Accueil |Actualités Politiques en Mauritanie | Rapide Info

« Une petite révolution dans les parkings administratifs de Nouakchott »

Parkings administratifs
Derrière la façade anodine d’une circulaire ministérielle, le Premier ministre Mokhtar Ould Diay vient, sans le dire frontalement, de déclencher une petite révolution dans les parkings administratifs de Nouakchott. Une gifle méthodique, aux us et abus que certains hauts fonctionnaires considèrent depuis trop longtemps comme leurs droits divins sur roues.
Car soyons clairs : cette circulaire ne parle pas que d’achat ou d’immatriculation. Elle dit, en filigrane, que l’État n’est pas un showroom de concessionnaire pour fonctionnaires en quête de prestige automobile. Fini les 4×4 à vitres fumées qui déposent les enfants au lycée privé le matin, qui transportent des tapis pour la belle-mère l’après-midi et qu’on retrouve stationnées, le soir, devant le Parti El Insaf. L’État ne finance pas les tournées électorales déguisées ni les déménagements du week-end.
Immatriculées en SG ou IF, précise la note. Ces plaques doivent désormais témoigner d’une mission publique, pas d’un standing social. Quand on roule en véhicule de service, on sert la République, on ne s’en sert pas.
Et surtout, on ne fait pas de ce véhicule une caravane familiale. Finis les cousins du village à l’arrière avec des poulets, les commodes coincées dans le coffre, ou les nattes attachées sur le toit, direction Terjit vacances. Un Hilux blanc siglé du ministère n’est pas une voiture-baluchon ni un Uber tribal. C’est un outil de travail, pas un prolongement du salon familial.
Il faut lire entre les lignes : « justifier le besoin réel », dit le texte. Ce n’est pas une clause bureaucratique : c’est un appel à l’éthique. Est-ce qu’un directeur a besoin de trois véhicules parce qu’il ne sait pas où sont ses chaussures le matin ? Est-ce qu’un projet de développement rural a besoin d’un Prado pour inspecter un puits à 200 mètres du bureau ?
Et l’on demande de prévenir « le cabinet du Premier ministre » pour tout achat. Voilà la verticalité retrouvée. Fini le temps des commandes en catimini, des surfacturations dissimulées dans le luxe des options inutiles : « cuir beige, écran tactile, jantes sport, toit ouvrant panoramique parce que c’est pour aller voir le ministre ».
Il ne s’agit pas ici d’austérité technocratique. Il s’agit d’un retour aux fondamentaux républicains. Une voiture de service est au service du peuple. Pas au service des apparats, ni des intérêts personnels. Pas au service d’un chef de clan, ni d’une logistique domestique déguisée.
Alors, que chacun se le tienne pour dit : les clefs du véhicule de service ne sont pas les clefs de la vie privée. Le moteur de l’administration ne roule pas au diesel d’abus. Le peuple regarde. Et désormais, l’État aussi.
Parce qu’au fond, cette circulaire ne dit pas seulement : « Réduisez la voilure. » Elle dit : « Rendez à la République ce qui est à la République. » Et dans ce fracas silencieux, on entend déjà le moteur d’un autre État démarrer.

Mohamed Ould Echriv Echriv (Facebook)

Laisser un commentaire

Articles similaires