Mattel : un audit judiciaire sur dix ans de gestion déclenché par BSA Télécommunication
Soupçons de malversations chez Mattel : BSA Télécommunication obtient une expertise judiciaire pour passer au crible la gestion de 2013 à 2022. Une affaire aux ramifications politiques.
Nouakchott – Par la Rédaction | Source : Mauriweb.info
Un parfum de scandale plane sur les étages feutrés de l’opérateur de télécommunications Mattel. Ce fleuron du secteur, détenu par plusieurs actionnaires, fait aujourd’hui l’objet d’une vive controverse judiciaire. Au cœur de l’affaire : une demande d’audit décennal portée par la société mauritanienne BSA Télécommunication, actionnaire de Mattel, dont la démarche met en lumière d’inquiétants soupçons sur la gestion de la société entre 2013 et 2022.
Selon les révélations du site d’information Mauriweb, BSA Télécommunication a saisi la justice mauritanienne pour obtenir la désignation d’un expert indépendant chargé d’examiner en détail les comptes et pratiques managériales de la société sur cette période charnière.
Durant cette décennie, BSA Télécommunication, bien que présente au capital, n’a siégé à aucun moment au conseil d’administration. Ses informations sur la gestion se résumaient à des communications annuelles laconiques, diffusées lors des assemblées générales. Cette opacité est d’autant plus préoccupante qu’elle coïncide en grande partie avec les années de pouvoir de l’ex-président Mohamed Ould Abdel Aziz, aujourd’hui éclaboussé par divers scandales de corruption.
Mais ce qui a véritablement mis le feu aux poudres, c’est une série de transactions financières jugées suspectes, découvertes par BSA en 2022. Celles-ci auraient impliqué certains dirigeants étrangers de Mattel, en collaboration avec un actionnaire mauritanien notoirement proche du régime de l’époque. Face à la gravité des faits présumés, une plainte pénale a été déposée par BSA contre les personnes concernées. Selon des sources judiciaires, l’instruction de cette affaire est actuellement bien avancée.
Dans un souci de transparence, BSA a demandé un audit global de la gestion de Mattel, ainsi que — de manière conservatoire — la suspension provisoire de toute distribution de dividendes, en attendant les conclusions de l’expertise.
Une initiative de bon sens, destinée à protéger les intérêts de tous les actionnaires. Pourtant, cette demande s’est heurtée à une opposition ferme de la part de Tunisie Telecom, actionnaire majoritaire et gestionnaire de Mattel, et de l’autre actionnaire mauritanien, M. Béchir El Hassene. Ces derniers ont formé une alliance de circonstance pour bloquer l’audit. Plus encore, la société Mattel elle-même est mobilisée dans cette stratégie judiciaire, multipliant recours, appels et pourvois pour contrecarrer l’expertise.
Cette résistance farouche soulève une question cruciale : que cherchent-ils à cacher ?
La justice, désormais saisie, a validé l’expertise. Il reste à voir si celle-ci parviendra à lever le voile sur une décennie de gestion opaque, dans un contexte politique où les intérêts privés et les réseaux d’influence continuent de peser sur la gouvernance d’entreprise.
L’affaire Mattel pourrait bien devenir un tournant dans la culture de la transparence en Mauritanie.