Mohamed Lemine Sidi Maouloud, porte-parole Espoir Mauritanie

Mohamed Lemine Sidi Maouloud, candidat aux législatives de Nouakchott nord et à la mairie de Dar Naim, porte-parole de la coalition « Espoir Mauritanie »:

Mohamed Lemine Sidi Maouloud, porte-parole Espoir Mauritanie
Mohamed Lemine Sidi Maouloud, porte-parole Espoir Mauritanie

Mohamed Lemine Sidi Maouloud, candidat aux législatives de Nouakchott nord et à la mairie de Dar Naim, porte-parole de la coalition « Espoir Mauritanie »:

Le Calame – « L’accord entre les partis et le ministère de l’Intérieur a été entaché d’irrégularités fondamentales avant et après sa signature », indique Mohamed Lemine Sidi Maouloud, candidat aux législatives de Nouakchott nord et à la mairie de Dar Naim, porte-parole de la coalition « Espoir Mauritanie ». Entretien.

Le Calame: La Coalition Espoir Mauritanie vous a choisi pour diriger la liste régionale de Nouakchott nord pour les prochaines municipales et législatives. Quelles sont vos chances de l’emporter face à vos adversaires ?

Mohamed Lemine Sidi Maouloud : Oui, j’ai été choisi par cette importante coalition, qui regroupe plusieurs courants et partis, et compte cinq députés siégeant au dernier parlement à savoir Kadiata Malick Diallo, El Id Mohameden M’Bareck, Coumba Dada Kane, Ousmane Thiam et moi-même.

Cela rend grandes mes chances d’être élu, Incha Allah, grâce au poids populaire de cette coalition, d’une part et aux larges relations dont je jouis personnellement partout et dans toutes les franges de ce pays, d’autre part, en plus de mon expérience au parlement au cours des quatre dernières années, dont je suis fier d’avoir été parmi cette poignée de députés dont les performances avaient été exceptionnelles.

A ce qui précède, s’ajoute aussi un parcours de près d’un quart de siècle, soit plus de la moitié de ma vie -, consacré à la lutte au sein des rangs de l’opposition et l’intérêt que j’accorde aux questions publiques.

-Votre coalition a choisi de porter ses poids lourds et pour la députation et pour les municipales. Pourquoi ce choix ? Ne craignez-vous pas qu’on vous reproche de n’avoir pas laissé la place aux autres?

– Qui sont les autres auxquels nous n’avons pas laissé de place ? S’il s’agit des militants de nos courants et de nos partis, c’est alors leur décision, puisqu’ils ont choisi une instance suprême chargée d’examiner les options et de trancher la plus appropriée d’entre elles. Si par contre, vous faites allusion à nos concurrents, ce n’est pas notre rôle de tenir compte de leurs propos ou de leurs critiques.

L’heure n’est pas aux procès ou à l’apaisement, mais à une saison électorale, à un moment de moisson. Il est donc naturel pour notre coalition de choisir les personnalités les plus influentes, célèbres et populaires pour diriger les listes, même si cela amène à réunir deux postes en une seule personne. C’est mieux que de perdre l’un des postes au profit d’un parti adverse hors de la coalition.

Je sais qu’il existe des personnes dont la compétence est égale ou supérieure à celles qui ont cumulé deux postes, mais malheureusement ni nous ni eux, n’avons trouvé assez de temps pour les mettre à un niveau compétitif en termes de propagande et de pratique sur le terrain, et ils n’ont pas eu d’opportunités dans le passé d’être plus influentes, mais ces occasions seront mises à leur disposition à l’avenir.

Ceci en rappelant que nous n’avons eu recours à cette proposition qu’au niveau de trois communes sur neuf à Nouakchott, et plus de quarante communes auxquelles nous avons participé.

N’oubliez pas également que notre coalition est une nouvelle entité, du moins dans sa forme et que nous avons été persécutés en nous privant d’autorisation de partis. Ce que nous faisons maintenant est donc le résultat du moment et de ses exigences.

-Quelle appréciation vous faites de l’exécution de l’accord signé entre le ministère de l’intérieur et les partis politiques, d’une part, du recensement a vocation électorale et qui a été prorogé pour quelques jours, d’autre part ? Avez-vous le sentiment que les élections seront transparentes et crédibles ?

– L’accord entre les partis et le ministère de l’Intérieur a été entaché d’irrégularités fondamentales avant et après sa signature.

Cet accord est venu sur les vestiges d’un accord inclusif qui se voulait un terrain de discussion des principaux problèmes du pays tels que la bonne la gouvernance, le système judiciaire, l’unité nationale, l’éducation, le problème social, le processus politique, la question de la corruption, la surveillance, etc… Tout cela a été contourné et restreint au processus électoral.

Si ce dialogue a été réduit à un point, il a été infiltré sur plusieurs points, dont l’observatoire, les comités de suivi, et l’exclusion de la majorité des communautés de la diaspora de participer au choix de leurs députés, y compris les colonies présentes dans des Etats dans lesquels opèrent des missions diplomatiques.

Concernant la transparence dans la forme des élections, elle peut avoir lieu, surtout avec la conjugaison des partis et des listes sérieuses de leurs efforts. La prise de conscience croissante dans les villes ne permettra pas aussi la fraude. Cependant, le problème central demeure dans l’exploitation d’une part de l’influence de l’État au profit de certains partis et l’utilisation de l’argent public par des corrompus pour l’achat des consciences, d’autre part.

– Il y a quelques jours, vous avez publié un communiqué dans lequel vous dénoncé le peu de cas fait pour la diaspora laquelle ne dispose que très peu de bureaux à l’étranger. Pouvez-vous nous expliquer les raisons ? Avez-vous saisi le ministère de l’intérieur, celui des affaires étrangères et des mauritaniens de l’extérieur et la CENI ? Que vous ont-ils dit ?

– L’actuel pouvoir a commis une grande injustice à l’endroit des communautés expatriées, en privant plus de leurs deux tiers du droit de vote pour choisir leurs représentants au Parlement, en particulier au niveau des Etats où leur nombre est élevé tels que le Sénégal, le Mali, l’Angola, le Congo, le Gabon, l’Espagne, le Maroc, etc…

Le plus étonnant aussi et que des ambassades et des missions diplomatiques se trouvent dans la plupart de ces pays, alors qu’elles sont absentes dans d’autres comme malheureusement, le Gabon.

Le régime a maintenu les Etats dans lesquels nos communautés avaient l’habitude de voter du temps de son prédécesseur, n’apportant rien de nouveau, à part l’autorisation de voter pour les députés.

Ce système – surtout sa majorité parlementaire – a été responsable de la privation des communautés tout au long de la période passée, en violation de la constitution, de leur droit de choisir leurs représentants.

C’est seulement après des pressions et des luttes, qu’il a accepté à contrecœur, mais ce droit a été circonscrit à un nombre très restreint de la diaspora. Les communautés doivent punir le pouvoir en mobilisant leurs membres et leurs relations en votant contre lui lors de ces élections.

– Qu’est-ce qui explique selon vous l’éclatement de l’opposition ? A-t-elle des chances d’éviter une déroute électorale ?

– L’opposition est divisée aujourd’hui en deux camps. Le premier, qualifié d’opposition traditionnelle a lutté pendant de nombreuses années et dans des circonstances difficiles et a participé à la prise de conscience, mais n’a pas réussi à renouveler son discours ni ses structures en temps opportun. C’est tout de même un beau passé.

Le second, c’est l’opposition ou ce sont les nouvelles oppositions, héritières de l’école traditionnelle et de ses élèves, mais elles sont plus actives et proches du citoyen, plus influentes et plus combatives du système et accompagnent mieux le rythme des exigences de l’étape, bien qu’elles aient besoin de plus d’harmonie et d’efficacité. Il s’agit également d’oppositions qui grandissent plus vite, bénéficiant des réseaux sociaux, des forces de la jeunesse, des communautés à l’extérieur et de la classe ouvrière, etc…

Cette division risque d’entraîner la perte d’une partie des acquis qui étaient en réalité à la portée de cette opposition. Malgré cela, l’électeur indigné par le vécu sur le terrain, votera en sa faveur, surtout dans les grandes villes où il y a une prise de conscience et où les élections sont plus transparentes.

-Le mois béni du ramadan a démarré depuis quelques jours. Les prix des denrées de première nécessité ne cessent de grimper dans le marché. Selon vous, quelles mesures le gouvernement doit prendre afin d’aider les citoyens, surtout les plus démunis, à accomplir dans de bonnes conditions, ce 4e pilier de l’islam ?

-Pour plusieurs raisons, le gouvernement n’a pas d’options sérieuses concernant la lutte contre les prix. Le pouvoir a échoué dans ses efforts visant à atteindre l’autosuffisance alimentaire. Vous pouvez interroger les agriculteurs sur l’aménagement agricole, les problèmes d’irrigation, la lutte contre les aléas, les crédits, les moissonneuses, les semences, etc… Leurs réponses ne seront pas clémentes pour le pouvoir.

Parmi ces raisons, il y a le fait que le système a mis la Sonimex en faillite au cours de sa copie antérieure et assuré l’immunité aux suspects dans sa version actuelle. Vous savez que la Sonimex avait été créée pour des questions de régulation du marché, en particulier pour ce qui concerne les denrées alimentaires. Le pire encore, c’est le fait que les auteurs de la liquidation de ladite société se sont vus désormais confier la conduite de l’institution paresseuse chargée de réguler le marché.

Le dernier point est que le régime a trompé le peuple sur la hausse des prix, notamment sur la question du carburant, et vous n’êtes pas sans savoir l’écart entre nous et les pays voisins. Ce pouvoir est trop faible pour lutter contre la hausse des prix, puisqu’il est pris en otage par les commerçants d’une part et qu’il est entouré de prévaricateurs, d’autre part.

-Il y a quelques jours, quatre prisonniers jihadistes se sont évadés de la prison centrale de Nouakchott. Une chasse à l’homme a été engagée. Que vous inspire cet incident ? La Mauritanie ne serait-elle pas à l’abri du terrorisme ?

– C’est l’occasion de renouveler notre appel à Allah pour accorder sa miséricorde aux martyrs de la nation parmi les éléments de la garde et de la gendarmerie et de réaffirmer que l’acte d’évasion est en soi un échec sécuritaire total dont les responsables doivent être punis. Nous devons tous être aussi conscients, que la réalité de nos dispositifs de sécurité est à déplorer. En effet, beaucoup de choses manquent à ces derniers, notamment en termes de formation, de perfectionnement, de conditions matérielles et de transparence dans les concours et dans les promotions, les nominations et les mutations.

Notre pays n’est pas à l’abri du terrorisme. Il faut donc que tous, citoyens, autorités, politiques et éducateurs, soient prudents et travaillent ensemble. Il faut mettre en place aussi de vrais plans de développement. La pauvreté et la marginalisation sont sources de terrorisme, de violence et de congestion.

– Il y a bientôt un mois que l’activiste Souvi Cheibani a été torturé à mort dans le commissariat de Dar Naim 2, L’opinion s’est émue et des associations de défense des droits humains et des élus se sont mobilisés pour réclamer la vérité et la justice sur ce meurtre. Quelle lecture en avez vous faite ? Pensez-vous que cette affaire sera élucidée ?

-Personnellement, je faisais partie des personnalités politiques et des élus arrivés tôt sur les lieux, puisque le lieu du drame n’était pas loin de chez moi à Dar Naim. Nous avons au sein d’ »Espoir Mauritanie » rendu visite à la famille de la victime et exigé une enquête transparente, équitable et rapide et la punition des responsables du crime.

C’est un autre crime qui révèle l’étendue de la corruption dans les services de sécurité et leur besoin d’une réforme rapide et ferme. Je crains que le régime ne soit trop faible pour mener à bien cette réforme souhaitée. Je crains aussi que le sang de ce jeune homme soit vain.

-Le délai de dépôt des listes municipales et régionales a expiré. Comment a été votre participation et encore une fois quelles sont vos chances au sein de la « Coalition Espoir Mauritanie » ?

– Notre coalition a déposé des dizaines de listes au niveau des communes et dans certains conseils régionaux, au nom du parti Front Républicain pour l’Unité et la Démocratie (FRUD). Je pense que nous remporterons les élections au niveau de circonscriptions d’importance, notamment à Nouakchott et dans les grandes villes comme les capitales des wilayas

La Coalition Espoir Mauritanie est une nouvelle force d’opposition politique qui regroupe toutes les couleurs et sensibilités directions de la Mauritanie. Elle est dirigée par un groupe d’hommes politiques sérieux et propres, qui se sont illustrés par leurs positions proches du citoyen et leur lutte menée depuis de nombreuses années contre l’injustice.

Ces qualités feront de cette coalition la destination privilégiée de grands groupes parmi ceux qui œuvrent pour le changement, en particulier les étudiants, les travailleurs, les communautés expatriées, les victimes d’injustice, etc…

Propre recueillis par Dalay Lam

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