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Législatives au Sénégal : la pression préélectorale monte

Législatives au Sénégal : la pression préélectorale s’accentue

TENSIONS. Des heurts entre jeunes et policiers ont éclaté, vendredi, dans la capitale et le sud du pays, dans un contexte de bras de fer entre le pouvoir et l’opposition.

Par Le Point Afrique (Avec AFP) Publié le 18/06/2022 à 17h10
Au Sénégal, la pression ne faiblit pas, au terme d’une journée sous tension, chaque camp continue de camper sur sa position. « Nous venons de vivre une journée qui s’inscrit dans la droite ligne de ce qu’on a vécu il y a peine un an et demi », a déclaré Ousmane Sonko vendredi soir dans un message publié sur sa page Facebook, en référence aux émeutes meurtrières de mars 2021. Le principal opposant au pouvoir sénégalais a dénoncé des violations du droit de manifester, de sa liberté de mouvement, et de la liberté de culte.

L’escalade était redoutée depuis que les autorités avaient interdit, mercredi la manifestation convoquée par l’opposition pour protester contre l’invalidation d’une liste nationale de candidats de la coalition Yewwi Askan Wi (YAW) pour les législatives du 31 juillet. « Ce qui a démarré aujourd’hui, c’est le premier acte de la fin de votre règne », a-t-il lancé. « Monsieur Macky Sall, nous vous donnons un ultimatum (intimant de) libérer tous les otages politiques qui sont entre vos mains ; au-delà, nous viendrons chercher ces otages politiques, cela coûtera ce que cela devra coûter », a dit Ousmane Sonko


Lourd bilan

Pneus brûlés, poubelles en feu, gaz lacrymogène : la capitale Dakar et la Casamance (Sud) ont été vendredi le théâtre de violents affrontements quand des jeunes ont défié l’interdiction de se rassembler pour protester contre l’invalidation de la liste nationale de candidats de l’opposition aux législatives. Les médias et l’opposition ont rapporté un troisième décès, un conducteur de taxi atteint par une balle à Ziguinchor, en Casamance, alors qu’il ne prenait pas part aux heurts, selon eux.

Trois figures de l’opposition, Déthié Fall, Ahmet Aidara et Mame Diarra Fame, ont été arrêtées. Ousmane Sonko et le maire de Dakar, Barthélémy Dias, autre ardent pourfendeur du président Sall, ont été bloqués chez eux par les forces de sécurité.

Ousmane Sonko, également à la tête du Pastef, a accusé le président Macky Sall d’être « un président assassin : après avoir assassiné 14 personnes lors des événements de février-mars 2021, le voilà qui ajoute trois autres victimes à son répertoire en juin 2022 », a-t-il dit. Il a une nouvelle fois dénoncé « l’obsession » qu’il prête au président de briguer un troisième mandat en 2024. L’opposant a de nouveau martelé un discours souverainiste et africaniste et accusé M. Sall d’être à la solde d’intérêts personnels et étrangers, d’autant plus que la mobilisation de vendredi concernait aussi la vie chère, alors que les prix flambent depuis des mois, dans le sillage de la guerre en Ukraine. Il a demandé que la France, ancienne puissance coloniale avec laquelle le Sénégal conserve des relations fortes, reste « en dehors de nos affaires internes ».

Impasse politique

La coalition de la majorité, Benno Bokk Yakaar (BBY), a réagi en saluant « la maturité démocratique » du peuple sénégalais « qui n’a pas répondu à l’appel insurrectionnel de la coalition Yewwi Askan Wi », accusée « d’irresponsabilité et d’immaturité ». Et a félicité « l’efficacité de l’action publique à faire respecter la loi et maintenir l’ordre ». « Les Sénégalaises et les Sénégalais iront aux urnes, normalement, et en toute sécurité », a conclu la majorité.

Le pouvoir et l’opposition n’ont donné aucun signe de vouloir transiger et les analystes décrivent généralement une impasse politique. De nombreuses voix se sont élevées pour appeler au dialogue face au risque de violences, l’Association des imams et oulémas au Sénégal exprime ses inquiétudes et évoque l’option d’un report des élections. Peut-être un dernier recours pour éviter au pays de sombrer dans le chaos.

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