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Mauritanie : Situation du VIH/Sida en 2025 – Défis et progrès

À l’occasion du 1er décembre 2025, état des lieux du VIH/Sida en Mauritanie : progrès, défis, financements et priorités pour transformer la riposte.

La Mauritanie marque la Journée mondiale de lutte contre le sida avec des avancées notables en matière de traitement mais aussi des défis persistants : financement fragile, disparités d’accès et vulnérabilité des populations clés. Analyse complète et perspectives pour 2025.

Par Rapide info, Nouakchott — 1er décembre 2025

Le 1er décembre, Journée mondiale de lutte contre le sida, la Mauritanie se retrouve à un carrefour familier : des progrès tangibles en matière d’accès aux traitements côtoient des fragilités structurelles — financement incertain, barrières pour les populations clés et disparités territoriales — qui menacent de freiner la trajectoire vers la fin de l’épidémie comme menace sanitaire. Le thème mondial de 2025 — « Surmonter les perturbations, transformer la riposte au sida » — sert de rappel et d’appel à l’action.

Chiffres clés : une épidémie petite mais exigeante

Selon les dernières estimations d’ONUSIDA, environ 5 900 personnes vivent avec le VIH en Mauritanie (intervalle d’incertitude 5 100–7 100). Parmi elles, ~4 500 bénéficient d’un traitement antirétroviral — soit un taux de couverture estimé à 76 % (plage 65–91 %). Ces chiffres montrent une avancée importante en termes d’accès au traitement, mais la marge restante représente plusieurs centaines à quelques milliers de personnes non prises en charge ou insuffisamment suivies.

Les données du Global Fund et d’autres bilans nationaux confirment des efforts soutenus pour mettre les traitements à disposition dans les programmes publics : en 2023-2024, plusieurs instruments de financement international ont appuyé l’approvisionnement en antirétroviraux et les services intégrés (dépistage, prise en charge TB/VIH). Toutefois, les rapports internationaux mettent en garde : une crise de financement mondiale pèse sur la riposte et pourrait inverser des gains si les pays et partenaires n’agissent pas.

Où se situent les fragilités ?

  1. Populations clés et stigmatisation. L’accès au dépistage et au traitement est souvent plus faible parmi les populations clés (travailleuses du sexe, hommes ayant des rapports avec des hommes, personnes qui s’injectent des drogues, personnes transgenres). Les rapports d’ONUSIDA montrent que même lorsque la couverture globale est acceptable, celle des populations clés reste systématiquement inférieure, souvent à deux chiffres de moins. La criminalisation et la stigmatisation freinent la déclaration, le dépistage et le suivi.
  2. Perturbations des financements. Le rapport mondial 2025 d’ONUSIDA souligne une secousse du financement international qui a réduit des capacités opérationnelles dans plusieurs pays — un risque pour les services de prévention et la continuité des traitements. La Mauritanie, qui bénéficie historiquement d’appuis externes (fonds multilatéraux et projets), doit en partie absorber ces chocs ou mobiliser des ressources domestiques.
  3. Barrières d’accès et lacunes de terrain. Des études et rapports nationaux récents (observatoires communautaires) documentent des obstacles pratiques : distances aux centres, ruptures intermittentes de médicaments, déficits de dépistage ciblé, et manque d’intégration entre services (mère-enfant, santé sexuelle/reproductive, tuberculose). Le rapport FORSS II, produit par des acteurs communautaires, met en lumière ces réalités vécues entre 2023 et 2025.

Réponses nationales et partenaires

Les autorités sanitaires mauritaniennes marquent leur participation aux commémorations et maintiennent des programmes de prévention et de prise en charge, souvent en partenariat avec le Fonds mondial, l’ONU et des ONG locales. Des projets de renforcement des associations communautaires (par exemple le projet IMPACT soutenu par des bailleurs) visent à rapprocher les services des personnes et à accélérer l’atteinte des objectifs « 95-95-95 ». Ces initiatives renforcent la capacité locale à dépister, traiter et assurer le suivi.

Ce que demandent les acteurs de la société civile

Les organisations communautaires réclament trois priorités concrètes :

  • Assurer la continuité et la sécurité des stocks d’antirétroviraux (plans d’urgence contre les ruptures),
  • développer des services différenciés adaptés aux populations clés (dépistage communautaire, consultations nocturnes, pairs éducateurs),
  • renforcer la surveillance communautaire pour identifier rapidement les points de rupture et garantir que les investissements atteignent les bénéficiaires. Le rapport FORSS II contient des recommandations opérationnelles pratiques à cet égard.

Recommandations pour transformer la riposte (angle reporter — appel à décision)

À l’occasion du 1er décembre, trois actions prioritaires pourraient transformer la riposte mauritanienne au VIH :

  1. Sécuriser le financement et augmenter la part domestique. La dépendance aux bailleurs rend vulnérable la continuité des services ; un plan progressif d’augmentation des ressources nationales est indispensable.
  2. Cibler les populations clés par des approches communautaires et légères. La réussite viendra de services conçus avec et par les communautés, et d’un cadre légal/social qui réduit la stigmatisation.
  3. Intégrer et rapprocher les soins. Intégrer VIH, santé maternelle, TB et santé sexuelle dans les plateformes de soins primaires et déployer des modèles différenciés pour maintenir l’adhésion au traitement.

Conclusion — entre vigilance et espoir

La Mauritanie n’affronte pas une épidémie massive, mais la nature concentrée et les vulnérabilités structurelles exigent une riposte agile : protection des financements, renforcement du rôle des communautés et ciblage des populations clés. Le chemin vers l’élimination du sida comme menace sanitaire dépendra moins des slogans que de la capacité du pays à traduire les recommandations en services accessibles, sûrs et durables. À Nouakchott comme ailleurs, la leçon du 1er décembre 2025 est claire : surmonter les perturbations pour transformer la riposte — maintenant.

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