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Question linguistique : le président Nyerere a été un exemple à suivre.

Question linguistique : le président Nyerere a été un exemple à suivre.

En tant que président d’un pays qui compte plus de cent ethnies et autant de langues, le président Julius Nyerere avait pleinement saisi l’importance de l’uniformisation linguistique, et avait choisi le swahili comme langue de l’unité de la nation tanzanienne, car c’est la langue dominante et aussi la plus répandue en Afrique de l’est.
Pourtant, Nyerere était issu d’une ethnie minoritaire, les Zanakis. Cependant, il était certain que la cohésion nationale ne pouvait être assurée que par l’usage d’une seule et unique langue, en l’occurrence celle de la majorité du peuple.
Moualimou était redevable de cette résolution au monde libre et développé, où les décisions politiques, débarrassées des préoccupations ethnocentriques, se fondent sur plus de logique et de pragmatisme.
Dans la réalité, aucune des grandes puissances, que ce soit le Royaume-Uni, la France ou la Chine, n’a eu un pluralisme linguistique officiel.
En France, par exemple, les langues régionales existent, mais elles resteront toujours non officielles, c’est-à-dire des langues de certaines régions, tant que l’unité de la Nation française persistera.
Mais si la France décidait de ne plus être un État-Nation et de devenir un pays multinational reconnu officiellement comme franc, germain, breton, basque, occitan… la situation pourrait changer.
C’est certainement pour des raisons de cohésion nationale que les chefs d’État ouest-africain n’avaient jamais eu l’intention de s’aventurer sur ce terrain glissant du pluralisme officiel.
Dans ces pays, il y a une grande variété de langues. Si toutes ces langues étaient officialisées, cela provoquerait des confusions inextricables, une cacophonie inqualifiable. Imaginez ce que serait un document officiel traduit dans plusieurs dizaines de langues, voire des centaines de langues.
En Mauritanie, en revanche, les adeptes du nationalisme pulaar négligent délibérément la cohésion nationale en raison d’une focalisation excessive sur l’ethnicité. Ils défendent le respect de la diversité culturelle tout en négligeant la langue arabe. Comme si l’arabe ne faisait pas partie du patrimoine linguistique national, et comme s’il n’était pas la langue officielle de leur État.
Pour ce qui est du Sénégal, la base arrière des nationalistes pulaars, il y a une grande variété de langues, mais le wolof est incontestablement la langue de communication acceptée par tout le peuple. Et aucun de ses présidents, quelle que soit son ethnie, ne peut faire autrement. Le wolof est la langue courante dans tous les endroits, que ce soit à la présidence, au parlement, dans les mosquées ou au marché.
En d’autres termes, la voie tracée par l’ancien président tanzanien est la meilleure, la plus sûre. Tout autre chemin alternatif ne mène qu’au fanatisme ethnique et à la perdition.
Va-t-on mettre le doigt dans l’engrenage, ici chez nous ?

Ely Ould Sneiba
Le 19 mars 2025

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