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Nous ne vous laisserons pas diviser la Mauritanie

Nous ne vous laisserons pas diviser la Mauritanie

_Réponse citoyenne à la pensée racialisante d’Ély Ould Sneiba_

Diviser pour régner est une vieille recette. Elle est périmée en Mauritanie. Pourtant, à l’heure où les défis communs devraient rassembler ses enfants, certaines voix cherchent encore à réveiller les vieux démons de la division. L’une de ces voix, celle d’Ély Ould Sneiba, se distingue par une constance glaçante : celle d’un discours qui nie à une partie de nos concitoyens leur droit d’appartenir pleinement à cette Nation.
Nous ne sommes pas de ceux qui polémiquent pour exister. Mais nous refusons désormais de nous taire face aux propos récurrents, méprisants et dangereux de celui qui s’est érigé en procureur identitaire. Ce que véhicule M. Sneiba n’est pas une simple opinion. C’est une idéologie : celle de l’exclusion raciale, de la hiérarchisation des citoyens selon leur origine, leur langue ou leur histoire. Une idéologie incompatible avec la République, avec l’unité nationale, et avec les sacrifices de tant de Mauritaniens toutes communautés confondues qui ont servi ce pays avec honneur et dignité.
Qu’on ne s’y trompe pas : les écrits de Ely Ould Sneiba ne sont pas des analyses critiques. Ce sont des attaques ciblées, obsessionnelles, contre une seule communauté : les Halpulaaren. Jamais contre les injustices. Jamais contre les oppresseurs. Toujours contre ceux qu’il perçoit comme « étrangers » au cœur même de leur pays. Il ne s’agit pas de le condamner moralement cela serait vain. Il s’agit d’affirmer que sa logique est dangereuse pour tous, y compris pour ceux qu’il prétend représenter.
Récemment encore, en convoquant la Nahda ce vieux courant de renaissance arabo-nationaliste comme outil de relance identitaire, il tente d’habiller d’érudition ce qui n’est qu’un appel masqué à l’exclusion. L’histoire de la Nahda, aussi noble soit-elle dans certains contextes, n’a jamais été pensée pour exclure les autres composantes d’un pays. S’en revendiquer pour refuser la diversité nationale mauritanienne est un contresens ; pire, une tentative de légitimer l’intolérance. De même, pendant la pandémie, alors que l’humanité entière se découvrait vulnérable et solidaire, certains ont préféré continuer à semer la haine, exploitant la peur sanitaire pour raviver les discours d’exclusion. C’est cette vision du monde, toujours en quête de boucs émissaires, que nous devons collectivement rejeter.
En désignant certains comme de « vrais » Mauritaniens et d’autres comme des intrus, M. Sneiba s’érige en distributeur de nationalité, comme s’il existait une « carte de Mauritanité » qu’il pourrait tamponner ou rejeter. Cette logique, nous la rejetons. Car elle insulte ceux qui, de toutes origines, ont bâti cette nation. Ces Halpulaar, Soninké, Wolof, Haratines, mais aussi ces Beydanes, qui ont défendu le drapeau, enseigné, soigné, administré, servi la République souvent dans le silence, parfois dans la douleur, mais toujours avec dignité.
Le père fondateur de la Mauritanie, Moktar Ould Daddah, dans son discours prononcé en 1965, rappelait avec clarté : « On ne construit pas une nation en effaçant ceux qui l’ont fondée. » Cette phrase devrait suffire à faire taire ceux qui tentent aujourd’hui encore d’exclure de la Mauritanie ceux qui l’ont servie avec abnégation.
On raconte l’histoire d’un enseignant halpulaar affecté dans le Trarza dans les années 1980. Humilié, déplacé sans justification, puis réintégré dans une école de fortune, il resta. Il enseigna. Il forma des générations d’enfants bidhanes, haratines, négro-mauritaniens avec rigueur et amour du savoir. Un jour, interrogé sur son obstination à rester, il répondit simplement : « On ne quitte pas un enfant qu’on aime. Et la Mauritanie, c’est aussi mon enfant. »
Ce texte n’est pas un appel contre les Beydanes. Il est un appel avec eux. Car nombreux sont ceux, dans la communauté beydane, qui refusent la vision racialisée de M. Sneiba. Ce combat-là n’est pas ethnique. Il est moral, politique, citoyen. Et nous savons que la majorité silencieuse ne se reconnaît pas dans les outrances de Will Sniper. Elle aspire à la paix, à la justice, à une République qui rassemble.
Nous ne vous laisserons pas diviser la Mauritanie. Ce pays est trop précieux pour être abandonné aux théoriciens de l’exclusion.
Trop blessé pour être frappé par les mots d’un idéologue solitaire. Nous serons là où se joue l’avenir : dans les écoles, les villages, les médias, les lois, les mentalités.
Parce que la Mauritanie n’appartient à personne en particulier. Elle appartient à nous tous. Et c’est ensemble que nous l’aimerons, la construirons et la défendrons. Nous sommes un seul peuple, et nous ne laisserons personne défaire ce que l’histoire a uni. Car, comme le dit le proverbe africain : « Je suis parce que nous sommes. »

Mansour LY

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