Ousmane Sonko et Moctar Ould Diay : vers un nouvel élan Dakar-Nouakchott
À dix-sept jours de la visite officielle du Premier ministre à Dakar, retour sur la rencontre historique entre Ousmane Sonko et Moctar Ould Diay, symbole d’un nouveau partenariat stratégique entre la Mauritanie et le Sénégal.

Sonko – Ould Diay : vers un nouvel élan Dakar–Nouakchott
Par Ahmed Ould Bettar – Nouakchott / Dakar, novembre 2025
Il y a quelques mois, Ousmane Sonko foulait pour la première fois le tarmac de Nouakchott en tant que Premier ministre du Sénégal. Accueilli avec les honneurs d’État par son homologue Moctar Ould Diay, l’homme fort du nouveau gouvernement sénégalais avait alors livré un message clair : le renouveau politique africain se construira d’abord entre voisins conscients de leur destin commun.
Aujourd’hui, la réciprocité s’annonce : du 16 au 18 novembre, Moctar Ould Diay effectuera à son tour une visite officielle à Dakar. Un rendez-vous stratégique qui, au-delà du protocole, cristallise les ambitions d’une coopération repensée entre deux nations liées par la mer, l’histoire et les défis du futur.
De Nouakchott à Dakar, une diplomatie du renouveau
La visite de Sonko à Nouakchott, en janvier dernier, avait déjà marqué un tournant. Derrière les échanges officiels, l’entretien prolongé entre les deux Premiers ministres avait révélé une volonté commune : celle de bâtir une relation d’égal à égal, affranchie des tutelles anciennes et tournée vers la souveraineté économique régionale.
Les deux dirigeants avaient notamment évoqué la nécessité d’une gouvernance partagée du gigantesque champ gazier Grande Tortue Ahmeyim (GTA), situé à la frontière maritime entre le Sénégal et la Mauritanie. Une ambition commune, mais aussi un test de maturité pour deux pays décidés à faire du gaz un moteur de développement durable, plutôt qu’un nouvel instrument de dépendance.
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Une rencontre attendue à Dakar : défis énergétiques et sécuritaires
Le rendez-vous de novembre à Dakar s’annonce donc comme la suite logique d’un dialogue engagé à Nouakchott. Au menu : énergie, sécurité et migrations. Trois dossiers cruciaux pour des États qui partagent plus qu’une frontière — une géopolitique commune.
La coopération dans le bassin maritime, la surveillance conjointe des zones de pêche et la sécurité des routes migratoires seront au cœur des échanges. Dans un contexte de montée des flux irréguliers vers les Canaries et l’Europe, Dakar et Nouakchott savent que leur stabilité intérieure dépend aussi de leur capacité à gérer ensemble leurs frontières.
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Deux visages d’un même renouveau politique
Ousmane Sonko et Moctar Ould Diay appartiennent à une génération de dirigeants qui assument leur indépendance d’esprit et revendiquent un rapport plus souverain au développement. Tous deux issus d’une culture de gestion rigoureuse, ils incarnent un discours panafricain pragmatique, où l’État se veut protecteur, mais aussi stratège.
Leur rencontre, au-delà des accords et déclarations, pourrait symboliser une refondation du dialogue ouest-africain, recentré sur les réalités du continent et non sur les injonctions extérieures.
La Mauritanie et le Sénégal : des partenaires naturels
Historiquement liés par la vallée du fleuve Sénégal, les deux pays ont souvent connu des phases de tension suivies de rapprochements. Mais l’ère actuelle semble différente : elle repose sur des convergences économiques fortes — gaz, pêche, agriculture, interconnexion électrique — et sur une conscience partagée de l’urgence climatique.
Les deux Premiers ministres souhaitent inscrire cette coopération dans une logique de co-développement durable : un partenariat où chaque rive profite des ressources communes sans fragiliser l’autre.
Organisation pour la Mise en Valeur du fleuve Sénégal (OMVS)
Vers une diplomatie africaine d’initiative
Cette visite s’inscrit aussi dans une nouvelle doctrine diplomatique initiée à Dakar : celle d’une Afrique qui invite et qui négocie à partir de ses intérêts propres. Après la venue d’Ould Diay, Ousmane Sonko prévoit d’accueillir successivement des délégations de Sierra Leone, du Cap-Vert et du Mali. Autant de signaux d’un repositionnement sénégalais dans une CEDEAO en recomposition.
Pour Nouakchott, ce partenariat renforcé avec Dakar représente également une opportunité de s’ancrer dans une dynamique régionale renouvelée, loin des turbulences sahéliennes.
Un tournant diplomatique à suivre
À dix-sept jours de ce rendez-vous annoncé, les regards se tournent vers Dakar, où deux capitales africaines entendent prouver que la coopération peut être un instrument de puissance partagée.
Entre Sonko et Ould Diay, c’est peut-être une nouvelle page du voisinage sénégalo-mauritanien qui s’écrit – une page où la jeunesse politique africaine tente enfin de conjuguer ambition, souveraineté et solidarité.
Rapide Info avec agences sénégalaises



