Mémoires d’un gestionnaire / Par Ahmed Ould Bettar

Mémoires d’un gestionnaire / Par Ahmed Ould Bettar

Il y a 11 ans, pour un impératif familial, j’entrais dans la capitale Nouakchott après deux décennies dans des hôpitaux à l’intérieur du pays où le personnel ne cessait de demander des augmentations salariales, une réhabilitation des structures sanitaires ainsi que plus de moyens en matériels et consommables médicaux.
Il manque de matériel même pour des actes de petite chirurgie. Les malades meurent très souvent parce que l’hôpital n’a plus les moyens de les soigner.
Au pavillon ultrasensible de la santé deux lobbys de médecins spécialistes et généralistes se disputaient à l’époque le pouvoir et les avoirs et très vite je reconnus l’incapacité de ceux qui nous dirigent lesquels sont mis à la porte après chaque remaniement ministériel et pour cause : la faillite de l’institution qu’ils gèrent sans organiser rien et c’est parce qu’ils improvisent en permanence.
Il arrive que certains de mes collègues ou fidèles connaissance me demandent comment j’avais compris leur insuffisance. Mes qualités de gestionnaire mais aussi j’ai appris à déchiffrer le mystère qui couvrait leurs incompétences spécifiques. Le président nommait n’importe comment, c’est donc très normal qu’il limoge n’importe qui.

Les formations ou Les structures sanitaires

Les structures sanitaires opèrent en deçà de leurs capacités et de leurs potentielles performances.
En effet, près de quinze ans après l’initiative de Bamako, des sommes importantes ont été investi pour permettre aux structures hospitalières d’être compétitives et d’être au diapason de leurs consœurs dans les pays de la sous-région.
Mais l’incompétence conjuguée à l’avidité des décideurs de santé et leur manque de souci de l’opérationnalité ont fini par avoir raison de cette volonté étatique de l’avant en avant.
En effet et en en raison de l’absence d’un contrôle efficace, des sommes importantes vont chaque année dans leurs propres cliniques privées.
Mais le pire dans ce tableau est de se retrouver avec des responsables inamovibles, malgré leur gestion catastrophique de leurs établissements alors que les contre-performances devaient justifier le blâme de ces directeurs impunis.
Certes, l’opinion publique a pour sa part une grande responsabilité dés lors où elle préfère garder le silence devant ces abus au lieu de les dénoncer et exiger le limogeage de leurs responsables sur la base de contrôles compromettants menés par les services compétents de l’Etat dont l’IGE et la police chargée des crimes économiques.
Plus grave encore, est cette mentalité rétrograde des mauritaniens, pour lesquels, un poste public n’est important, que sur la base des propensions de détournement qu’il offre à son titulaire.
Un avis encore plus complexe de la politique est celui, qui tout en affirmant la prise de conscience des Pouvoirs Publics de la gabegie qui ronge le sérail, motive l’indifférence du système devant ces excès, par la nécessité d’entretenir une fidélité politique des troupes.
Le ministre peu sûr de lui ne veut pas s’entourer de collaborateurs qui peuvent potentiellement le dépasser, il s’entoure donc de personnes médiocres.
Comme je l’ai souvent indiqué, le département de la santé est soumis à une machine de « régionalisation » qui risque de placer le ministère sous l’escarcelle spécifique, lui ôtant tout qualité de structure gouvernementale à vocation nationale où tous les mauritaniens, nonobstant leur région et leur race peuvent y siéger.
Ce chauvinisme devenu très visible doit être arrêté à temps, mais j’ai l’impression que l’on a toujours plein de bonnes raisons pour ne pas prendre de décisions puisque seuls les organes de décision qui ne décident rien ne font pas d’erreurs.

Les budgets de financement partent dans les poches des responsables véreux

Le système de financement du secteur de la santé est constitué essentiellement du budget de l’Etat, de l’appui des partenaires techniques dont il est dépendant essentiellement, du système de recouvrement des coûts (jusqu’à 40% des frais de fonctionnement, 30% de motivation et 30% fonds de sécurité). Mais les financements ont souvent été détournés. Je me rappelle, si je n’ai pas la mémoire trop courte, en 2002 ou 2003 environ 14 véhicules hilux double cabine se sont avérés sur papier et, au PEV il n’y a pas un seul hilux. La Première dame, le coordinateur du PEV et d’autres directeurs centraux sont impliqués mais l’impunité caractérisait l’excès de pouvoir des hautes autorités du pays.
Le budget de l’Etat consacré à la Santé et son taux d’exécution sont restés faibles. En 2012 par exemple 3,9% du budget de l’Etat a été consacré à la santé avec un taux d’exécution non disponible. Ce budget a certes évolué, il est passé à 4,6 % en 2015, mais il continue à rester largement inférieur aux besoins du secteur prévus par le PNDS (8,5%) et à la limité fixée par l’OMS de (15%) .
L’aide extérieure consacrée à la santé a certes augmenté depuis 2002, mais elle est en grande partie destinée aux programmes verticaux (Fonds Mondial de lutte contre le Paludisme, le VIH/SIDA et la Tuberculose, Nutrition…etc.). Le fait que ces ressources destinées aux programmes verticaux aient été presque les seules disponibles dans le secteur de la santé au lendemain de la redéfinition de la politique nationale de santé, a certainement contribué à l’exclusion de plus en plus de la politique des Soins de Santé Primaires (SSP) et de la DRAS qui a pour mission essentielle l’observation et l’analyse des besoins sanitaires et médico-sociaux dans la wilaya.
Malgré cela, cette forte dépendance du financement des organismes internationaux s’est accompagné des dysfonctionnements qui se matérialisent dans la structure du Ministère aussi bien au niveau central qu’au niveau intermédiaire et périphérique et l’on assiste une multiplication de Directions et de Programmes spécialisés pour caser des nouvelles troupes dans des postes bien financés.
Outre la création des structures correspondantes au niveau intermédiaire, les programmes exercent un effet d’aspiration des ressources importantes du niveau intermédiaire vers des revues fréquentes au niveau de Nouakchott avec ou sans horizons glissants.
En effet, au lieu de se préoccuper d’appuyer le développement des directions régionales, la structure intermédiaire regarde vers le haut, pour en tirer des bénéfices immédiats. Dans un contexte de paupérisation, les aides et dons humanitaires ont été perçues par une certaine classe politique comme le seul moyen d’octroyer des ressources (véhicule, moto, dromadaire, groupe électrogène, plaque énergie solaire, etc.) à sa moughataa, ceci est l’une des raisons qui expliquent que le nombre des postes de santé lequel est passé de quelques dizaines à des centaines depuis les années 2000.

Retour au système de santé où se développe une concurrence déloyale

Retour au système de santé lequel développe de plus en plus un privé à but lucratif non régulé. Dans un contexte d’absence des mécanismes pour assurer la qualité des soins, le développement anarchique des cliniques et pharmacies privées constitue un facteur de risque pour la santé des citoyens et un facteur d’explosion des coûts des soins de santé qui deviennent hors de portée du panier de la ménagère et par conséquent ils accentuent la pauvreté.
Devant donc, le constat des services en dysfonctionnement permanent, je vois apparaître un début d’engouement pour les agents de santé communautaires dont la qualification et le niveau technique sont insuffisants pour constituer une alternative au personnel de santé qualifié. Si le recours aux agents de santé communautaires pouvait se justifier dans les années 90, la situation a complètement changé, le contexte du système de santé est aujourd’hui caractérisé par un bon nombre du personnel infirmier et des médecins formés sur place.
Les bas salaires payés par la Fonction Publique a été également un autre facteur qui encourageait l’usage du faux, les vols et compromettait gravement la mise en œuvre de notre politique de santé. Le système était pourri et nul n’échappait à cette perversion. Ainsi, un médecin en Allemagne peut par exemple avec son salaire se payer une voiture alors que son confrère mauritanien avec son salaire pour se payer une voiture, il lui faut des années. Le premier a une accessibilité financière, le second à une accessibilité économique.
En effet, outre le fait de renforcer la mise en œuvre des stratégies élaborées, le caractère dérisoire des salaires crée une instabilité du personnel qui cherche à tout moment une affectation ou une nomination à un poste de travail juteux.
Ces bas salaires ont conduit les autorités à la mise sur pied d’un système de primes d éloignement et de motivation qui ont eu des effets très négatifs sur le personnel et sur la qualité des services.
Au niveau des formations sanitaires le paiement à l’acte n’était pas du tout le bon choix puisqu’il s’oppose à l’approche globale de la santé et au principe de solidarité voulu par les plus hautes autorités du pays. Le déploiement des ressources humaines à l’intérieur du pays est également un goulot d’étranglement qui levait le voile sur la gestion clientéliste, opportuniste et arbitraire du personnel.
Mais le comble vient surtout avec la part du budget de l’Etat consacré à la santé laquelle a eu entre autre pour conséquences : l’impossibilité de mettre en œuvre les stratégies, l’absence d’une convergence des partenaires techniques de développement et l’insuffisance des cadres nationaux compétents qui soient à mesure d’assumer cette coordination en fonction des politiques, stratégies élaborés et objectifs fixés. Le système de santé axé sur la décentralisation ou du moins une déconcentration se trouvait également perturbé par d’autres archétypes selon lesquels les bailleurs des fonds gèrent leur financement. Ce qui a eu pour conséquence, des manques et des ruptures permanentes des matériels, consommables et médicaments surtout à la fin de chaque projet financé par des bailleurs de fonds.
Même à mon arrivée à Nouakchott, le même problème lié à la disponibilité et l’approvisionnement des médicaments demeure posé cruellement et c’est au même titre qu’à l’intérieur du pays.

La fièvre de  Nouakchott, cheval de bataille des politiques

En septembre 2015, la fièvre qui a frappé Nouakchott et qui a touché certaines villes du pays, dengue soit-elle ou paludisme, est une hyperthermie saisonnière, propre à la période d’hivernage, plus que pluvieux à Nouakchott et dans les Hodhs notamment à Timbedra où cette fièvre aurait affecté plusieurs personnes.La recrudescence de fièvre constatée n’est pas due à l’absence de soins dans les hôpitaux et les services de santé où la prise en charge est de fait.Bien au contraire, elle est due à des défauts d’assainissement qui ne relèvent pas du département de la santé, mais plutôt d’une synergie entre les différents départements, les élus locaux et la société civile.A cette situation s’ajoute les conduites malpropres et malsaines des citoyens qui ne se donnent pas la peine d’assurer la propreté de leur environnement familial et qui ne prennent pas aussi les précautions nécessaires pour réduire la contagion notamment en utilisant les moustiquaires et en pulvérisant avec du fly-tox les maisons et les endroits fréquentés par les moustiques.La prolifération des flaques d’eau a été aussi un facteur déterminant dans la multiplicité des moustiques qui sévissent dans toute la capitale avec des piqures douloureuses plus abondantes dans les moughataas de Teyarett, Tevragh Zeina, Sebkha, El Mina et Ksar dont les quartiers sont situés quasiment au même niveau de la mer, d’où la non infiltration rapide des eaux de pluie dans le sol.
Ce qui est encore à craindre dans un proche avenir, c’est aussi le choléra qui est cyclique et qui peut resurgir à  tout moment, d’où l’urgence pour les autorités de prendre les mesures préventives nécessaires pour éviter des situations épidémiques incontrôlables et étendues. Puis peu après, une autre fièvre cette fois hémorragique fait l’objet d’une instrumentalisation illimitée de la part des médias indépendants et des politiques, au point de susciter une psychose  généralisée chez l’opinion face à cette endémie, moins meurtrière que la malnutrition, sans que cette dernière créée  pourtant autour d’elle la même mobilisation et la même panique.Le ministère de la santé, dont j’ai régulièrement dénoncé ses insuffisances, mérite aujourd’hui d’être soutenu face à cette féroce campagne médiatique et politique, orchestrée contre lui, sur fond de fièvre hémorragique, pour lui inventer des lacunes qu’il n’a pas.Un département qui continue d’assurer sa légitime défense, en rassurant sur le caractère non gravissime de cette maladie, provoquant à chaque mise au point officielle, un déni médiatique et politique, parfois non authentifié.Sur un autre plan, la lecture de la lettre adressée par le ministère de la santé à l’OMS, faisant état de 8 cas de décès dus à la fièvre hémorragique suppose ,selon les experts épidémiologiques, la comptabilisation supplémentaire des cas  suspects non confirmés, c’est-à-dire non diagnostiqués et inclus, dans ce bilan, pour optimiser la réaction clinique  spontanée de l’OMS et bénéficier de son expertise le plus vite possible d’une part ainsi que pour donner l’alerte nécessaire à une opinion insouciante d’autre part.

La lutte contre la malnutrition et la famine renvoyée aux calendes grècques

Il est regrettable de nos jours que nos leaders politiques et nos médias s’écartent de l’objectivité et de l’intérêt général des citoyens qui leur imposent de prêcher la bonne parole, la droite éducation et l’incitation au travail et à la productivité.C’est d’autant vrai que le défi national et par-dessus bord mondial est aujourd’hui la lutte contre la malnutrition et la famine qui tuent des dizaines de personnes par jour dans les pays africains, sans susciter cet engouement  et ce tapage réservés aujourd’hui à la fièvre hémorragique en Mauritanie.Les fièvres de la vallée du Rift, de Crimée-Congo existent dans certains pays, mais ne bénéficient pas du même tintamarre accordé à la fièvre hémorragique en Mauritanie.En effet, dans ces pays la priorité est à l’éducation, à l’agriculture, à l’emploi, à la lutte contre la pauvreté et la malnutrition, afin de créer des sociétés fortes dotées d’esprits sains dans des corps sains. Ce paradoxe doit conduire nos élites à établir des parallélismes entre la santé et le sous-développement, afin de prendre conscience qu’en dépit d’un système de santé modernisé et doté des équipements de pointe, les patients sont plutôt victimes de situations alimentaires pénibles aggravées par la première maladie, en raison de la fragilité de leur auto déficience.
Les mauritaniens doivent beaucoup  remercier Allah et se réjouir grandement que les prélèvements et les examens de la fièvre hémorragique qui sévit depuis quelques semaines, effectués dans les laboratoires nationaux, sénégalais et occidentaux ; confirment l’existence d’une fièvre moins meurtrière que  celle du Crimée-Congo  et d’Ebola.

Le pays était pris en panique  par le risque de propagation de ces deux fièvres notamment Ebola qui a tué des centaines de personnes en Afrique subsaharienne et contre lequel, la Mauritanie, a très vite riposté à l’époque mettant le pays à l’abri d’un virus qui avait même atteint les Amériques et l’Europe.Un retour en arrière, montre que la Mauritanie a été touchée par cette fièvre hémorragie en 1986, tuant environ 300 personnes toutes issues du milieu agropastoral avec zéro cas urbain.Un décryptage de cette tragédie sanitaire survenue il y a 30 ans environ, privilégie la contagion épizootique, autrement dit une infection transmise à l’homme depuis l’animal, à une époque, où les efforts de l’Etat étaient plus orientés sur la formation de médecins que de vétérinaires, d’où les ravages consécutifs à un élevage à risque élevé et non sécurisé.Par ailleurs, à l’époque, ce lourd bilan est resté à l’abri de toute instrumentalisation politique, permettant aux pouvoirs publics de déclencher la riposte nécessaire afin de stopper la propagation de l’épidémie.Quoique le bilan récemment adressé par le ministère de la santé à l’OMS soit très gonflé par maximiser la riposte et  éviter de s’exposer à des sous-estimations des risques, les cas de Fièvre de la Vallée du Rift  (FVR) officiellement communiqués ne présentaient aucun caractère confidentiel.Le sceau du secret est plutôt la pure invention d’un journaliste zélé, comme en atteste, son information, impliquant le DAF du département qui est totalement étranger à ce type de rapport, plutôt du domaine des compétences du directeur des maladies au ministère et le cas échéant, relève de la direction technique.Mais la diffamation, chère à certains médias et la politisation de la FVR, devenue un arme de harcèlement du pouvoir, ont fortement joué, donnant à cette fièvre des dimensions exagérées.La tendance incendiaire est à la continuité pensent certains observateurs, pour lequel, les opposants radicaux qui seront forts probablement absents du dialogue politique du mardi 20 octobre courant, se serviront, ainsi que les médias hostiles au pouvoir, de ce cheval de bataille que représente la FVR, pour instaurer la psychose et troubler l’atmosphère des pourparlers et se réjouir grandement que les prélèvements et les examens de la fièvre hémorragique qui sévit depuis quelques semaines, effectués dans les laboratoires nationaux, sénégalais et occidentaux ; confirment l’existence d’une fièvre moins meurtrière que  celle du Crimée-Congo  et d’Ebola.

Tentatives de scoop: « des patients livrés à la mort »

Autres ingrédients d’instrumentalisation, le site alakhbar publie  un article reportage sur l’Hôpital de l’Amitié Nouakchott, titré « des patients livrés à la mort ». Une enquête qui n’est pas la première réalisée par cette agence, l’unique site revenu à plusieurs reprises sur ce qu’il assimile à des investigations crédibles.En réponse à ce article qui recèle de nombreuses contrevérités, le site ne s’est pas donné la peine de savoir pour de telles situations, qu’à même excessivement exagérer par l’agence se produisent, non pas seulement à l’hôpital de l’Amitié, mais dans toutes les autres infrastructures sanitaires du pays, sans exception aucune, publiques ou privées.En effet, en l’absence d’un système de référence qui oriente les patients, les hôpitaux sont pris de tout type de malades depuis les cas d’urgence aux maladies les plus bénignes.
Des malades accompagnés par des parents indisciplinés, qui établissement même avec le médecin leur propre diagnostic.Des malades qui ne prennent pas conscience des énormes responsabilités des médecins, depuis la stérilisation d’instruments, la visite des patients internés, le suivi des malades ….Autant de charges que les malades ne peuvent pas comprendre et occupent toute l’attention des spécialistes au point que leur conduite est confondue par certains patients à de la négligence et du laisser-aller. Ce qui n’est nullement le cas.Partout  où se trouvent les hôpitaux les plus sollicités pour les soins de qualité, il y a une anarchie due aux pressions faites par les malades et leurs accompagnateurs sur le personnel soignant.Faut-il noter ici qu’en Mauritanie, un médecin de garde  consulte plus de  400  personnes par jour alors que la norme internationale  des consultations est de 12 malades  seulement par jour. Dés lors, j’ai vu qu’il  existe bien des mécontentements qui ne sont pas provoqués par le personnel soignant mais plutôt par l’indiscipline même des patients et de leurs accompagnateurs et par l’absence d’un service de tri ou d’accueil.En effet, moins l’affluence est grande, plus la qualité du service sanitaire est meilleure et vice-versa.Toute cette situation prévaut dans toutes les spécialités d’un hôpital, depuis la maternité, à la pédiatrie, aux urgences.

 La longue période de chômage technique donne naissance à l’Agence Rapide Info

En 2009, je venais de Tidjikja. A Nouakchott, je suis  tombé de haut. Gestionnaire depuis 20 ans à l’intérieur du pays, j’ai été mis sur une voie de garage à l’arrivée d’un nouveau directeur des ressources humaines au Ministère de la santé. Il m’a affecté au centre neuropsychiatrique où il y avait déjà un autre gestionnaire chevronné qui venait tout juste par être décoré par le président de la république ! Je ne m’y attendais pas et me suis senti dépossédé de façon abusive ; et pour cause j’ai appris plu tard que les deux directeurs ne s’entendaient pas et que le premier cherchait la place du second depuis qu’il avait effectué un stage de 06 mois dans le dit centre de neuropsychiatrie ! A 48 ans, j’ai été mis au placard et je me retrouve donc  seul dans un bureau tout juste équipé d’un minimum. Après avoir encadré plus de 1300 personnes dans les wilayas du pays, le coup est dur. Le pire, c’est que mon parcours et  ma spécialité ne m’ont pas protégé ! Privé de travail, je ne me suis pas laisser faire et j’ai repris ma situation en main.Durant cette période de chômage technique, j’ai hésité à quitter mon établissement que dirigeait le médecin psychiatre, feu Colonel Ahmed Oud Hamady, paix éternelle à son âme. J’ai profité du temps libéré pour investir mon énergie dans ma vie familiale, des activités médiatiques …

Au sein du Centre hospitalier, il m’est aussi possible de me présenter: accompagner le directeur dans ses missions, rédiger des rapports, préparer des requêtes de financement et participer à l’élaboration des plans d’action!

Loin de me laisser décourager, j’ai activé mon réseau social et j’ai fini par créer l’Agence Rapide Info. Mon fauteuil est moins attachant que celui que j’occupais avant, d’ailleurs il n’est même pas un fauteuil mais un strapontin qui m’a permis de retrouver ma place et ma légitimité dans le bureau.

Après 32 ans, je venais d’être nommé chef du personnel

C’était en 2012, je venais d’être nommé chef du personnel du Centre hospitalier de l’Amitié après avoir rendu opérationnel deux services celui de l’intendance et du matériel dans un  hôpital qui venait de voir le jour à l’occasion du cinquantenaire de l’indépendance nationale. Très occupé et peu motivé, j’assure les recrutements des contractuels, leur accueil, la paie, les carrières et l’évaluation des personnels. J’ai également en charge l’accueil du personnel nouvellement affecté, la gestion des conditions de travail, l’accompagnement des agents, la gestion du temps de travail et des dossiers de retraite. J’organise la concertation avec les syndicats et les partenaires. Enfin, je coordonne également  les activités des secrétaires lesquelles  je me suis lassé à longueur de journée  de corriger leurs fautes rédactionnelles.Mon service  est structuré en 3 divisions : une division de gestion des recrutements, des effectifs et des absences, une division chargée de la paie et des carrières et une autre  chargée de la gestion du temps, des positions statutaires, des retraites et de l’accompagnement des fonctionnaires.

Je travaillais sous la responsabilité du Directeur Général Dr Mohamed Ould Bebaha et de la directrice adjointe, Dr Zeinebou Haidy. Dr Mohamed Ould Bebaha fut l’un de mes premiers directeurs à Kiffa. Avec Dr Bebaha, j’ai appris à être un bon subordonné si bien qu’il m’arrivait par innocence de ne pas le comprendre et c’est normal puisqu’il est difficile de comprendre les Oulad Deyman. Il lui arrive de s’exprimer par ses mains en même temps par sa bouche et pour un jeune mauritanien venant de l’Algérie, il ne va pas se le faire dire deux fois, il choisira ce qu’il a entendu et ne s’intéresserait pas aux gestes faits par les mains.

Des chèvres dans l’enceinte de l’hôpital!

Je suis venu le voir une fois pour lui dire à ma grande surprise que les voisins font pâturer leur chèvres dans l’enceinte de l’hôpital et que j’ai même vu une chèvre perfuser un malade. Il répliqua :  « il faut  les égorger », je n’avais pas prêter attention aux gestes de ses mains lesquelles n’attestaient pas sa réponse.

Ce fut fait l’ordre de mon directeur. Le matin, j’ai appelé une dizaine de garçons  et j’ai procédé à un carnage sur ordre de mon directeur, d’abord, il faut executer les ordres du supérieur et comme il y a le code civil aussi qui incombe la responsabilité des animaux errants sur leur propriétaire et au final en droit musulman, si le voisin cause des dégâts, il doit  déménager. Mais devant les voisins battent le macadam, je devrais plutôt choisir l’ordre des « mains » à la place de la « bouche » . Mohamed Abdellahi Ould Raphea était le Wali. Quant il a été informé par le carnage du jeune « algérien », il éclata de rire et il a procédé à un remboursement  aux propriétaires du troupeau. Ould Raphea était généreux; ouvert et un très bon administrateur.

Retour à ma nomination chef du personnel, à l’époque, je ne savais pas l’ampleur des pressions qui étaient exercées sur mes supérieurs lesquels ont tout de même  rendu opérationnel une structure hospitalière nouvellement créée de façon hâtive ouverte seulement pour inaugurer quelques choses à l’occasion du cinquantenaire alors que ni les ressources humaines, matérielles et budgétaires n’ont encore été mises sur place.

Mes supérieurs ont été exposés à des pressions multiples dont certaines sont rudes et d’autres douces. S’agissant de la gestion des ressources humaines par exemple, il y avait  beaucoup de choses qui se passent, pour des raisons politiques, sociales et humanitaires dans les coulisses. Un gestionnaire pouvait  être un dentiste, une sage-femme, un gérant de poulailler …   Ce que je savais, c’est que mes supérieurs hiérarchiques étaient des cadres compétents et des responsables, des personnes probes et de loi strictes mais certaines décisions leurs viennent de haut.

A suivre

Ahmed Ould Bettar

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