Rosso : dérives administratives dans l’éducation – Entre favoritisme et injustice
À Rosso, les pratiques de la Direction Régionale de l'Éducation révèlent un système éducatif miné par l’arbitraire, l’injustice et le clientélisme. Enquête sur une administration en roue libre.
Rosso : Quand l’administration éducative défie la logique et l’équité
Dans le paysage éducatif mauritanien, certaines pratiques frôlent parfois l’absurde. Mais à Rosso, chef-lieu de la wilaya du Trarza, on semble avoir franchi un cap. La Direction Régionale de l’Éducation Nationale (DREN) y déploie une créativité administrative qui laisse pantois, au mépris des règles établies, du bon sens… et de l’équité.
🧭 Des inspections à l’envers : l’école du non-sens
Traditionnellement, les inspections pédagogiques de fin d’année voient les inspecteurs se déplacer dans les établissements pour évaluer les enseignants sur place, dans leur environnement naturel. Mais à Rosso, c’est l’inverse. On convoque des enseignants de Ouad Naga, de Ndiago El Khatt et de Méderdra à Rosso, en pleine période d’examen, pour être inspectés à des centaines de kilomètres de leurs classes.
Le plus choquant ? Ces déplacements sont à leur charge, alors qu’un budget de fonctionnement alloué à la DREN prévoit clairement les frais de mission des inspecteurs. On nage en plein paradoxe : des enseignants sous pression, déplacés sans prise en charge, alors que l’administration dispose des moyens nécessaires mais choisit l’inaction.
Surveillance et corrections : quand le clientélisme s’en mêle
L’autre volet tout aussi préoccupant concerne la répartition des tâches durant les examens nationaux. Des enseignants chevronnés, titulaires de classes de 4e, sont écartés de la correction du Brevet au profit de directeurs d’écoles primaires. Certains professeurs ne figurent même pas sur les listes de surveillance, tandis que des membres du personnel administratif — ayant pourtant opté pour le détachement — apparaissent sur toutes les listes : surveillance du CFEE, du Brevet, du Bac…
Pire encore : un instituteur, visiblement bien introduit, est systématiquement nommé vice-président de jury du baccalauréat… chaque année. Pourquoi ? Parce que le centre d’examen est logé dans son école. Confusion des genres, conflits d’intérêts, et favoritisme érigé en règle tacite. Pendant ce temps, des enseignants compétents sont écartés, humiliés, réduits au silence.
Une érosion de l’autorité pédagogique
Comment motiver les enseignants lorsque ceux-ci sont marginalisés au profit de réseaux d’influence ? Quelle crédibilité accorder à une évaluation conduite dans un cadre aussi inéquitable ? À quoi sert le mérite si la reconnaissance est distribuée selon des affinités personnelles, et non des critères pédagogiques objectifs ?
Ce déséquilibre compromet non seulement l’équité professionnelle, mais il sape aussi la confiance dans l’institution scolaire. L’école devient alors le théâtre d’un jeu de pouvoir, bien éloigné de sa mission première : instruire, évaluer, faire progresser.
Rosso, laboratoire de l’arbitraire ?
La question mérite d’être posée. Car ce qui se joue ici dépasse le simple cas individuel. C’est tout un système qui semble dysfonctionner : détournement des procédures, usage biaisé des budgets, injustice dans la distribution des tâches… Rosso ne serait-elle pas devenue l’illustration parfaite d’une administration en roue libre, où l’opacité règne en maître et où l’arbitraire tient lieu de méthode de gestion ?
Conclusion : pour une éducation juste, l’administration doit redevenir exemplaire
👉 Les autorités doivent agir – Il est urgent que les autorités centrales s’emparent de ces dérives. Car une éducation de qualité ne peut reposer sur une administration dévoyée. L’école est un pilier de la République ; elle mérite une gestion rigoureuse, éthique, et transparente. Le silence des victimes n’efface pas l’injustice. Il l’aggrave.
*À Rosso comme ailleurs, il est temps de remettre la boussole administrative dans le bon sens*
Rapideinfo, le Rédaction