Madrid s’embrase : une marée humaine contre le gouvernement Sánchez
Des dizaines de milliers de manifestants se sont rassemblés à Madrid ce 8 juin pour demander la démission de Pedro Sánchez. Le Parti populaire intensifie la pression sur un gouvernement fragilisé par les scandales.
Ce dimanche 8 juin à Madrid, la droite espagnole a frappé un grand coup. À l’appel du Parti populaire, des dizaines de milliers de manifestants ont investi les rues de la capitale pour réclamer la démission du Premier ministre socialiste Pedro Sánchez. Entre slogans virulents, drapeaux nationaux et accusations de corruption, cette mobilisation de masse reflète la profonde fracture politique qui agite l’Espagne à deux ans des prochaines élections générales.
Auteur : Ahmed Ould Bettar publié dans Rapide info
Madrid, 8 juin 2025 — La capitale espagnole a connu ce dimanche une mobilisation d’envergure, symbole d’un mécontentement politique grandissant. À l’appel du Parti populaire (PP), principal mouvement d’opposition conservateur, entre 50 000 (selon la police) et 100 000 manifestants (selon les organisateurs) ont envahi le centre de Madrid pour exiger la démission du Premier ministre socialiste Pedro Sánchez.
Arborant des milliers de drapeaux rouge et or, les manifestants ont scandé des slogans explicites comme « Sánchez vete ya » (Sánchez, pars maintenant) ou encore « Mafia ou démocratie », donnant à cette manifestation un ton de défi direct à l’exécutif. Cette démonstration de force politique s’inscrit dans une stratégie bien rodée du PP, qui multiplie depuis deux ans les appels à la rue pour contester la légitimité du gouvernement en place.
Le climat politique est tendu. Le gouvernement Sánchez est affaibli par une série de scandales de corruption qui éclaboussent certaines figures de la majorité. Tandis que le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) tente de conserver le cap jusqu’à l’échéance naturelle du mandat prévue pour août 2027, la pression s’intensifie dans la rue comme au Parlement.
Ce sixième grand rassemblement en deux ans témoigne de l’habileté du PP à canaliser la colère populaire, en la transformant en capital politique. En misant sur la rue, le parti conservateur cherche non seulement à fragiliser la majorité parlementaire mais aussi à s’imposer comme la seule alternative crédible dans un paysage politique fragmenté, où les extrêmes gagnent du terrain.
L’image de cette foule brandissant massivement les couleurs nationales renforce le message du PP : celui d’un peuple qui, selon lui, ne se reconnaît plus dans un gouvernement jugé déconnecté, illégitime et compromis. Pourtant, Sánchez, malgré les turbulences, reste en poste, misant sur les réformes sociales en cours et sur la reprise économique post-COVID pour inverser la tendance.
Cette mobilisation marque une nouvelle étape dans la polarisation de la société espagnole. D’un côté, un pouvoir socialiste mis en difficulté, mais toujours soutenu par une partie de la gauche, de l’autre, une droite déterminée à capitaliser sur les failles du gouvernement. Derrière les drapeaux et les slogans, c’est une bataille d’hégémonie politique qui se joue : celle du récit national, de la moralité publique, et de la légitimité démocratique.
Rapide info avec agences