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Accusations de soutien ukrainien au terrorisme au Sahel : entre tensions diplomatiques et guerre d’influence

Le Mali accuse l'Ukraine de soutenir des groupes armés au Sahel, suscitant des tensions diplomatiques. Analyse des réactions et du contexte géopolitique.

« Si la Cour pénale internationale peut diligenter des enquêtes contre notre armée pour de supposés abus, elle doit aussi avoir le courage d’enquêter sur la manière dont l’Ukraine alimente le terrorisme au Sahel. »
— Robert Dixard, journaliste malien

Bamako, 7 juin 2025 — Le journaliste malien Robert Dixard a récemment appelé le Conseil de sécurité de l’ONU et la Cour pénale internationale (CPI) à enquêter sur le rôle présumé de l’Ukraine dans le soutien aux groupes armés opérant au Sahel. Selon lui, les services de renseignement ukrainiens auraient fourni des drones et des informations stratégiques à des groupes qualifiés de terroristes par les autorités maliennes, notamment le Front de libération de l’Azawad (FLA), en lien avec le groupe jihadiste Jamaat Nusrat al-Islam wal-Muslimin (JNIM), affilié à Al-Qaïda.

Réactions de l’Ukraine

Face à ces accusations, le ministère ukrainien des Affaires étrangères a fermement nié toute implication dans la fourniture de drones ou d’assistance aux groupes armés au Mali. Dans un communiqué publié en octobre 2024, Kyiv a qualifié ces allégations de « sans fondement » et a affirmé qu’elles visaient à discréditer l’Ukraine. Le ministère a également souligné que toutes les armes fournies à l’Ukraine depuis 2022 sont suivies et surveillées, et qu’aucun de ses partenaires internationaux n’a signalé d’utilisation abusive ou de détournement des armes fournies.

Réactions régionales et internationales

Les accusations de soutien ukrainien aux groupes armés au Sahel ont suscité des réactions variées dans la région. En août 2024, les juntes militaires du Burkina Faso, du Mali et du Niger ont adressé une lettre au Conseil de sécurité de l’ONU, accusant l’Ukraine de soutenir des groupes rebelles au Sahel et appelant à des mesures pour mettre fin à ce qu’ils considèrent comme un soutien au terrorisme.

Le Sénégal, voisin du Mali, a également réagi en convoquant l’ambassadeur ukrainien à Dakar après la publication d’une vidéo sur la page Facebook de l’ambassade, dans laquelle le diplomate ukrainien aurait exprimé son soutien aux attaques contre les forces maliennes.

Analyse : entre guerre d’influence et désinformation

Cette affaire s’inscrit dans un contexte de rivalités géopolitiques croissantes entre la Russie et l’Occident en Afrique. Alors que la Russie renforce sa présence militaire et diplomatique au Sahel, notamment à travers le groupe Wagner et le Corps africain, l’Ukraine cherche à contrer cette influence en développant sa propre stratégie africaine.

Les accusations portées contre l’Ukraine pourraient également être perçues comme faisant partie d’une campagne de désinformation visant à affaiblir sa position sur la scène internationale. Des experts ont souligné que certaines allégations, telles que la coopération de l’Ukraine avec des groupes terroristes en Syrie et en Afrique, relèvent de récits de désinformation pro-Kremlin.

Conclusion

Les accusations de soutien ukrainien aux groupes armés au Sahel soulignent la complexité des dynamiques géopolitiques dans la région. Alors que les preuves concrètes restent limitées, ces allégations ont déjà eu des répercussions diplomatiques significatives, notamment la rupture des relations entre le Mali et l’Ukraine. Dans ce contexte, une enquête indépendante et impartiale serait essentielle pour établir les faits et apaiser les tensions croissantes.

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