Réforme hospitalière : la Mauritanie face à ses défis sanitaires
Le Premier ministre, El Mokhtar Ould Diay lance une réforme hospitalière d’envergure des établissements, au cœur d’un système de santé en crise. Décryptage des enjeux et perspectives.
Réforme hospitalière
Alors que le système hospitalier mauritanien traverse une phase critique marquée par des dysfonctionnements structurels et un accès inégal aux soins, le gouvernement affiche une volonté ferme de réforme. Sous l’impulsion du Premier ministre El Mokhtar Ould Diay et avec l’appui d’un ministre de la Santé salué pour sa rigueur et son intégrité, une nouvelle dynamique est enclenchée pour redonner confiance aux usagers et améliorer la qualité des services.
Nouakchott, le 28 juillet 2025 – Par Rapide info
Sous la présidence du Premier ministre El Mokhtar Ould Diay, une réunion ministérielle décisive s’est tenue lundi au siège du Premier ministère pour étudier le statut des établissements hospitaliers de santé en Mauritanie. Cette rencontre marque une nouvelle étape dans la volonté politique affirmée de transformer le secteur sanitaire, confronté à des défis majeurs, mais porteur d’une promesse d’amélioration durable.
Un engagement politique au sommet de l’État
Dans une salle sobre mais chargée d’attentes, les membres du gouvernement ont écouté deux présentations techniques détaillant l’état actuel des établissements de santé : problématiques d’organisation, lacunes logistiques, coordination institutionnelle et mécanismes d’assurance ont été passés au crible. À l’issue des interventions, le Premier ministre a transmis la détermination du président de la République, Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, de faire de la santé publique une priorité nationale.
Selon El Mokhtar Ould Diay, « la correction des déséquilibres thérapeutiques et sanitaires figure au premier rang des préoccupations du président », appelant à une réforme rigoureuse, méthodique, et surtout centrée sur l’efficacité au service du citoyen. Un comité ministériel ad hoc a été instauré pour assurer le suivi des décisions et orienter les efforts vers une réforme structurelle approfondie.
Un secteur revitalisé par une gouvernance intègre
Il serait injuste de passer sous silence l’élan nouveau insufflé au ministère de la Santé. Sous la conduite de son ministre actuel, reconnu pour sa probité et son honnêteté, ce secteur ultrasensible connaît un début de redressement tangible. L’un des apports notables réside dans la relance effective du plan de formation continue, longtemps négligé et laissé dans les tiroirs par ses prédécesseurs. Par ailleurs, des avancées significatives ont été observées dans l’amélioration de la couverture sanitaire, notamment dans les zones périphériques, contribuant à renforcer l’équité dans l’accès aux soins.
Un système à bout de souffle
Malgré ces progrès, le constat reste préoccupant. Les hôpitaux mauritaniens peinent à répondre aux attentes. L’insuffisance de personnel qualifié, la faiblesse des infrastructures, leurs formes architecturales et la gestion défaillante des urgences constituent des obstacles majeurs.
Sur le plan administratif, les directions hospitalières manquent cruellement de ressources humaines expérimentées. Sur le terrain, les besoins de soins ne cessent d’augmenter alors que les moyens demeurent limités. Ce déséquilibre met à mal la qualité des prestations et accentue les inégalités d’accès à la santé, notamment pour les plus vulnérables.
Réformer en profondeur : entre volontarisme et pragmatisme
Pour y remédier, la réforme en cours mise sur plusieurs leviers : gouvernance modernisée, meilleure allocation des ressources humaines, renforcement des infrastructures, et surtout, refonte des mécanismes de financement. Car au cœur du problème se pose la question du modèle économique des soins hospitaliers.
La gratuité généralisée, bien qu’idéalisée, se heurte à une réalité budgétaire contraignante. Quant à l’assurance maladie, elle demeure encore embryonnaire, faute d’un réseau de mutuelles de santé solides et fonctionnelles. Dans ce contexte, une alternative retient l’attention : le paiement à l’acte, ou tarification à l’activité (T2A).
Le pari du paiement à l’acte
Ce modèle, basé sur la rémunération des hôpitaux en fonction des actes réellement réalisés, présente plusieurs avantages. Il incite à l’efficience, favorise une gestion plus rigoureuse des ressources, améliore la traçabilité des soins et permet une meilleure adaptation aux besoins de la population.
Toutefois, la T2A n’est pas sans risques. L’incitation à la rentabilité peut conduire à privilégier les actes les plus simples et rémunérateurs, au détriment des soins complexes ou non rentables. Une telle dérive pourrait compromettre la qualité des soins et accentuer la pression sur les personnels soignants, déjà fragilisés par des conditions de travail difficiles.
La mise en œuvre de ce système exige également une infrastructure numérique et administrative robuste, condition sine qua non pour garantir la transparence et l’équité du financement hospitalier.
Construire une santé pour tous
La réforme hospitalière en Mauritanie s’annonce donc à la fois ambitieuse et délicate. Si la volonté politique semble claire, le succès dépendra de la capacité du gouvernement à fédérer les acteurs du secteur, à assurer une coordination efficace et à placer le patient au centre du système.
Le mois d’août a été désigné comme période cruciale pour identifier les priorités, proposer des solutions concrètes et poser les jalons d’une réforme en profondeur. Reste à espérer que ces intentions se traduiront en actions tangibles, durables et équitables.
Dans un pays où la santé est encore, pour beaucoup, un luxe ou un parcours d’obstacles, la refonte des établissements hospitaliers ne peut plus attendre. Elle est une exigence sociale, un impératif politique, et un engagement moral envers chaque citoyen.