Qualifiés de destructeurs par le président mauritanien : quels changements climatiques pour le pays ?
Qualifiés de destructeurs par le président mauritanien : quels changements climatiques pour le pays ?
Avec l’augmentation de l’activité industrielle et des pratiques nuisibles à l’environnement, le monde est confronté à la menace d’un changement climatique grave, considéré comme la cause principale de nombreux phénomènes environnementaux destructeurs.
Bien que le continent africain soit le plus touché par le changement climatique, il n’en est que faiblement responsable, puisqu’il ne représente que 4 % des émissions mondiales de carbone, soit la contribution la plus faible au réchauffement de la planète.
Selon le président mauritanien Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, la Mauritanie « vit au quotidien les effets dévastateurs du changement climatique et ses répercussions négatives, représentées par la désertification et les inondations », alors qu’elle ne contribue qu’à 0,02 % des émissions mondiales, une contribution « insignifiante », selon lui.
Ce pourcentage s’inscrit dans le cadre de la réduction des émissions thermiques de la Mauritanie conformément à l’Accord de Paris lors de la COP21 du 12 décembre 2015.
La Mauritanie fait partie des 197 pays du monde qui ont adopté cet accord qui vise à réduire les pratiques néfastes pour l’environnement et le climat.
Ould Cheikh El Ghazouani a tenu ces propos lors de sa participation à la 29e Conférence des Nations unies sur les changements climatiques (COP29), qui s’est tenue mardi dernier à Bakou, en Azerbaïdjan.
Inondations
Commentant le discours du président Ghazouani, Ebaye Ould Dah Amine, expert dans le domaine de l’eau et de l’environnement, a déclaré à Sahara Media que les changements destructeurs évoqués par le président se manifestent par « la perturbation de la pluviométrie à travers le territoire national, qui peut conduire à des périodes de sécheresse par endroits, et à des excès pluviométriques records dans d’autres.
Ila ajouté, que cette perturbation provoque « la destruction de la végétation et celle des cultures agricoles à cause de deux phénomènes opposés : l’excès d’eau ou son insuffisance.»
Depuis plus d’un mois, les quatre wilayas riveraines du fleuve Sénégal en Mauritanie subissent de graves inondations, provoquant la submersion de maisons et de villages et le relogement de centaines de familles dans des abris de fortune mis en place par le gouvernement.
Celui-ci avait auparavant lancé une campagne proactive pour avertir la population du risque de montée des eaux, qui avait été signalée par l’organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal.
Ces inondations sont une manifestation des effets du changement climatique sur la Mauritanie et, selon Ebaye Ould Dah Amine, « elles sont le reflet de la perturbation des précipitations et causent des dégâts et des pertes humaines ».
Avec la décrue du fleuve, le gouvernement mauritanien devrait procéder au recensement et à l’évaluation des dégâts causés par les inondations des berges.
Le ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, Momme Ould Beïbatta, a déclaré plus tôt que « le ministère ne dispose pas encore de données ni d’informations précises », soulignant que « l’évaluation des dégâts sera effectuée ultérieurement par les services techniques et les délégations régionales du ministère, par la Société nationale de développement rural “Sonader” et les organisations paysannes, une fois que les inondations se seront résorbées ». Selon l’Agence Mauritanienne d’Information (officielle).
La désertification
Selon le ministère de l’Environnement et du Développement durable, la désertification touche « environ 84 % du territoire mauritanien » et constitue « une catastrophe naturelle dévastatrice qui affecte la production alimentaire, réduit les pâturages, désorganise les marchés et, dans les cas extrêmes, la perte de vies humaines et animales ».
Le ministère attribue la cause des sécheresses à « la forte pression humaine – depuis les années 1980 – sur l’écosystème, à travers la surexploitation des forêts pour les usages domestiques.
Les feux de brousse sont également considérés comme « le principal fléau dans la détérioration et la destruction » des pâturages mauritaniens, « endommageant annuellement entre 50 000 et 200 000 hectares à travers les sept wilayas agricoles d’après la même source.
« Les températures élevées, surtout en milieu rural, affectent l’état de santé général de la population et ont un impact sur la production mauritanienne », a déclaré Ould Dah Amine.
Celui-ci évoque, une autre dimension de ces « effets dévastateurs que connaît la Mauritanie » le « rythme accéléré de l’urbanisation dû à l’exode rurale vers les grands centres urbains les populations rurales voyant se dégrader fortement leurs substance (agriculture et élevage) ».
« La Mauritanie est l’un des pays côtiers les plus vulnérables à l’impact du changement climatique et aux sécheresses récurrentes depuis les années 1960, et la désertification s’étend à un rythme rapide », a déclaré mercredi la ministre de l’environnement et du développement durable, Messouda mint Baham Ould Mohamed Lagdaf, lors d’une table ronde de haut niveau sur les ambitions de financement en marge de la Conférence des parties sur le changement climatique en Azerbaïdjan.
Lors du sommet de la COP28 à Dubaï en décembre 2023, le président mauritanien Mohamed Ould Cheikh Al Ghazouani avait déclaré que la Mauritanie « a déployé des efforts pour lutter contre la désertification à travers l’initiative de la Grande Muraille Verte, la participation active au Comité climatique du Sahel et au Comité mixte de lutte contre les effets de la sécheresse au Sahel, et en adoptant l’initiative du Moyen-Orient vert lancée par le Royaume d’Arabie saoudite. »
Incendies
De grands incendies se déclarent dans certaines wilayas mauritaniennes, détruisant chaque année de vastes zones pastorales, avec des pertes atteignant parfois 750 millions d’ouguiyas, selon le ministère mauritanien de l’environnement.
Selon les experts en environnement, ces incendies causent la destruction de 250 000 hectares par an, bien que le gouvernement alloue d’importantes sommes et mène des campagnes de sensibilisation pour limiter les dégâts.
Il y a quelques jours, la ministre de l’Environnement et du Développement durable, Messouda Mint Baham, a déclaré que le gouvernement avait lancé une campagne pour réduire les incendies, sécuriser le stock pastoral stratégique du pays, éviter les mouvements transfrontaliers de population et assurer leur sécurité.
« Les incendies détruisent annuellement plus de 200 000 hectares de zones pastorales, ce qui équivaut à une perte économique de 5 milliards de nouvelles ouguiyas, en plus d’éventuelles pertes humaines», a ajouté la ministre.
En 2021, le ministère mauritanien de l’Environnement et du Développement durable avait annoncé que « les feux de brousse causent annuellement des pertes s’élevant à 750 millions de nouvelles ouguiyas, ce qui équivaut à 20 millions de dollars américains ».
L’Accord de Paris, que la Mauritanie avait adopté, permet aux pays développés d’aider les pays en développement dans leurs efforts d’atténuation du climat.
En octobre 2019, la Mauritanie et l’Union européenne avaient signé un protocole d’accord sur la mise en œuvre de la deuxième phase du programme de l’Alliance mauritanienne contre le changement climatique (AMCC), qui vise à soutenir les initiatives d’adaptation au changement climatique en Mauritanie.
Pour la deuxième phase de ce programme, l’UE a alloué une enveloppe financière de six millions d’euros, soit l’équivalent de 250 millions d’ouguiyas sur quatre ans (2019-2022), pour soutenir toutes les initiatives liées à l’adaptation au changement climatique.
Source: saharamedias.net