Les élections en Mauritanie confortent le parti présidentiel

Les élections en Mauritanie confortent le parti présidentiel
Par Laurent Soucaille
Publié le 22 mai2023 – Magazine de l’Afrique
Le président Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani sort renforcé des scrutins locaux et législatifs du 13 mai 2023. Le deuxième tour, prévu le 27 mai, ne devrait pas modifier pas la donne.

On les présentait comme des élections test, à un an des échéances présidentielles. Les multiples – six, dont un réservé aux jeunes et un aux femmes ! – scrutins nationaux et locaux organisés en Mauritanie, le 13 mai 2023, ont apporté une victoire nette au parti au pouvoir, selon les résultats publiés le 21 mai. Si les oppositions dénoncent des « fraudes énormes », le président Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, dont le mandat a débuté en 2019, voit son autorité renforcée. Tout d’abord par le taux de participation, entre 71% et 72% selon les scrutins.

« Nous savions que nous avions un bilan efficace et une campagne robuste. Notre machine de campagne électorale est beaucoup plus puissante que les autres. Il y a beaucoup de proximité, cela a donné du résultat. »

La Ceni (Commission électorale nationale indépendante) a salué la participation « massive du peuple mauritanien dans le calme et la discipline », lors du vote.

Le parti présidentiel El Insaf et ses alliés obtiennent, dès le premier tour, 116 sièges de députés sur 176 à pourvoir ; l’opposition 24 sièges, dont neuf pour le mouvement islamiste Tewassoul.

Un second tour se déroulera le 27 mai afin d’attribuer 36 autres postes de députés. .

Le parti au pouvoir emporte également les treize conseils régionaux en jeu et emporte 165 communes sur 238. Le reste des communes se partage entre des partis de la majorité présidentielle et l’opposition.

Tous les résultats ont été publiés par la Ceni, mais doivent être validés par la Cour suprême. Vingt-cinq partis étaient représentés, mais le parti El Insaf était le seul à présenter des candidats dans chaque circonscription. Il l’a donc emporté sur le mouvement islamiste Tewassoul et le parti Sawab, d’obédience nationaliste arabe, qui profite d’une alliance avec Biram Dah Abeid, deuxième de la dernière présidentielle. La formation du militant antiesclavagiste n’est pas autorisée ; la formation à laquelle il s’était rattachée, Sawab-Rag, obtient moins de sièges qu’attendu. À noter que la nouvelle coalition FRUD obtient six sièges.

Une organisation complexe

De leur côté, les partis de l’opposition avaient, dès le 13 mai, dénoncé des « fraudes énormes ».

Quelques formations pourtant proches de la mouvance présidentielles ont également reconnu « des manquements et des faiblesses notoires dans le fonctionnement de la Ceni ». Il est vrai que le scrutin a été un temps suspendu.

Pourtant, « la Ceni partage avec la classe politique la volonté et l’ambition fermes d’organiser des élections sans griefs », a indiqué son président, reconnaissant « les difficultés énormes auxquelles elle a dû faire face dans la tenue » des scrutins.

La campagne s’est déroulée dans un climat apaisé. En début d’année, opposition et pouvoir s’étaient mis d’accord sur le calendrier et l’organisation des scrutins. De leur côté, les observateurs constatent que les présidents mauritaniens ont toujours eu une forte majorité à l’Assemblée depuis l’instauration du multipartisme en 1991.

Les Mauritaniens célèbrent la victoire du président ghazouani aux élections de 2019
Les Mauritaniens célèbrent la victoire du président ghazouani aux élections de 2019

Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, 66 ans, est un général. Il est considéré comme l’un des artisans de la réussite mauritanienne face au djihadisme depuis 2011, dans ses fonctions précédentes de chef de l’armée. Jusqu’à présent, il n’a pas exprimé ses intentions quant à une candidature à un deuxième mandat, mais celle-ci laisse peu de place au doute.

« El Insaf va sécuriser une majorité dans toutes les élections et le président Ghazouani va renforcer ses chances d’être réélu en 2024 », estimait, avant les scrutins, Adam Hilelly, analyste au sein de 14 North Strategies, cité par l’AFP.

Le président Ghazouani s’est fixé la lutte contre la pauvreté comme l’une de ses priorités ; la hausse du coût de la vie est l’une des préoccupations principales des Mauritaniens.

« Nous savions que nous avions un bilan efficace et une campagne robuste. Notre machine de campagne électorale est beaucoup plus puissante que les autres. Il y a beaucoup de proximité, cela a donné du résultat », a commenté le vice-président de El Insaf, cité par RFI. « Compilons et comptons le nombre de bureaux sur lesquelles il y aurait eu des irrégularités dont nous demandons la correction intégrale et vous verrez que ça n’impacte absolument pas cette élection », a-t-il ajouté au sujet des accusations de fraude.

@NA

Source: magazinedelafrique

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