La Mauritanie est dans le viseur des panafricanistes. Par Ely Ould Sneiba

La Mauritanie est dans le viseur des panafricanistes.

Par Ely Ould Sneiba

Le mouvement panafricaniste a affirmé que notre pays, la Mauritanie, est sa prochaine cible. C’est un secret de Polichinelle. Depuis l’indépendance de la Mauritanie, il n’y a eu aucun changement majeur dans le discours nationaliste africain, en particulier dans celui des ethnicistes poulo-toucouleurs.

Tous ne cessent de répéter que l’exclusivité arabe de la Mauritanie est un chauvinisme nationaliste arabe, donc une idée à combattre avec acharnement.

Cette obsession a débuté avec le Congrès d’Aleg en 1958, lorsqu’ils avaient manifesté leur rejet catégorique de la langue arabe et demandé des garanties constitutionnelles pour consacrer la négritude partielle de la Mauritanie, en attendant que le pays des Maures soit complètement noir et exclusivement francophone, avec la suprématie des Négro-Mauritaniens.

Jusqu’à présent, la question a toujours été différée, sans jamais être tranchée, engendrant de nombreux malheurs ethniques, culminant avec le conflit meurtrier sénégalo-mauritanien de 1989.

Aujourd’hui, nous sommes rappelés par la charge belliciste panafricaine que la lutte se poursuit jusqu’à ce que « les Maures, racistes et ennemis jurés du nationalisme noir », soient chassés du pouvoir. Gros problème !

Depuis que les Sanhadja ont pris l’Adrar au Xᵉ siècle et écrasé les Bafours a Medinatou Al Kilab, la ville des chiens, ou Azougui, les Maures exercent leur suprématie. Avec la dynastie des Almoravides, ils ont consolidé et étendu leur domination dans le sud et le nord de l’Afrique. Et depuis que les Banu Hassane sont arrivés au XVᵉ siècle et que les émirats ont été établis, l’étau s’est resserré encore et encore autour de Bilad Chinguitt.

Les Maures sont-ils veules ou guignards ?

Les Maures n’avaient pas besoin de territoire supplémentaire pour ériger un État moderne, au point d’ajouter une partie du Fouta cernée par ces mêmes émirats arabes.

Pour accomplir cela, ils n’avaient pas besoin de ressources naturelles ; leur sous-sol en renfermait.

La langue française et les fonctionnaires de l’AOF n’étaient pas requis pour cela, non plus. Pour illustrer, les Omeyades et les Abbassides n’avaient recours qu’à la langue arabe pour consolider leur brillante civilisation. Actuellement, l’arabe est la langue officielle et aussi celle de l’enseignement dans tous les pays arabes, à moins que les francophiles ne sabotent cette orientation.

Pourtant, la Ligue des États arabes était consciente dès le début que Bilad Chinguitt risquait d’être contesté par sa frange panafricaine. C’est pour cela qu’elle s’était opposée à son indépendance que le Sénégal et la France soutenaient avec fermeté.

Manifestement, les nations arabes avaient eu raison. La perspective d’une Mauritanie intégrée et d’un État unitaire, à l’image du Sénégal voisin, vainqueur de l’ethnicisme et du particularisme racial, ne cesse de reculer.

Malheureusement, il n’y a pas un Noir mauritanien qui ne pense pas que la Mauritanie doit être partagée moitié-moitié entre les deux races qui composent sa population. Pour le dire autrement, l’instauration du bi-nationalisme.

Le bi-nationalisme est déjà là, quasiment. Le Négro-Mauritanien n’accepte pas d’être considéré comme un citoyen d’un État arabe, donc il ne devrait pas se voir imposer la langue arabe, la langue officielle. Son intérêt se porte sur la langue de la négritude, le français. Il perçoit son salaire avec, et les migrants d’Afrique de l’ouest ont accès à l’emploi.

Où sont passés les cadres noirs-mauritaniens qui se décrivent comme modérés ?

Ils ne portent pas la contradiction dans cet interminable débat. Ils refusent de répondre aux panafricanistes et considèrent que leur communauté entière est attaquée par les chauvins lorsqu’on leur répond.

Que cela soit approuvé ou non, un État binational est un État divisé, surtout lorsqu’il y a deux races. En un mot, cela correspond à un apartheid racialement consenti.

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