Réflexion : Le désordre mondial ou l’inexorable décantation

Réflexion : Le désordre mondial ou l’inexorable décantation
Après la pandémie de la Covid 19 et ses conséquences existentielles, qui ont davantage fractionné, le monde, en le scindant entre l’Occident et le reste du monde,  tout en freinant sa mondialisation effrontée, en voilà, de suite, la guerre russo-ukrainienne qui acène, à nouveau, une alerte d’un séisme géopolitique, cette fois-ci, militaire et sécuritaire aux répercussions imprévisibles sur la paix et la sécurité internationales, mais qui risquent d’être fatales aussi sur la survie du genre humain.

La succession, à intervalle éphémère, de ces deux grandes secousses contemporaines, l’une sanitaire mondiale, l’autre d’un autre temps qu’on croyait enfouie dans l’histoire, interpellent le monde et le genre humain.

Les conséquences alarmantes sur la survie de l’humanité menacée par la Covid 19 ont fait l’objet d’une mobilisation scientifique et politique au prétexte de sauver celle-ci, mais qui s’est vite révélée être instrumentalisée, au service de monopoles de certaines « Big Pharma » aux profits financiers exorbitants sur le dos de l’Afrique. L’on a vu la frénésie du gain, sans scrupule, de celles-ci, dans une sorte de dictature sanitaire mondiale. La bénédiction de l’Occident, voire sa complicité, pour privilégier leurs populations, au péril d’innombrables pays en détresse et sans secours, victimes de leurs calculs égoïstes autour d’un marchandage onéreux et léonin du vaccin immunisant.

Ils ont fini par se recroqueviller autour de leurs survies propres et nationales, si ce n’était un programme de l’OMS pour alléger certains pays et peuples sans moyen de se payer l’élixir de la survie, ni de pouvoir le produire.

A peine sortis de cette pandémie qui a fait des ravages en Afrique, que nous sommes, aujourd’hui, témoins de cette guerre alimentée par un entêtement occidental pour armer l’Ukraine contre la Russie, sans penser que l’escalade et l’enlisement ne sert à aucun de ces pays enrôlés dans un effort de guerre, en désespoir de cause.  Sans être directement concernés ou d’en faire directement partie, ils se mobilisent alors que d’autres peuples du genre humain subissent le martyr dans leur chair sans que cet Occident ne dise mot ou bouge le petit doigt.

Les deux situations ayant, toutes deux, des conséquences sur l’Afrique. Celle-ci, à force de subir, réagit dans une désespérante tentative de médiation pour faire cesser le carnage et la tuerie. Sa profonde motivation réside dans cette quête de la paix mais aussi en raison de sa cruelle dépendance du blé russe et ukrainien pour se nourrir, mais en vain, elle est encore, une fois, ignorée par l’une des deux parties belligérantes qui compte plus sur les pays occidentaux et sur l’Otan que sur une Afrique sans arsenal de guerre ni de moyen de persuasion. Humiliée, l’Afrique déçue, replonge dans ses regrets.

La leçon morale et politique à retenir de ce spectacle vu d’Afrique devrait alimenter un sursaut d’indépendance et du compter sur soi, pour ne plus être otage d’un monde en ébullition qui ne sait plus où se lève le soleil, pourvu  que l’Occident ait le dernier mot, dans une totale ignorance des initiatives du Continent.

La responsabilité des puissances mondiales, étant d’ailleurs, majoritairement occidentales, au conseil de sécurité, censées veiller à la préservation de la paix et de la sécurité internationales, devraient mettre en veilleuse leur ambition  pour apaiser le monde, non pas, pour l’enflammer.

L’équilibre de l’ordre mondial hérité de la chute de l’Union soviétique est rompu. Une nouvelle fracture se creuse si profondément qu’on assiste à une sorte de panique occidentale qui réagit de manière contreproductive, car au lieu de préserver les avantages que lui procurait sa pérennité, l’Europe, peut-être bien, en raison de sa dégénérescence économique et de sa dépendance sécuritaire, s’enfonce dans un alignement idéologique pro-américain.

L’Union européenne qui avait été pensée pour se hisser en un pôle de médiation et d’équilibre, a abandonné son ambition de se doter d’une politique étrangère et de sécurité commune pour se réfugier sous l’aile des Etats Unis et de l’Otan.

Conséquence : L’on se force de maintenir indéfiniment debout, le monde sur un seul pied tout en ignorant la Chine, l’Inde et un bataillon de pays émergeants insatisfaits de la persistance d’un ordre unipolaire inique.

La bousculade, de toutes parts, à la porte des BRICS témoigne de cet état d’esprit et d’une volonté d’équilibrage des relations internationales. Le déni du multilatéralisme essaimé par l’ancien président Trump, a fini par convaincre les pays émergeants et en développement, quant à la faiblesse de l’ONU, une Organisation mondiale inefficace et sans impact, voire, sans initiative, pour s’interposer, dans la guerre entre la Russie et la Russie. Presque tomée en désuétude, celle-ci s’ouvre à des discours et un agenda qui se veut, dans la forme donner l’impression, d’une démocratie internationale, mais oublie le droit international primaire, de survie, de liberté et d’indépendance des peuples colonisés, et son application.

L’ONU, étant ainsi, elle-même, otage d’un système unipolaire dont elle s’accommode, jusqu’à privilégier un rapport des forces intéressé pour le choix de ses représentants spéciaux et fonctionnaires internationaux, est convoquée au banc des accusés de cet ordre mondial unipolaire. De nombreux pays du reste du monde en ont longtemps observé la faiblesse, l’impuissance et le parti-pris, s’en lassent désespérément.

L’échec de l’ordre unipolaire en place depuis 1989 et l’échec de l’Union Européenne, face à la persistance du conflit palestinien depuis des lustres, au terrorisme international, tout autant que la marginalisation de l’Afrique exclue des affaires du monde bien malgré ses ressources naturelles spoliées et son poids démographique condamné à l’exil, son Union (Africaine) infestée d’interférences extra-africaines, la menace climatique mondiale, les foyers des conflits armés, et la guerre qui s’éternise au cœur de l’Europe, dont on craint des répercussions et une dérive nucléaire apocalyptique…. Face à ce péril mondial multidimensionnel, doit-on attendre une troisième guerre mondiale pour repenser un monde de justice, de droit et démocratique dans ses relations internationales ?

Force est de constater que les pays occidentaux ne se mobilisent et s’unissent que lorsqu’ils sot menacés dans leurs relents égoïstes de puissance au dessus du droit international et de la justice, dans un nouveau monde qui refuse, désormais, leur diktat, aujourd’hui, bousculé parce qu’ils ont failli devant l’histoire à la grande déception de l’humanité, y compris leur propres populations lassées de suivre une idéologie occidentale agonisante.

Mohamed El-Abassi

Source: lapatrienews.dz

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