DÉBAT DU JOUR : À quoi sert vraiment l’opposition mauritanienne ?

Que vaut une opposition qui ne s’oppose plus ? À quoi sert-elle si elle se limite à commenter l’actualité, à attendre les dialogues lancés par le pouvoir, ou à négocier sa propre survie politique ?
En Mauritanie, on a l’impression que l’opposition a abandonné son rôle essentiel : surveiller le pouvoir, défendre les citoyens et représenter une alternative crédible. Elle parle beaucoup, agit peu, et finit souvent par renforcer le système qu’elle prétend combattre.
Au lieu de :
– défendre les victimes d’injustice,
– faire entendre la voix des exclus,
– proposer une vision claire de changement,
elle se perd dans :
– des querelles d’ego,
– des calculs électoraux à court terme,
– des dialogues de façade qui ne servent qu’à recycler le régime en place.
Une opposition qui ne bloque rien, ne dérange personne et ne fait peur à aucun pouvoir n’en est plus vraiment une. Elle devient juste un décor pour faire croire à la démocratie. Pire encore, elle peut servir d’alibi politique, permettant au pouvoir de se donner une image ouverte et pluraliste.
La vraie question n’est donc pas de savoir où est le pouvoir, mais où est le courage politique. Car un pays sans opposition digne de ce nom n’est pas vraiment gouverné : il est confisqué.
Alors, à quoi sert l’opposition mauritanienne aujourd’hui ? À changer le système, ou simplement à l’aider à durer.
La véritable opposition en Mauritanie n’est pas là où on l’imagine. Elle ne siège ni dans les partis officiellement reconnus, ni dans les médias bien établis. En réalité, la vraie opposition se joue dans les tensions internes, les rivalités et les luttes de pouvoir à l’intérieur de l’INSAF et de ses groupes proches.
C’est là que les vraies batailles se mènent. C’est dans ces coulisses que s’équilibrent les forces, que se décident les exclusions, les promotions ou les sanctions. Pendant que l’opposition « officielle » fait du bruit à l’extérieur, le vrai pouvoir se dispute, se négocie et se partage à l’intérieur du système.
En Mauritanie, le pluralisme ne vient pas de la scène politique, mais du régime lui-même. Les désaccords les plus importants ne sont pas idéologiques, mais plutôt liés aux clans, au clientélisme ou à l’opportunisme. Au final, l’opposition institutionnelle passe au second plan, devient presque décorative, parfois même inutile.
Quand le pouvoir se divise entre ses propres factions, l’opposition extérieure n’a plus qu’un rôle de spectateur. Tant que cette réalité ne sera pas reconnue, le changement restera un simple slogan, sans devenir une vraie possibilité……Wetov
Sy Mamadou



