Le Volcan de l’Identité : l’Urgence d’un sursaut citoyen en Mauritanie

Le Volcan de l’Identité : l’Urgence d’un sursaut citoyen en Mauritanie

Sous les cendres de notre nation sommeille un volcan. Un volcan dont les grondements se font de plus en plus audibles, ébranlant les fondations mêmes de notre fragile unité. Ce volcan a pour nom tribalisme, ethnisme et communautarisme. Depuis trop longtemps, nous avons cru qu’il était endormi, que son magma s’était figé sous l’épaisse couche de nos illusions de stabilité. Mais voici qu’il menace d’entrer en éruption, libérant des torrents de divisions et d’animosité qui risquent d’embraser notre société tout entière.

Les signes avant-coureurs sont là, visibles à qui sait lire les frémissements de la terre sociale. Partout, les discours identitaires s’exacerbent, les appartenances tribales, ethniques et communautaires deviennent des étendards brandis au détriment du vivre-ensemble. Loin de servir une cause nationale, ces clivages nous enferment dans des bastions où le mérite s’efface devant l’appartenance, où l’injustice trouve refuge derrière les intérêts de groupes, et où l’idéal républicain s’érode sous le poids de la fragmentation.

Face à cette menace, il ne s’agit plus de temporiser ni de détourner le regard, comme l’ont fait tant de générations avant nous. L’heure est venue pour les acteurs politiques, toutes obédiences confondues, de se lever et d’affronter ce mal à bras-le-corps. Gouvernants et opposants, intellectuels et citoyens engagés, chacun doit prendre la mesure du péril qui nous guette et agir avec courage pour étouffer ce feu avant qu’il ne consume notre maison commune.

L’urgence commande des mesures fortes, des gestes symboliques et concrets à la fois. Il faut cesser de flatter les appartenances au détriment de la compétence et du bien commun. Il faut reconstruire l’école mauritanienne pour qu’elle devienne le creuset d’une citoyenneté partagée, où l’enfant apprend avant tout qu’il appartient à une nation et non à un clan. Il faut réformer l’administration, extirper les réflexes clientélistes et promouvoir une gouvernance où seule la compétence dicte les choix. Enfin, il faut redonner aux Mauritaniens un récit commun, une mémoire collective qui ne soit pas morcelée entre communautés, mais qui célèbre l’histoire partagée d’un peuple unifié par la diversité et non divisé par elle.

Si nous tardons, si nous nous contentons de replâtrages de surface et de discours convenus, alors le volcan finira par vomir sa lave. Et lorsque les flammes de la division auront consumé nos liens sociaux, il sera trop tard pour pleurer sur les cendres de ce qui aurait pu être une nation forte et solidaire.

Le temps n’est plus aux hésitations. Le sursaut citoyen est une nécessité impérieuse. L’avenir de la Mauritanie dépend de notre capacité à étouffer les braises du repli identitaire avant qu’elles ne s’embrasent et réduisent en poussière l’édifice national. Tous ensemble, nous devons agir, et vite, avant que le volcan ne s’éveille pour de bon.

Ahmed Ould Bettar