Ukraine : les autorités prorusses appellent les civils à quitter Kherson «immédiatement»

Ukraine : les autorités prorusses appellent les civils à quitter Kherson «immédiatement»

Les autorités prorusses de la région de Kherson, annexée par la Russie dans le sud de l’Ukraine, ont appelé samedi tous les civils à quitter «immédiatement» la capitale régionale. Le signe d’un retrait inéluctable face à l’avancée des forces de Kiev ou d’actions de destructions massives ?

publié dans LIBERATION et AFP le 22 octobre 2022 à 20h01

C’est un appel à évacuer lourd de menaces. «Tous les habitants civils de Kherson doivent immédiatement quitter la ville», a indiqué samedi sur Telegram l’administration d’occupation prorusse de la région, en évoquant une «situation tendue sur le front» et «un danger accru de bombardements massifs». Est-ce la reconnaissance que les Russes vont quitter la ville et qu’elle sur le point d’être reprise par les Ukrainiens ? Ou cela veut-il dire qu’ils vont tout détruire en se retirant ?
Pour l’ambassadeur d’Ukraine à Paris, Vadym Omelchenko, les évacuations en cours peuvent être une tactique permettant à l’armée russe d’évacuer ses soldats en les mêlant aux civils ukrainiens que Kyiv ne bombardera pas. Mais, comme il l’indique au Parisien, il se pourrait que cet appel à évacuer annonce d’autres actions du Kremlin : le pilonnage de l’armée ukrainienne à son arrivée à Kherson ou, bien pire encore, la destruction du barrage de Kakhovka.

La crainte d’une «catastrophe de grande ampleur»

Ce vendredi, Kyiv a réclamé une mission d’observation internationale au barrage de la centrale hydroélectrique de Kakhovka qu’elle accuse la Russie d’avoir miné pour le détruire. «La Russie prépare consciemment le terrain pour une catastrophe de grande ampleur dans le sud de l’Ukraine», a dénoncé Volodymyr Zelensky dans une réunion à distance devant le Conseil de l’Union européenne jeudi. S’il venait à céder, «plus de 80 localités, dont Kherson, se retrouveront dans la zone d’inondation rapide», a alerté le président ukrainien.

De nombreux civils fuient ainsi la région de Kherson. Dans une gare de la ville de Dzhankoy, dans le Nord de la Crimée, péninsule ukrainienne annexée par Moscou en 2014, des habitants de Kherson montaient dans un train pour le sud de la Russie, a constaté vendredi 21 octobre un journaliste de l’AFP. «Nous quittons Kherson car de lourds bombardements ont commencé là-bas, nous avons peur pour nos vies», indiquait Valentina Yelkina, une retraitée qui voyage avec sa fille.

«88 localités reprises»

Une autre habitante de Kherson, Yelena Bekesheva, 70 ans, a déclaré qu’elle était en route pour Moscou. «Nous n’avons pas immédiatement pris la décision [de partir] mais ensuite nous avons été invités par nos amis et nos proches», a-t-elle déclaré à l’AFP. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky s’était félicité vendredi soir dans une vidéo des «bons résultats» de son armée dans cette région très stratégique où, a-t-il affirmé, plus de trente blindés russes ont notamment été capturés.

Kherson est la première ville importante à avoir été prise par les forces russes au début de leur offensive lancée le 24 février. Sur le terrain, un conseiller de la présidence ukrainienne, Kyrylo Timochenko, a fait état vendredi de «88 localités reprises» aux forces russes dans cette région du sud. Deux personnes ont été tuées samedi dans les frappes ukrainiennes contre la région russe de Belgorod, frontalière de l’Ukraine, a par ailleurs affirmé samedi le gouverneur de la région, Viatcheslav Gladkov. Les bombardements ont visé des «infrastructures civiles» dans la ville de Chebekino, a-t-il précisé sur Telegram. «Environ 15 000 personnes sont restées sans électricité, a-t-il indiqué. La Russie a dénoncé à la mi-octobre une «augmentation considérable» des tirs ukrainiens sur plusieurs régions russes frontalières, dont celle de Belgorod, mais aussi celle de Koursk et de Briansk.
Source: LIBERATION

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