Libre Expression : Image parlante d’une hégémonie indue
Image parlante d’une hégémonie indue
La structure de l’armée mauritanienne illustre un déséquilibre racial flagrant, où la hiérarchie militaire reflète une hégémonie des Beidane (Maures blancs) sur les Afro-mauritaniens. Cette réalité se manifeste notamment dans la répartition des grades : les officiers supérieurs et les postes stratégiques sont presque exclusivement occupés par des Beidane, tandis que la majorité des soldats et sous-officiers sont noirs, souvent cantonnés aux tâches subalternes ou aux unités les plus exposées.
Cette organisation rappelle des systèmes de domination où une élite ethnique monopolise le pouvoir, reléguant une autre communauté à des rôles d’exécutants. Ce déséquilibre n’est pas qu’une simple coïncidence : il résulte d’une politique systématique d’exclusion et de marginalisation des Afro-mauritaniens au sein des institutions de l’État, et en particulier dans l’armée, où ils sont considérés comme une main-d’œuvre servile plutôt que comme de véritables citoyens en uniforme.
L’image d’une armée où les ordres viennent systématiquement de généraux et colonels Beidane, tandis que les soldats noirs se trouvent en première ligne, illustre une injustice structurelle. Ce déséquilibre rappelle d’ailleurs les purges ethniques des années 1990, où des centaines d’officiers et soldats noirs furent arbitrairement exclus, emprisonnés, voire exécutés, afin de garantir l’hégémonie militaire des Beidane.
Ce système n’est pas seulement une question de répartition des grades : il s’agit d’un outil de domination qui maintient les Afro-mauritaniens dans une position de subordination. Tant que cette injustice perdure, l’armée mauritanienne restera un symbole vivant d’un ordre racial inéquitable, plutôt qu’une institution nationale au service de tous.
Sy Mamadou