Mohamed VI tend la main à l’Algérie : un air de déjà-vu

Mohamed VI tend la main à l’Algérie : un air de déjà-vu

Dans son discours traditionnel prononcé à l’occasion de la fête du trône, samedi 29 juillet, le roi du Maroc a évoqué l’Algérie, à laquelle il a de nouveau tendu la main pour « un retour à la normale ».

Des propos mielleux qui rappellent ceux tenus l’année passée et il y a deux ans à la même occasion, mais jamais suivis de faits susceptibles d’apaiser la tension entre les deux voisins.

Au contraire, le discours de Mohamed VI en juillet 2021 était précédé et suivi d’une série d’actes hostiles du royaume à l’égard de l’Algérie qui ont amené cette dernière à rompre ses relations diplomatiques avec le Maroc moins d’un mois plus tard.

Dans son discours de 2022, il a réitéré le même appel et il est revenu à la charge cette année.

Et alors que ces relations sont carrément rompues depuis deux ans, le roi les à qualifiées de « stables » et exprimé son aspiration à les rendre « meilleures ».

Mohamed VI a indiqué que son action au service du peuple marocain réside aussi, en plus de la gestion des questions internes, dans sa « détermination à fonder des relations solides avec les États frères et amis, et plus particulièrement avec les pays voisins ».

« Nous rassurons nos frères en Algérie, leur direction et leur peuple qu’ils n’auront jamais à craindre de la malveillance de la part du Maroc », a déclaré le roi Mohamed VI, ajoutant qu’il confirme à l’égard des Algériens le prix qu’il attache « aux liens d’affection et d’amitié, aux échanges et aux interactions » entre les deux peuples.

Mohamed VI a clos le passage consacré à l’Algérie en exprimant ses vœux d’un « retour à la normale », tout en réitérant son appel à la réouverture des frontières entre les deux pays. Ces dernières sont fermées depuis 1994.

En 2021, il avait longuement parlé de l’Algérie, indiquant notamment que « ce qui touche le Maroc affecte tout autant l’Algérie ; car les deux pays font indissolublement corps » et exprimant le vœu de tourner la page des « tensions médiatiques et diplomatiques ».

Maroc – Algérie Mohamed VI poursuit son double-jeu

Si l’Algérie avait ignoré son appel, ce n’est pas sans raison. À la même période, la diplomatie et les services marocains avaient multiplié les provocations à l’égard de l’Algérie.

Le représentant du Maroc à l’ONU, Omar Hilale, a appelé à la partition du territoire algérien, le ministre israélien des Affaires étrangères de l’époque, Yair Lapid, a menacé l’Algérie à partir du territoire marocain.

Cela, au moment où la presse mondiale révélait le scandale d’espionnage de personnalités étrangères par les services marocains via le logiciel israélien Pegasus.

Le pays le plus ciblé était l’Algérie. Trois semaines après le discours « mielleux » du roi, le 21 août 2021, l’Algérie a procédé à la rupture des relations diplomatiques avec le Maroc. Elles ne sont toujours pas rétablies.

En 2022, toujours à l’occasion de la fête du trône, Mohamed VI a adopté la même stratégie de chercher à s’attribuer le beau rôle et jeter la balle dans le camp algérien.

Il s’est adressé directement à « la présidence algérienne », exprimant son aspiration à œuvrer avec elle « pour que le Maroc et l’Algérie puissent travailler, main dans la main, à l’établissement de relations normales ».

Sur le terrain, rien n’est venu confirmer la disposition du roi à ouvrir une nouvelle page avec l’Algérie.

Les attaques de la presse et de la diplomatie marocaines à l’égard de l’Algérie n’ont jamais cessé et, ces derniers mois, le royaume s’est enfoncé dans son rapprochement, notamment militaire, avec Israël.

Il y a deux semaines, le 17 juillet, Israël a nommé pour la première fois un attaché militaire à Rabat et annoncé le même jour sa reconnaissance de la « souveraineté » marocaine sur le Sahara occidental occupé.

La position de la diplomatie algérienne ces dernières années est constante : il n’y aura pas de retour à la normale tant que subsisteront les facteurs qui sont à l’origine de la crise.
Par: Riyad Hamadi

TSA

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