Mauritanie

Libre Expression : DIALOGUE OU ENFUMAGE ?

DIALOGUE OU ENFUMAGE ?

Les partisans du président Ghazouani s’efforcent de le présenter comme un dirigeant ouvert à tous, soucieux de l’unité nationale et engagé dans un dialogue inclusif. Pourtant, cette image flatteuse repose sur des affirmations sans fondement concret. La réalité politique en Mauritanie est bien plus complexe, marquée par des tensions ethniques persistantes, des exclusions politiques et un dialogue souvent perçu comme un simulacre destiné à apaiser les critiques plutôt qu’à impulser un véritable changement.

Dès le début de son mandat, le président aurait initié un dialogue national, mais quels en sont les résultats concrets ? La Mauritanie a une longue tradition de dialogues politiques qui ne débouchent sur aucune transformation significative. Ces initiatives, bien que mises en avant par le pouvoir, sont souvent manipulées pour donner l’illusion d’un processus démocratique, tout en maintenant le statu quo. Une question essentielle se pose : quelles mesures effectives ont été mises en place pour garantir l’inclusivité et assurer la mise en œuvre des réformes promises ? À ce jour, aucune avancée majeure n’a été constatée sur les dossiers cruciaux tels que la justice sociale, l’égalité des citoyens et la lutte contre les discriminations systémiques.

Un autre problème fondamental réside dans la sélection biaisée des interlocuteurs du pouvoir. On met en avant des figures historiques de l’opposition, comme Ahmed Ould Daddah et Mohamed Ould Maouloud, qui sont certes des acteurs politiques respectés, mais qui ont montré par le passé une certaine compatibilité avec le régime en place. Pendant ce temps, d’autres acteurs majeurs, notamment ceux issus des mouvements de défense des droits humains et des communautés marginalisées, sont systématiquement ignorés ou exclus des discussions. Ce choix stratégique démontre que le pouvoir ne cherche pas un dialogue véritablement inclusif, mais plutôt une validation politique qui lui permet de conserver une façade démocratique.

La rencontre avec Biram Dah Abeid, souvent mise en avant pour prouver l’ouverture du président, mérite également d’être analysée avec nuance. Certes, Biram est une figure de l’opposition radicale, notamment sur les questions de l’esclavage et des discriminations raciales, et son poids électoral est indéniable. Mais le simple fait de l’inviter à une réunion ne signifie en aucun cas une reconnaissance de ses revendications. Il est crucial de s’interroger : cette rencontre a-t-elle conduit à des avancées réelles sur les questions qu’il défend, ou s’agit-il simplement d’un geste symbolique destiné à désamorcer les critiques nationales et internationales ?

En fin de compte, les Ghazouanites tentent de légitimer un pouvoir qui ne cherche pas tant à instaurer un véritable dialogue qu’à contrôler l’opposition en sélectionnant soigneusement ses interlocuteurs. Derrière cette mise en scène politique, la réalité demeure inchangée : l’exclusion de certaines voix, la marginalisation des revendications essentielles et l’absence de réformes concrètes perpétuent les inégalités et l’injustice en Mauritanie.

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Sy Mamadou

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