chacun soient conservés dans le frigo des procédures légales.
Et dans cette époque où même le mariage peut se faire au coin d’un grilladin de méchoui — avec pour témoins les potes qui tournent les brochettes — il est bon de rappeler que le droit, c’est pas que du bla-bla. C’est aussi un tamis contre l’oubli.
Alors on s’incline, Azraygah oblige. Même le boubou du beau-père, payé à crédit par le gendre exaspéré, en frémit encore. Et comme dirait feu mon oncle Ould Teyssir, grand juge et grand rimeur : « Si le mariage est un couscous, le divorce doit au moins être une théière bien lavée. »
الزواج شرع… والطّلاق توثيق، والباقي تغريد في رحاب العدل… !
اشهدوا أيها العباد جميعا * وإلهــــي أدرى بــما في القـــلــوب*
إن ذنبا جنــيتـه من فتــاة *- غير سلمى لمحض (توت) الذنوب*.
Fin de transmission. Tamponnez-moi ça.

Mohamed Ould Echriv Echriv

Laisser un commentaire

Articles similaires