Opposition mauritanienne : ensemble… mais chacun chez soi !
L' opposition mauritanienne peine à s'opposer. Fragmentée, hésitante, elle semble avoir oublié sa mission : incarner une véritable alternative politique.
Opposition mauritanienne
Billet d’humeur – Rapide Info
En Mauritanie, l’opposition politique ressemble de plus en plus à une troupe d’acteurs répétant une pièce sans conviction : beaucoup de gestes, peu d’impact. Dans ce billet d’humeur, Ahmed Ould Bettar dresse un portrait acide mais lucide d’un camp qui parle souvent au nom du peuple sans jamais vraiment le représenter. Une invitation à la refondation, ou au réveil.
En Mauritanie, l’opposition, c’est un peu comme ce vieux couple cité par la ministre Saviya lors du point de presse : ils se retrouvent, se chamaillent un peu, puis finissent par dîner ensemble… mais sans jamais régler leurs vrais problèmes.
Elle se rassemble, oui — mais rarement entre elle. Plutôt autour du pouvoir, pour négocier quelques miettes de concession ou pour faire tapisserie dans des dialogues dont le mot d’ordre est souvent : « Pas trop de vagues, on est entre gens raisonnables. »
Mais que fait donc cette opposition ? Pourquoi ne se regroupe-t-elle pas pour bousculer l’ordre établi ? Parce qu’il faudrait bouger les lignes. Et pour bouger les lignes, encore faut-il qu’il y en ait, des lignes claires. Chez nous, c’est flou. Un jour on critique, le lendemain on applaudit. Et pendant ce temps-là, le peuple attend toujours l’opposition comme on attend l’hiver à Nouakchott : avec scepticisme et sans trop y croire.
Ne vous méprenez pas : ce n’est pas qu’elle ne peut pas. C’est juste qu’elle ne veut pas, ou qu’elle ne sait plus comment faire.
À force de calculs personnels, de querelles de chefs, de micro-partis à géométrie très variable, cette opposition a oublié l’essentiel : exister.
Et pourtant ! Une opposition structurée, courageuse, ferme sur ses principes et unie dans ses différences serait plus qu’une nécessité — ce serait une respiration démocratique.
Elle pourrait devenir ce contre-pouvoir capable de faire transpirer le pouvoir, de réveiller les consciences, de dire « non » sans quémander un strapontin dans un prochain gouvernement d’union nationale (comprenez : de confusion totale).
Alors, chères oppositions, chers fragments de volontés politiques encore debout : si vraiment vous souhaitez changer les choses, commencez par changer vous-mêmes.
Rassemblez-vous, pas pour les caméras ou pour la photo souvenir au Palais des Congrès, mais pour une vision, un projet, un rêve commun.
L’alternance démocratique ne viendra pas en criant « au loup » depuis les salons feutrés ; elle viendra quand une opposition forte incarnera une vraie alternative.
Et là, peut-être, on parlera enfin d’une opposition qui s’oppose, et non d’un théâtre d’ombres où chacun joue son rôle, sans jamais déranger le décor.
Et si c’était ça, la vraie révolution ? Une opposition… qui ferait opposition.
Ahmed OULD BETTAR
Pour aller plus loin :
- Le rôle de l’opposition dans une démocratie moderne
- Réactions politiques après le procès de Mohamed Ould Abdel Aziz
- Saviya Mint N’Tahah et la communication gouvernementale