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*Les juntes militaires du Sahel : quand l’uniforme trahit le peuple*

Les juntes militaires du Sahel

Il fut un temps où les militaires étaient vus comme les défenseurs de la nation, garants de l’unité et de la sécurité. Mais aujourd’hui, dans le Sahel, ces mêmes militaires se sont arrogé le pouvoir politique au nom d’une prétendue mission de salut national. Derrière les discours de rupture, d’orgueil souverain et de « révolution » se cache une réalité brutale : les juntes militaires du Mali, du Burkina Faso et du Niger sont en train de précipiter leurs pays – et au-delà, toute une sous-région – dans l’impasse. C’est une trahison du peuple, une imposture politique, et un immense gâchis pour l’Afrique.
Les juntes ont toutes promis sécurité et restauration de l’ordre. Mais après plusieurs mois, voire années, le constat est implacable : l’insécurité s’aggrave, les populations civiles sont de plus en plus victimes de violences, et les armées elles-mêmes subissent des pertes importantes. Les militaires ne sont pas mieux préparés que les civils à gouverner un État. Gouverner, ce n’est pas commander une troupe. C’est dialoguer, construire, écouter, réformer. Ce qu’aucune de ces juntes ne fait réellement.
Derrière les drapeaux brandis et les discours musclés, les juntes imposent une logique autoritaire : répression des voix critiques, arrestations arbitraires, fermeture des médias, culte de la personnalité… Ce n’est pas du patriotisme, c’est une confiscation du pouvoir. Et pendant ce temps, les vrais problèmes – pauvreté, chômage, éducation, santé – sont relégués au second plan.
En rompant avec leurs partenaires historiques, en insultant des institutions régionales (comme la CEDEAO) et en se tournant vers de nouveaux alliés comme la Russie ou les mercenaires de Wagner, ces régimes jouent avec le feu. Ce n’est pas de la souveraineté, c’est de l’improvisation stratégique. Ils ne remplacent pas une domination par une liberté, mais par une autre forme de dépendance, encore plus dangereuse.
Les jeunes, qui ont soif de changement, ont été abusés par les slogans virulents et les gestes de rupture. On leur fait croire que l’avenir se trouve dans l’uniforme, le nationalisme de façade et l’exclusion du reste du monde. Mais le vrai courage politique serait de réformer les institutions, d’ouvrir le champ démocratique, de lutter contre la corruption, pas de suspendre les constitutions au son des bottes.
Les juntes militaires du Sahel ne sont pas la solution, elles sont un leurre. Leur maintien au pouvoir est une régression historique pour une région déjà fragilisée. L’Afrique ne peut pas se permettre de perdre encore une génération à cause de leaders sans vision et de projets sans lendemain. Le réveil sera brutal si les peuples ne reprennent pas leur destin en main.

Mamadou Moustapha Bâ

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