Plaidoyer et actions des maires pour l’économie circulaire

Plaidoyer et actions des maires pour l’économie circulaire

Par  PAULE FAX

L’Association internationale des maires francophones entend prendre sa part dans le développement de l’économie circulaire, un grand enjeu du XXIe siècle. De nombreuses villes africaines pourraient prendre un autre visage, à terme.

La ville de Bordeaux et l’Association internationale des maires francophones (AIMF) organisaient les 22 et 23 mars un colloque international sur la ville en économie circulaire. Près de 350 participants, maires, représentants des villes et partenaires internationaux issus d’une quarantaine de pays d’Afrique, d’Amérique, d’Asie et d’Europe, ont participé aux débats en présentiel ou en distanciel : Abidjan, Tunis, Rabat, Nouakchott, Ouagadougou,… de nombreuses villes africaines sont impliquées.

Bénin, Burkina Faso, Burundi, Cameroun, Égypte, Madagascar, Mali, Mauritanie… Des projets menés par les villes permettront d’améliorer l’accès à la culture et à l’éducation, à l’eau et à l’assainissement, aux services de santé, et de soutenir l’économie circulaire.

La séance plénière tenue le 23 mars sous la présidence de la maire de Paris, Anne Hidalgo, a été marquée par deux temps forts : un appel des villes pour un accès équitable aux vaccins, et la remise du prix littéraire des maires francophones à l’écrivaine Djaïli Amadou Amal. Avec Les Impatientes, la Camerounaise porte la voix des femmes du Sahel. Nouvellement créé, le prix littéraire des Maires francophones sera attribué chaque année à un auteur qui symbolise le combat pour le dialogue des cultures, l’égalité, le respect des diversités.

« Porter la voix des femmes »

« Ce roman est plein d’espoir. C’est l’histoire de ces femmes qui se battent tous les jours pour porter la famille, malgré les crises sanitaires et sécuritaires, climatiques », a commenté Djaïli Amadou Amal. Qui a poursuivi : « Malgré les difficultés, elles se battent pour dire non aux mariages précoces et forcés, aux violences faites aux femmes. » L’écrivaine s’est déclarée « très fière » de ce prix, appelant l’AIMF à poursuivre l’aventure. « Je m’engage, avec ce prix, à porter encore plus haut la voix de toutes ces femmes », a-t-elle conclu lors de son intervention.

Les travaux des deux journées ont permis de partager les initiatives porteuses en matière d’économie circulaire, enjeu que les villes francophones entendent mettre au cœur de leurs coopérations internationales. Cette démarche a aussi suscité la mobilisation des municipalités françaises nouvellement élues, comme en témoigne la participation de Michèle Rubirola, adjointe au maire de Marseille. Dans la suite de ce colloque, la Commission permanente de l’AIMF présidée par Bordeaux centrera ses travaux sur l’économie circulaire et élaborera un Plan d’action. Sur le terrain, l’AIMF financera les initiatives des villes de l’espace francophone, plusieurs des subventions accordées par l’AIMF allant déjà en ce sens.

L’économie circulaire consiste à produire des biens ou des services en limitant le gaspillage des ressources et en limitant les déchets inutilisés. Dans cette nouvelle approche, les villes ont un rôle essentiel à jouer, précise un document interne de l’AIMF.

Les différentes crises récentes ont montré à la fois la nécessité d’économiser les ressources et l’énergie, de réduire la production de déchets et d’en augmenter le réemploi, le recyclage et la valorisation, de rapprocher les producteurs des consommateurs… « L’économie circulaire a la plasticité et les ressources pour faire naître de nouvelles voies de développement. » Et elle pourrait dès lors participer à la construction d’une société « plus résiliente, plus équitable, donc plus désirable, proposant une forme d’antidote aux doutes, aux peurs et aux ressentiments ».

Le réenchantement de la proximité

En contrepoint, mais aussi en complément des réseaux et du numérique, qu’il s’agisse d’approvisionnement, de service ou de loisirs, les habitants ont besoin d’un cadre de vie qui leur offre une qualité des relations interpersonnelles, des espaces et des activités. Le souci de la proximité doit prévenir tout particulièrement le creusement des inégalités (face au coût du logement, des transports, de la vie quotidienne, face au numérique, etc.) et entretenir le lien si nécessaire au territoire et à la durée.

Enfin, pour faire face aux difficultés inédites, les villes doivent pouvoir s’appuyer sur toutes les solutions naissantes qui permettent d’améliorer leur information mais aussi leur capacité d’action. Elles peuvent donc accompagner et mobiliser toutes les initiatives citoyennes ou entrepreneuriales utiles.

D’autre part, l’événement de Bordeaux a donné lieu à un appel pour un accès équitable aux vaccins. Les villes sont, partout dans le monde, un acteur majeur de la lutte contre la pandémie. À l’échelle internationale, elles ont montré leur solidarité, notamment à travers le plan d’appui de l’AIMF. Elles entendent désormais jouer toute leur part pour que les vaccins deviennent des biens publics mondiaux.

L’Association a attribué plus d’un million d’euros de première ou deuxième tranches de subventions à quatorze projets portés par les collectivités territoriales membres de l’association. Ces subventions de l’AIMF jouent un rôle d’amorce pour constituer des partenariats financiers de près de 14 millions d’euros. Au Bénin, Burkina Faso, Burundi, Cambodge, Cameroun, Égypte, Madagascar, Mali, Mauritanie, ces projets menés par les villes permettront d’améliorer l’accès à la culture et à l’éducation, à l’eau et à l’assainissement, aux services de santé, et donc de soutenir l’économie circulaire…

Les élus ont convenu de poursuivre deux partenariats majeurs de l’AIMF, celui avec l’Union européenne d’une part et celui avec la Fondation Bill & Melinda Gates, d’autre part.

Enfin, le Bureau a validé le thème du Congrès 2021 de l’AIMF qui se tiendra à Kigali (Rwanda) du 19 au 21 juillet 2021 : « Le Maire et la société civile. » Il a également engagé l’organisation de deux événements importants souhaités par les villes membres : le 21 octobre, à Paris, une conférence sur l’économie circulaire et la relation ville forêt dans le Bassin du Congo. Et enfin, du 4 au 6 novembre à Namur, une rencontre de haut niveau avec les ministres francophones du numérique.

PF

magazinedelafrique

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