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Lettre ouverte adressée à Madame Yacine FALL, Ministre de l’Intégration Africaine et des Affaires étrangères du Sénégal

Lettre ouverte adressée à Madame Yacine FALL, Ministre de l’Intégration Africaine et des Affaires étrangères du Sénégal
Contributions 23 octobre 2024 Babacar NDOUR
À Madame Yacine FALL, Ministre de l’Intégration Africaine et des Affaires étrangères du Sénégal

De Rufisque à Saint-Louis en passant par Bargny et Mbouretc… Des milliers de Sénégalaises et Sénégalais ont fait le choix de se lancer dans des embarcations pour rejoindre ‘l’Eldorado’, l’Europe, au péril de leur vie.

Selon l’ONG non gouvernementale espagnole CaminandoFronteras, au cours des cinq premiers mois de 2024, plus de 5000 personnes sont mortes en essayant de rejoindre l’Espagne par la mer. Il s’agit du nombre de décès le plus élevé depuis que l’ONG a commencé à collecter des données en 2007.

A la recherche de l’extase et pour y parvenir, ils utilisent tous les moyens à leur disposition. Estimant que la fin justifie le moyen. Leur espoir de réussite dans le pays qui les a vus naître, le Sénégal, a été complètement gâché, hélas. L’immigration irréguliére est la seule alternative qui dont -ils disposent.

Ils partent des côtes sénégalaises, marocaines ou de la Mauritanie. Après plusieurs essais infructueux sur l’axe Dakar Espagne, certains d’entre eux ont opté pour un changement de lieu de départ. C’est ce qui les incite à se tourner vers le Maroc ou la Mauritanie, où certains sont restés coincés depuis des années.

Bien qu’ils aient de nombreuses incertitudes, ils sont convaincus de pouvoir conquérir l’Europe un jour. Toutes ces traversées, toutes aussi périlleuses les unes que les autres, ont causé la destruction de familles entières provenant de toutes les régions du pays.

Un phénomène qui perdure depuis des années et que les dirigeants ne parviennent pas à stopper, malgré tous les efforts déployés par les autorités, qui ne font que constater les dégâts. Le travail de la marine sénégalaise est remarquable, bien qu’il soit insuffisant, pour résoudre définitivement ce problème.

Les autorités étatiques, y compris l’armée, sont impuissantes, mais elles doivent être conscientes que des solutions existent, en particulier dans les relations diplomatiques entre le Sénégal et ces pays.

Le Nicaragua est un itinéraire que beaucoup de nos concitoyens ont emprunté pour se rendre aux États-Unis. Il convient de souligner que cet axe présente les mêmes risques que celui de la Méditerranée. La plupart des candidats qui sont passés par le Nicaragua ont d’abord eu recours aux ambassades.

Certes, beaucoup de nos frères sont parvenus à entrer dans le pays, mais combien ont péri sur le chemin ? Un grand nombre d’entre eux ont été dépouillés de leur argent de poche ou de leurs téléphones, et certains ont même été tués par les soldats ou des rebelles.

Ceux qui résident dans les camps sont toujours exposés au risque d’être renvoyés.

Pendant ce temps, des milliers de jeunes Sénégalaises et Sénégalais sont dans l’attente d’une petite réponse des ambassades, surtout celle du Canada.

Je demande à Monsieur le Président de la République, SE Bassirou Diomaye FAYE, et au Premier Ministre de trouver rapidement une solution à ce problème. Ce sont des professionnelles de divers secteurs d’activité ou des étudiants qui veulent voyager et qui remplissent toutes les conditions, mais qui se voient refuser le visa.

Au Sénégal, les autorités diplomatiques des pays étrangers ne valent aucun respect à la population sénégalaise.

Pourquoi sommes-nous obligés d’accepter cette situation ?

Sur quoi ils se basent pour refuser une demande ?
Il est pratiquement impossible d’obtenir un visa, sauf si vous êtes une autorité ou une personne malade. Mis à part ceux-ci, seule une petite partie de la population parvient à obtenir le visa. Depuis la pandémie de covid-19, les délais de traitement et les frais de dossier ne cessent de croître de manière vertigineuse.

Ces représentations devraient nous montrer plus de considération pour les démarches. Il est compréhensible que chaque pays ait sa propre politique migratoire, mais quelles sont réellement les règles ? Au Sénégal, le processus est complètement biaisé, que ce soit pour les dépôts ou le traitement des dossiers, et même pour les motifs de rejets.

Jusqu’à présent, les frais de dossier sont non remboursables. Alors, qu’en est-il des documents fournis lors des dépôts ? Quelle est la raison de les conserver ?

Ces pratiques démontrent que ces représentants ne sont là que pour leurs propres affaires. En réalité, la priorité d’un consultât devrait être de consolider les partenariats entre les pays, mais pas de faire des profits sur les populations.

Aucune information sur l’état des dossiers n’est fournie par la VFS. Il est encore plus préoccupant que les principaux intéressés ne disposent d’aucun moyen pour obtenir des réponses sur leurs dossiers. Cela démontre clairement un manque total de respect envers les Sénégalais.

Comment est-ce que le traitement d’un dossier peut prendre plus de 12 mois ?

Qu’est-ce qui explique cette lenteur ?

Chers représentants, il est temps de mettre un terme à cette situation. Nous ne demandons pas le respect, nous l’exigeons. Votre système de délivrance de visa souffre d’une défaillance qui est l’une des principales causes de l’émigration clandestine.

Toutes les voies officielles pour avoir un visa leur sont fermées. Ainsi, ils ne leur restent que la Méditerranée. C’est nos familles qui en subissent les conséquences dans cette situation.

À travers cette lettre, j’invite Madame Yacine FALL, Ministre de l’Intégration Africaine et des Affaires Étrangères, à se surpasser par rapport à ses prédécesseurs. Nos relations diplomatiques doivent être renforcées. Il est temps de privilégier l’intérêt des Sénégalais avant toute autre chose.

Cheikh Makhfou THIAM

Étiquettes: Lettre ouverte, Madame Yacine FALL, Ministre de l’Intégration Africaine et des Affaires étrangères du Sénégal

Source: azactu.net

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