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Où va la société mauritanienne ?

Où va la société mauritanienne ?

La saison électorale qui bat actuellement son plein dans le pays est une temporalité riche en possibilités de mise en évidence de la Mauritanie dans l’imaginaire de tous les acteurs nationaux.

À l’observation, il se révèle que l’acteur social dont l’imaginaire et les pratiques s’imposent sur la plus grande partie du territoire national est la structure tribale qui tire sa force des traditions ancestrales, mais surtout de la bénédiction voire de l’appui des institutions de l’État qu’un seul parti, INSAV, récupère apparaissant comme la formation politique de l’État (Parti/État) d’où la ruée des chefferies tribales vers ses dirigeants en campagne dans le pays. Dans ces conditions, une fièvre tribale s’est emparée de tout le pays, se manifestant par des slogans d’un autre âge, des rassemblements et des marches qui revendiquent un quota dans les candidatures aux futures élections. Cette voie est contraire aux orientations de la constitution qui a une autre ambition pour le pays : un Etat moderne et une société égalitaire capable de tailler sa place dans le concert des nations.

Bien que marginaux, les imaginaires ethniques ou de castes, présents eux aussi dans cette atmosphère d’effervescence électorale, sont, sans doute, en porte-à-faux avec l’esprit et la lettre de la loi fondamentale qui doit régir la vie sociale.

Ces contradictions entre l’idéal de progrès et les agissements des élites, préoccupées avant tout par le « partage du gâteau », menacent notre processus, le vidant de son sens, ce qui laisse libre au statu quo social traditionnel.

Ces dysfonctionnements expliquent le désenchantement des imaginaires éclairés dont les partisans sont de plus en plus désabusés au point de ne plus croire aux vertus de la démocratie et se laissent tenter par les risques des dictatures soit disant justes.

Soyons capables de choisir un cap stratégique et historique pour notre pays afin de savoir où il va. Voulons-nous conserver les structures sociales et étatiques anachroniques inadaptées à la satisfaction des besoins vitaux de la majorité de notre peuple multinational ?

Où allons-nous donner un sens à notre processus démocratique, l’adapter, l’améliorer constamment et en attendre, au bout du compte, l’émergence d’une nouvelle société unie, égalitaire, tirée vers le haut par un État de droit, moderne et juste, au-dessus de la mêlée, dans laquelle tous les citoyens, sans discrimination, se reconnaissent ?
Tel est donc le rêve de beaucoup de Mauritaniens de toute origine.

Député Khalilou Ould Dedde.

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