Les échos troublants de la diplomatie française au Sahel : entre Scoop et Propagande
Les échos troublants de la diplomatie française au Sahel : entre Scoop et Propagande
Dans le paysage complexe des relations internationales, la France semble naviguer dans des eaux troubles lorsqu’il s’agit de ses relations avec le Sénégal et la Mauritanie. Cette question, loin d’être anecdotique, soulève des interrogations profondes sur le rôle des médias français dans la région, souvent perçus comme des instruments de pouvoir, voire de manipulation. Dans un contexte où les relations entre Dakar et Nouakchott s’épanouissent, la présence de RFI (Radio France Internationale) à Saint-Louis, avec l’envoie spéciale de Léa-Lisa Westerhoff, n’est pas qu’un simple fait divers. C’est un signal, une onde de choc qui fait trembler les fondements de la diplomatie française.
Pourquoi RFI, à ce moment précis, décide-t-elle de se concentrer sur un scoop migratoire, sans se soucier des conséquences sur les relations diplomatiques déjà établies entre ces deux nations ? En effet, alors que les autorités sénégalaises et mauritaniennes travaillent main dans la main pour améliorer les conditions des migrants et des pêcheurs, l’arrivée d’une envoyée spéciale pour relater ces histoires de manière sensationnelle semble s’apparenter à une provocation. C’est comme si, dans un concert harmonieux, un musicien décidait de jouer une note dissonante, attirant l’attention sur un détail au détriment de la mélodie générale.
Les médias, en tant qu’acteurs de la scène publique, ont le pouvoir de façonner les opinions et d’influencer les discours. Or, dans le cas présent, il semble que la France utilise ses médias non pas pour construire un dialogue ouvert et constructif, mais pour exacerber des tensions et raviver des divisions. En période de Ramadan, période de paix et de réflexion, l’ombre d’une telle démarche soulève des interrogations éthiques : est-il vraiment nécessaire de provoquer des discordes pour attirer l’attention ?
Les citoyens du Sénégal et de la Mauritanie, qui collaborent pour faire face aux défis migratoires et économiques, méritent une couverture médiatique qui reflète leur réalité et leurs efforts communs. Les autorités de ces deux pays se battent pour surmonter des crises humanitaires, et il serait préférable que les médias français apportent leur soutien plutôt que de jouer les architectes de conflits. Épargnez-nous, en ce mois béni, de vos scoops qui, à l’instar d’un feu de paille, ne font que créer des flammes éphémères au lieu d’allumer un véritable débat constructif.
Ainsi, la question se pose : quel est réellement le rôle des médias dans le contexte de la diplomatie française ? Loin d’être un simple relai d’informations, ils peuvent devenir des acteurs de la division. Alors, que faire ? Peut-être qu’une invitation à la réflexion, une volonté de coopérer et de construire, serait un meilleur chemin à emprunter. En attendant, il serait sage de renvoyer des envoyées spéciales là où elles peuvent réellement contribuer, ou de les rediriger vers des régions où le besoin d’information est criant, comme au Maroc, par exemple, où la réalité des migrants est tout aussi pressante et mérite une attention éclairée. Circulons donc, laissons derrière nous les discours vides et ouvrons la voie à une diplomatie française véritablement engagée.
Ahmed Ould Bettar