L’ONU et la Minurso face à la question sahraouie

Dans une déclaration en marge d’un forum, samedi dernier, le ministre des Affaires étrangères Sabri Boukadoum a usé, encore une fois, d’un langage explicite pour évoquer la récente relance de la question sahrouie, au lendemain de la réunion entre le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken et le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres.

Celui-ci a été appelé à nommer, «le plus rapidement possible», un représentant permanent au Sahara occidental, en remplacement de l’ancien président allemand, Horst Kohler dont le mandat a été dynamité par le Maroc, à coups de manoeuvres dilatoires, de pressions sous-jacentes et de coups tordus imprévisibles. Comme aussi, il a été invité à réunir les conditions d’une relance des négociations entre le Maroc et le Front Polisario. Or, a dit le MAE algérien, la nomination d’un nouvel émissaire onusien « ne suffit pas. Il faut qu’il y ait un véritable processus…Nous continuons à dire qu’il faut des négociations directes et sérieuses entre les parties au conflit, le Maroc et le Front Polisario». Propos qui prend tout son sens quand on sait que la question du Sahara occidental est posée depuis plus de quatre décennies, alors même qu’il est considéré par les Nations unies comme un «territoire non autonome, en attente de décolonisation» et que, par-là même, l’ONU est censée conduire un processus de règlement définitif selon les principes reconnus du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.

Le référendum d’autodétermination est non seulement reconnu par l’ONU mais il est à la base même de la création de la MINURSO chargée, à l’origine, de sa préparation et de son déroulement. Depuis de trop nombreuses années, non seulement le Maroc s’est évertué à jouer la carte du temps, empêchant par tous les moyens, la MINURSO d’accomplir son mandat mais, plus encore, il s’est permis de la bafouer, expulsant quelque 80 membres de son personnel puis n’en acceptant qu’une vingtaine, avec un statut dépouillé de toutes prérogatives diplomatiques. Autant dire que cette MINURSO-là n’a plus rien à voir avec celle qui devait, au départ, mettre en oeuvre le processus de règlement du conflit.

Après s’être emparé de la partie mauritanienne, suite au retrait volontaire de Nouakchott convaincue de l’illégalité de l’occupation du territoire sahraoui, le royaume marocain s’est lancé dans une fuite en avant perpétuelle, monnayant les richesses du sous-sol et des côtes maritimes du Sahara occidental pour imposer sa mainmise avec le soutien des pays d’origine des groupes et entreprises qui profitent de cette manne en toute illégalité. Le comble a été atteint, avec l’agression de civils sahraouis à El Guerguerat où le royaume marocain cherchait à imposer une voie d’accès vers l’Afrique de l’Ouest pour y déverser, entre autres produits, sa production exponentielle de cannabis. C’est pour cette raison que le Front Polisario a repris les armes, après une atteinte flagrante aux dispositions du cessez-le-feu de 1991 par le Maroc, dont les appétits ne cessent de croître, au fur et à mesure que ses difficultés intérieures deviennent incontrôlables. Tout va donc se jouer le 21 avril prochain, lorsque le Conseil de sécurité de l’ONU va se pencher sur la question sahraouie, en présence du chef de la Mission des Nations unies chargée de l’organisation du Référendum au Sahara occidental (MINURSO) qui aura beaucoup à dire.

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