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Mali-Mauritanie : préserver la fraternité au-delà des tensions frontalières

Malgré les récentes expulsions et fermetures, Mali et Mauritanie rappellent leur fraternité et l’importance du bon voisinage au-delà des tensions.

Fraternité
Nouakchott – Bamako. Les récentes mesures de fermetures de commerces, d’expulsions de ressortissants et d’interdictions de transhumance ont ravivé les inquiétudes quant à l’avenir de la libre circulation entre le Mali et la Mauritanie. Mais derrière les crispations diplomatiques, demeure une vérité simple : les deux pays partagent une histoire commune, une culture frontalière entremêlée et une fraternité forgée par des décennies de voisinage.

Des décisions administratives à replacer dans leur contexte

À Bamako, des commerçants mauritaniens ont vu leurs boutiques fermer, tandis qu’à Nouakchott, des ressortissants maliens en situation irrégulière ont été reconduits à la frontière. De l’autre côté, le gouvernorat de Nara a interdit la transhumance d’animaux étrangers, affectant directement des éleveurs mauritaniens habitués à traverser la frontière en quête de pâturages.

Pris isolément, ces événements alimentent l’impression d’une rupture entre les deux États. Mais replacés dans leur contexte, ils relèvent surtout de considérations administratives et sécuritaires propres à chaque pays, davantage que d’une remise en cause volontaire des liens historiques.

Une convention toujours vivante

Depuis 1963, une convention bilatérale lie Bamako et Nouakchott, garantissant la liberté de circulation, d’établissement et d’activité économique. Cet accord, toujours en vigueur, constitue un socle précieux qu’aucune décision ponctuelle ne saurait effacer. Les gouvernements des deux pays ont, à maintes reprises, réaffirmé leur attachement à cet esprit de coopération.

Une fraternité enracinée dans les peuples

Au-delà des textes, c’est surtout le quotidien des populations qui témoigne de cette fraternité. Des familles partagées entre les deux rives, des marchés frontaliers où s’échangent bétail, céréales et artisanat, des solidarités qui se tissent entre nomades et citadins : ces réalités concrètes rappellent que le lien Mali–Mauritanie dépasse les conjonctures politiques.
Le véritable danger, lui, ne se situe pas dans les communautés ni dans les États : il se cache dans des réseaux obscurs, tapis dans l’ombre, qui cherchent à fragiliser la cohésion sociale et politique de la sous-région. Ces cercles clandestins, ennemis de l’unité et du bon voisinage, exploitent les tensions pour dresser les peuples les uns contre les autres.

Éviter la surenchère et les discours hostiles

Face aux crispations actuelles, une responsabilité commune s’impose : éviter la surenchère et les discours xénophobes. Les populations des deux pays ne doivent pas se laisser entraîner dans une spirale de méfiance. Les difficultés vécues par certains commerçants ou éleveurs méritent d’être traitées dans le dialogue, sans qu’elles deviennent le prétexte à des divisions artificielles.

Pour un dialogue renouvelé

Plutôt que d’ériger des barrières, l’heure est à un dialogue renforcé. Réactiver les commissions mixtes, mettre en place des mécanismes souples pour encadrer la transhumance et réguler la circulation des travailleurs, voilà des pistes concrètes qui permettraient de transformer la tension en opportunité de coopération.

Car l’enjeu dépasse les seuls intérêts économiques : il s’agit de préserver un patrimoine commun fait de fraternité, de respect mutuel et de bon voisinage. Bamako et Nouakchott, en réaffirmant cette vision, enverront un signal fort à leurs peuples : les liens entre Maliens et Mauritaniens ne se brisent pas au gré des circonstances, ils se nourrissent de l’histoire, de la géographie et d’une volonté commune de vivre ensemble.

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