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Mauritanie : Nation, pluralité et citoyenneté inclusive – Réponse d’Abdoulaziz Deme à Ely Ould Sneiba

Dans une tribune argumentée, Abdoulaziz Deme répond à Ely Ould Sneiba et défend une lecture inclusive de la Nation mauritanienne, fondée sur la pluralité, la reconnaissance des diversités et l’égalité citoyenne.

Nation, pluralité et citoyenneté : réponse d’Abdoulaziz Deme à Ely Ould Sneiba

Dans cette réponse à Ely Ould Sneiba, Abdoulaziz Deme interroge la notion de particularisme en Mauritanie et plaide pour une citoyenneté inclusive, respectueuse des diversités culturelles, linguistiques et historiques qui fondent l’unité nationale.

Réponse à Ely Ould Sneiba Cher Ely,

Votre contribution sur le particularisme en Mauritanie soulève des points importants quant à la cohésion nationale et aux dérives identitaires possibles. Toutefois, votre interprétation semble réduire le débat à une opposition entre « communautarisme » et « citoyenneté républicaine », sans reconnaître la profondeur historique, politique et symbolique des fractures qui traversent la société mauritanienne.Sur le malentendu du « particularisme »L’article premier de la Constitution que vous citez vise en effet à prévenir la division du corps national par des logiques raciales ou ethniques. Mais confondre la revendication d’égalité de traitement, de reconnaissance culturelle ou linguistique avec une « propagande particulariste » constitue une erreur d’interprétation.
Revendiquer des droits spécifiques n’est pas toujours synonyme de repli.
C’est souvent, en Mauritanie comme ailleurs, une manière de rappeler l’inachèvement du pacte républicain.

Les Pulaars, Soninkés, Wolofs ou Haratines qui demandent justice, inclusion et mémoire ne le font pas nécessairement contre la Nation, mais pour la rendre plus juste, plus complète et plus fidèle à sa promesse d’égalité.Sur la notion de « Nation une et indivisible » Une Nation ne se construit pas par le déni des diversités, mais par leur intégration équitable.
L’unité ne se décrète pas, elle se cultive dans la reconnaissance mutuelle.
Comme le rappellent les grandes philosophies du républicanisme moderne, l’universalisme n’a de sens que s’il inclut réellement tous les individus, dans leur dignité et leur diversité. Refuser de voir les injustices systémiques et les discriminations réelles vécues par certaines communautés, au nom d’une unité abstraite, fragilise en réalité cette unité.
Sur le modèle mauritanien.

La Mauritanie, riche de sa pluralité arabo-berbère et négro-africaine, n’a pas besoin de choisir entre identité unique et éclatement communautaire.
Elle a besoin d’un contrat social repensé, où personne ne soit contraint à renoncer à sa culture pour appartenir à la Nation.
Le vrai danger ne vient pas des minorités qui demandent reconnaissance, mais des majorités qui refusent la réciprocité et confondent pouvoir d’État et souveraineté identitaire.

Opinion personnelle

À titre personnel, je crois que votre texte gagnerait en profondeur s’il proposait une lecture de la Constitution comme outil d’unité inclusive plutôt que comme arme d’exclusion. Ce que la Mauritanie doit refuser, ce n’est pas la pluralité, mais la hiérarchisation des identités.
Le véritable éveil national ne viendra pas de la négation des différences, mais de leur articulation harmonieuse au sein d’un projet commun.

L’enjeu n’est pas de choisir entre Nation et communautés, mais de transformer les communautés en piliers vivants de la Nation.
Abdoulaziz DEME
Le 15 décembre 2025

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