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Mauritanie : En attendant la présidentielle…

Mauritanie : En attendant la présidentielle…
Après avoir organisé, en juin 2022, des élections municipales, législatives
et régionales, qui ont consacré la mainmise d’El Insav (parti au pouvoir)
sur la quasi-totalité des 216 conseils municipaux, la totalité des régions (13)
et plus des deux tiers des députés de l’Assemblée nationale (176), la Mauritanie
se prépare à appeler les électeurs aux urnes, en juin 2024, pour
élire un président de la République. Candidat déclaré à sa propre succession, Mohamed Ould Cheikh El-Ghazouani est donné vainqueur face à des candidats de l’opposition

qui n’ont pas vraiment les moyens de leurs ambitions politiques.

Amabilités avant la la présidentielle

Les amabilités entre la majorité et l’opposition ont déjà commencé
à l’Assemblée nationale sur fond de la présentation par le Premier ministre, Mohamed Bilal Messoud, du bilan de son gouvernement. Une compilation de chiffres qui constitue, chaque année, un exercice très attendu qui, malgré une nomenclature qui ne change pas, se veut une progression dans la mise en œuvre du programme «Taahoudati» (Mes engagements) du président Ghazouani arrivé à terme de son quinquennat. Alors que le Premier ministre évoque, au niveau de chaque secteur clé (éducation, santé, eau et électricité, protection sociale, défense et sécurité, lutte contre la corruption) «d’importantes réalisations», depuis son dernier «bilan», en janvier 2023, les députés de l’opposition les plus virulents (Biram Dah Abeid, Me El Id Ould Mohameden et Mohamed Lemine Ould Sidi Maouloud) parlent d’un bilan «décevant.»

Malgré les conditions favorables, avec une opposition en décrépitude, le pouvoir ne laisse jamais rien au hasard. Au niveau du ministère de l’Intérieur et de la Décentralisation, le plus fidèle des soutiens de Ghazouani, Mohamed Ahmed Ould Mohamed Lemine, passé de Directeur de Cabinet à un ministère qui gère le quotidien des Mauritaniens, est déjà à l’œuvre. Comme à la veille des précédentes élections, il bat le rappelle des formations politiques, reconnues ou non, à la recherche d’un semblant de consensus pour réexaminer- et valider- la loi sur les partis ! Ce qui n’a pas empêché le député Biram Dah Abeid, candidat déclaré à la présidentielle de 2024, après deux tentatives infructueuses en 2014 et 2019, de dénoncer une manipulation cherchant à maintenir le refus de reconnaissance de son parti RAG et des FPC (Forces progressistes du changement), ancien Flam.
Ould Mohamed Lemine qui vient d’opérer un vaste mouvement dans l’administration territoriale se présente toujours comme le « Gardien du temple ». Malgré sa sortie du Palais où il a cédé le poste stratégique de Dircab à Moctar Ould Diay, ancien ministre des Finances de Mohamed Ould Abdel Aziz, il détient toutes les cartes du jeu électoral par l’entremise d’une majorité qui fait de la réélection de Ghazouani le seul objectif qui vaille.

L’opposition en rangs (très) dispersés

L’opposition mauritanienne ne parvient toujours pas à tirer profit des erreurs du pouvoir.
Celui-ci peine à faire face aux questions qui fâchent. Comme les conditions de vie très difficiles n’épargnant que ceux qui ont d’autres ressources « douteuses » leur permettant
de narguer les populations pauvres avec un train de vie dispendieux.
Ou encore ces nominations qui reproduisent des schémas clientélistes à l’approche
de chaque élection.

L’opposition ne comprend surtout pas que ses candidats n’ont aucune chance
face à la machine électorale bien huilée de la majorité, si elle s’obstine à aller
aux élections en rangs dispersés.
C’est le cas de tous les scrutins depuis 2005 à nos jours.
Alors que, face à Taya, en 1992, Ahmed Ould Daddah avait réalisé
un score honorable (32,75%), malgré le bourrage des urnes, l’opposition n’est jamais
parvenue, depuis à dépasser la barre des 20%.
Si Biram Dah Abeid tient toujours le langage d’une opposition
qui campe toujours sur ses positions jusqu’au-boutiste, vilipendant un pouvoir
qu’il accuse de tous les maux, ce n’est plus le cas des autres «oppositions» gagnées
par l’usure du temps (le RFD d’Ahmed Ould Daddah, l’APP
de Messaoud Ould Boulkheir et l’UFP de Mohamed
Ould Maouloud
, tous trois d’anciens opposants de Maaouya Ould Taya, entre 1984 et 2005) ou encore des islamistes de Tawassoul dont beaucoup

de leaders et « argentiers » ont fini par rejoindre le pouvoir avec armes et bagages.
Cette situation morose explique le désintérêt de beaucoup de Mauritaniens pour une élection présidentielle au résultat connus d’avance. Ghazouani, comme Aziz, est assuré de rempiler
pour un nouveau mandat de cinq ans et, déjà, certains voient en l’actuel ministre
de la Défense, un autre général à la retraite, le candidat du pouvoir en 2029 !

Par Mohamed Sneïba, Correspondant Permanent – Nouakchott
Afrimag

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