Sénégal : Le ministère réagit face à la situation difficile des ressortissants en Mauritanie
Depuis plusieurs jours, une vague d’inquiétude parcourt la communauté sénégalaise établie en Mauritanie. En cause, la diffusion sur les réseaux sociaux de vidéos montrant des interpellations musclées et des regroupements forcés de ressortissants sénégalais dans certaines villes mauritaniennes. Ces images ont alimenté un sentiment d’insécurité au sein de cette population, dont la présence dans le pays voisin est ancienne et importante. Les circonstances de ces opérations de contrôle, menées dans un contexte marqué par la régularisation administrative des étrangers, ont provoqué une vive réaction au Sénégal, tant dans l’opinion publique que dans les cercles institutionnels.
Ce regain de tension intervient alors que les relations diplomatiques entre Dakar et Nouakchott ont été renforcées ces derniers mois. Dès son investiture, le président Bassirou Diomaye Faye avait effectué sa première visite d’État en Mauritanie, témoignant de la volonté de bâtir une coopération stable, notamment autour du projet gazier Grand Tortue Ahmeyim. Cet épisode migratoire, jugé préoccupant, a donc été immédiatement traité comme un enjeu bilatéral de premier plan.
Des mesures concrètes pour un séjour régulier
Face à la situation, le ministère de l’Intégration africaine et des Affaires étrangères a annoncé un ensemble de dispositions destinées à apaiser les tensions et encadrer la présence des Sénégalais sur le territoire mauritanien. Le cœur de la réponse diplomatique repose sur l’application anticipée d’un accord signé le 2 juin 2025 entre les deux pays. Cet accord, dont l’entrée en vigueur provisoire est prévue pour le 25 juillet prochain, vise à réguler les conditions d’entrée, de séjour et d’établissement des ressortissants sénégalais et de leurs biens.
À partir de cette date, les Sénégalais se rendant en Mauritanie seront exonérés de l’ensemble des frais habituellement exigés à l’entrée, notamment ceux relatifs à la subsistance. Cette disposition, destinée à réduire les obstacles administratifs et financiers, s’applique à tous les ressortissants effectuant de courts séjours.
Pour ceux qui résident plus de trois mois dans le pays, des démarches précises ont été définies. Ils devront obtenir une carte de séjour en présentant une pièce d’identité sénégalaise valide, un passeport en cours de validité, ainsi qu’une carte consulaire. Le coût de ce titre de séjour est fixé à 300 MRU. Les autorités mauritaniennes ont indiqué que des lieux dédiés seront mis à disposition pour accomplir ces formalités dans des conditions encadrées.
Collaboration diplomatique renforcée et appel au civisme
Ce dispositif est le fruit de négociations entre les autorités des deux pays, qui se sont engagées à veiller conjointement à son application rigoureuse. En parallèle, l’ambassade du Sénégal en Mauritanie a été chargée d’accompagner les ressortissants dans leurs démarches et de répondre à leurs préoccupations. Un numéro de téléphone a été mis à disposition pour signaler toute situation particulière ou obtenir des informations utiles.
Le ministère a également adressé un message direct à la diaspora sénégalaise, exprimant son empathie face aux difficultés rencontrées et sa pleine solidarité. Il a rappelé l’importance du respect des lois du pays hôte, en appelant les ressortissants à faire preuve de civisme et de responsabilité dans leurs interactions avec les autorités locales.
Cette crise met en lumière la fragilité des équilibres migratoires dans la sous-région, même entre pays unis par des liens historiques, géographiques et économiques étroits. Elle rappelle aussi que les accords bilatéraux ne prennent tout leur sens que lorsqu’ils sont connus, compris et correctement appliqués par les populations concernées. Alors que les regards sont tournés vers le 25 juillet, date symbolique d’un tournant attendu, les autorités sénégalaises semblent déterminées à restaurer la confiance entre l’État, sa diaspora et ses partenaires.
Source: La Nouvelle Tribune