Les États-Unis intensifient les pressions sur l’Afrique de l’Ouest pour accueillir des migrants expulsés
Washington exhorte cinq pays d’Afrique de l’Ouest, dont la Mauritanie, à accueillir des migrants expulsés des États-Unis dont les pays d'origine refusent le retour. Une stratégie mêlant diplomatie et politique migratoire.
Washington, 10 juillet 2025 — Alors que le président Donald Trump recevait mercredi à la Maison Blanche les dirigeants de cinq pays d’Afrique de l’Ouest, son administration a lancé une initiative diplomatique controversée : pousser ces pays à accepter des migrants expulsés par les États-Unis, notamment ceux dont les pays d’origine refusent le retour ou tardent à les reprendre.
Des demandes discrètes mais stratégiques
Avant même l’ouverture du sommet consacré aux questions économiques et sécuritaires, les gouvernements du Libéria, du Sénégal, de la Mauritanie, du Gabon et de la Guinée-Bissau avaient reçu des demandes officielles du Département d’État américain pour accepter sur leur territoire des migrants tiers en attente de statut.
Selon un document interne consulté par le Wall Street Journal, la proposition évoque un « transfert digne, sûr et rapide depuis les États-Unis » de ressortissants étrangers, en échange d’une coopération renforcée avec Washington.
« J’espère que nous pourrons réduire le taux élevé de personnes qui dépassent la durée de leur visa, et aussi progresser sur les accords de pays tiers sûrs », a déclaré Trump dans ses propos liminaires, faisant indirectement référence à ces négociations.
Un transfert sans retour immédiat
Les pays partenaires s’engageraient à ne pas expulser les migrants vers leur pays d’origine avant qu’une décision finale sur leur demande d’asile aux États-Unis ne soit rendue, une clause importante du projet américain.
Aucun des dirigeants africains n’a publiquement confirmé ou commenté cette proposition au cours de la rencontre.
Une politique migratoire couplée à la diplomatie/
L’administration Trump, en quête de solutions face aux refus de rapatriement de certains pays d’origine, s’est récemment tournée vers d’autres États pour faire appliquer ses décisions d’expulsion. En février, un accord avec le Panama a permis le transfert de plus de 100 migrants, en majorité originaires du Moyen-Orient.
En mai, les autorités migratoires ont tenté d’envoyer huit individus vers le Soudan du Sud, bien que seul l’un d’eux y soit né. Ces personnes avaient été condamnées pour des crimes graves, allant de l’agression sexuelle au meurtre.
La Maison Blanche justifie ces transferts en invoquant le droit du président à expulser les criminels dangereux, même vers des pays tiers, lorsque les pays d’origine sont réticents à les reprendre.
Réactions et silence diplomatique
Ni la Maison Blanche ni le Département d’État n’ont répondu aux sollicitations des journalistes concernant ces documents. Les ambassades des cinq pays africains concernés n’ont pas souhaité commenter dans l’immédiat.
Ce nouvel axe diplomatique soulève des questions sur les responsabilités des pays africains dans la gestion de la crise migratoire internationale, ainsi que sur l’équilibre entre pression politique et coopération régionale.
À propos de l’auteur
Alphonso Toweh, journaliste chevronné avec plus de vingt ans d’expérience, a collaboré avec des médias de renom comme West Africa Magazine, CNN, BBC, Sunday Times et Reuters, pour lequel il est actuellement correspondant. Il est titulaire d’un master en relations internationales et poursuit un second master en études de paix et résolution des conflits à l’Université du Libéria.