Mohamed Ould Maouloud : « La Mauritanie risque l’effondrement »
Mohamed Ould Maouloud alerte sur un blocage politique total en Mauritanie et appelle à un dialogue pour éviter le scénario malien et favoriser une alternance.
Mohamed Ould Maouloud
Dans un entretien exclusif à paraître avec le réseau Al-Siraj, Mohamed Ould Maouloud, président de l’UFP, dresse un tableau alarmant de la situation en Mauritanie. Entre blocage politique interne, menaces extérieures croissantes et absence d’alternance démocratique, il appelle à un sursaut national et met en garde contre un effondrement comparable à celui du Mali, plaidant pour un dialogue inclusif et un pacte républicain.
Le président du parti Union des Forces de Progrès (UFP), Mohamed Ould Maouloud, a déclaré que la Mauritanie souffre d’un blocage politique total, et fait face à un ensemble de problèmes internes latents et à des menaces extérieures pressantes, affirmant que la situation générale du pays ne peut pas durer longtemps sans secousses.
Dans un entretien à paraître prochainement avec le réseau Al-Siraj, Ould Maouloud a affirmé que le pays est confronté à deux options : devenir un État en faillite comme le Mali, ou une démocratie avec une alternance pacifique comme le Sénégal.
Il a souligné que l’horizon politique est fermé à toute alternance démocratique pacifique, ce qui fait craindre de grands dangers, ajoutant que le régime au pouvoir depuis quatre décennies est un régime militaire déguisé en civil, habitué à se recycler et se reproduire, en désignant un nouveau militaire ou une personne gravitant dans l’orbite des militaires, empêchant ainsi tout véritable changement, un phénomène semblable à ce qui s’est produit au Mali voisin, et qui a abouti à l’effondrement de l’État.
Le président de l’UFP s’est interrogé :
« Le régime, avec toutes ses composantes – financières, sociales et administratives – est-il prêt à accepter une alternance pacifique et à se soumettre à la volonté du peuple ? »
Il a ajouté : « Nous les appelons à un terrain d’entente, à se référer à la volonté populaire. Les forces démocratiques leur proposent une alternance comme au Sénégal, au lieu de glisser vers le scénario malien. »
Ould Maouloud a également souligné que la capitale Nouakchott abrite des milliers de jeunes marginalisés, en proie à la délinquance et à la drogue, exposant ainsi le pays à des risques majeurs comme la criminalité et l’insécurité croissante.
Concernant les raisons appelant au dialogue, Ould Maouloud a indiqué qu’il ne faut pas attendre que le danger nous surprenne, appelant à tirer les leçons de ce qui se passe autour de nous, avec deux modèles à observer :
un modèle démocratique avec alternance pacifique au Sénégal ;
un modèle d’effondrement étatique dû au blocage politique, comme au Mali.
Il a déclaré que le régime au pouvoir doit reconnaître son incapacité à gérer le pays, à lutter contre la corruption et à affronter les défis. Il a comparé la Mauritanie à un bâtiment fragile, menacé à tout moment d’effondrement.
Ould Maouloud a aussi alerté sur la situation aux frontières orientales, soulignant que la crise malienne commence à affecter la Mauritanie, avec l’arrivée de 300 000 réfugiés maliens dans la région du Hodh Charghi, un chiffre supérieur à la population combinée des deux Hodh, ce qui met une pression énorme sur les services locaux et pourrait entraîner des tensions avec les autorités locales.
Il a pointé l’impact de la crise malienne sur l’élevage, un pilier de l’économie mauritanienne, en se demandant :
« Avons-nous élaboré un plan pour faire face à cette crise et à ses conséquences économiques et sociales ? »
Il a mis en garde contre une grande secousse sociale si cette situation se poursuit, notamment avec l’effondrement de l’élevage, qui pourrait provoquer des déplacements massifs de populations des villes vers les campagnes, rappelant l’exode rural des années 1970 dû à la sécheresse.
Ould Maouloud a aussi évoqué le danger d’une guerre aux frontières nord du pays, à cause de l’escalade des tensions entre le Maroc et l’Algérie, affirmant que Israël est active dans la région, et qu’il n’est pas exclu qu’elle cherche à attiser un conflit entre les deux plus grands pays du Maghreb.
Il a appelé la classe politique mauritanienne à anticiper les événements, à ne pas se limiter aux stratégies partisanes, mais à défendre les intérêts du pays en menant un dialogue national véritable pour faire face aux défis graves, internes et externes.
Ould Maouloud a expliqué que son parti, l’UFP, en collaboration avec le RFD, a travaillé pour faire avancer le projet de “Pacte Républicain”, document convenu avec le parti au pouvoir, dans le but de désamorcer les tensions internes et de protéger l’unité nationale face aux menaces extérieures.
Enfin, il a exprimé son espoir de voir le dialogue national aboutir, tout en affirmant que son succès dépendra de la volonté du pouvoir d’accepter des compromis sur les questions essentielles, d’abandonner les anciennes pratiques et de répondre aux exigences de changement.
Il a aussi souligné que l’opposition doit comprendre que ses revendications ne peuvent pas toutes être satisfaites, mais qu’il est essentiel de s’entendre sur les questions fondamentales et de parvenir à des compromis pour l’intérêt général du pays.
Il a enfin mis en garde contre la montée des discours haineux, qui ne fait que creuser les divisions sociales et attiser les tensions sur des bases ethniques ou régionales.
soumis par Marega Baba
Source: Rapide info