Pêle-mêle 1/3 : 10 avril 2024, prière à la mosquée…

Pêle-mêle 1/3
10 avril 2024, prière à la mosquée…
10 avril 2024. Un lieu de culte : la grande mosquée de Nouakchott. Elle accueille sur son esplanade, à l’occasion des prières qui marquent les grandes fêtes religieuses, en plus des fidèles habituels, les hautes autorités de l’État et autres notables.
Deux images véhiculées par les réseaux sociaux rendent compte différemment de cette prière du 10 avril 2024 qui clôt le jeûne cette année.
Dans la première, qui cache la seconde, on voit, juste derrière l’imam, dans une même et immense rangée, les autorités de l’État, dont la première, et quelques autres notables… L’angle de prise de vue de cette première image (à supposer que l’image ne soit pas un montage) ne rend compte que partiellement de cet instant de prière. Rien de ce qu’elle montre n’indique ni ne laisse supposer l’existence de la seconde, avec laquelle pourtant elle forme un tout. Elle efface la seconde image, comme pour masquer l’entorse manifeste au rituel que celle-ci révèle.
En effet, derrière l’immense rangée que forment autorités de l’État et notables, apparaît la vaste esplanade de forme rectangulaire longue de plusieurs mètres. Cet espace est investi par des hommes en uniforme (Policiers ? Militaire… ?) qui font face au reste des fidèles, comme s’ils les surveillaient.
Phénomène inédit dans l’histoire des prières à l’occasion des fêtes religieuses que cette catégorisation des fidèles, qui sont censés avoir le même statut en tant que croyants accomplissant leur devoir religieux dans un même lieu de culte. D’un côté autorités et notabilités qui bénéficient d’une protection rapprochée, qui sont séparées du reste des fidèles par un immense espace ; de l’autre des fidèles pour ainsi dire ostracisés et mis sous surveillance le temps d’une prière collective.
Paranoïa ? Appréhension… ?
Pourquoi cette catégorisation des fidèles, cette protection des uns et cette surveillance des autres dans ce sanctuaire ? lieu de dévotion, de recueillement et de paix, même si depuis bien longtemps, on le sait, la mosquée est aussi devenue lieu de sacrilège et scène de crime ?
Faut-il rappeler la fin tragique d’Omar et Ali ? deux des quatre califes dits « bien guidés » : la mosquée fut le lieu de leur assassinat. Autres et lointaines époques, certes, mais dont les échos des pratiques mortifères nous parviennent, en dépit des siècles qui les séparent de la nôtre : aujourd’hui encore, dans les quatre coins du monde, des lieux sacrés sont souillés, saccagés et des croyants y sont massacrés… Violence et sacrilège n’ont plus de retenue ni de limites. Ils n’épargnent rien. Pas un lieu, fût-il sacré, n’échappe à leur ligne de mire. Est-ce une raison, même d’ordre sécuritaire, d’ajouter au sacrilège une entorse au rituel ?
BOYE Alassane Harouna
14 Avril 2024
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PS. Que nous disent ces deux images qui rendent compte différemment d’un même événement ?
1) L’une, parce qu’elle donne une vision d’ensemble de la prière, est neutre. Elle livre une information complète. Pose le fait tel qu’il a existé. Chacun pourra l’analyser, avec justesse ou non, à partir des faits complets exposés.
2) L’autre, qui se contente sciemment de ne montrer que la rangée des dignitaires de l’État, escamote des éléments essentiels constitutifs de l’événement. Ce faisant, elle n’en rend compte que partiellement. L’information est ainsi volontairement ou non tronquée, altérée, manipulée. Elle ne met pas à disposition tous les éléments factuels permettant de cerner l’événement dans sa globalité. Vieille technique de désinformation Voilà comment on induit les gens en erreur. C’est comme ça qu’on fabrique et propage de fausses informations.

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