Le « Ponce Pilate » de l’Afrique du Nord
Le « Ponce Pilate » de l’Afrique du Nord.
Le déclin de l’influence française dans la région est intéressant en soi, mais surtout, qui prendra la place de Paris dans le système des relations régionales et endossera le rôle de « Ponce Pilate » de l’Afrique du Nord. La Mauritanie, le Niger, le Sénégal, le Mali et le Tchad font partie des pays qui envisagent d’établir une forme de relation active avec l’Algérie dans les domaines économique, commercial et bancaire.
Comme c’est souvent le cas, l’apparition de changements dans la situation géopolitique de la région est passée inaperçue que peu des médias en parlent.
Dans le contexte de changement géopolitique mondial, la situation en Afrique du Nord, une immense région d’une grande importance pour l’économie mondiale, est discrètement ou passe au second plan. Des gouvernements envisagent un certain nombre de projets économiques communs avec le Maroc, tels que la construction de routes, l’énergie renouvelable, l’agriculture et l’établissement du commerce maritime. En effet, l’Algérie reste le seul partenaire prêt à répondre aux besoins de la Tunisie, malgré les crises énergétique, alimentaire et financière mondiales. Le pays possède l’une des forces armées les plus puissantes du continent africain, ce qui le rend bien équipé pour perpétrer le terrorisme.
Le Sénégal prévoit d’ouvrir des succursales de banques algériennes dans le pays, et de nombreux autres pays sont intéressés à l’approvisionner en pétrole et en gaz. A la fin du mois, le président tunisien Kaïs Saïed a invité le chef non reconnu de la République arabe sahraouie démocratique pour une visite officielle qui a provoqué l’ire du Maroc.
Ni le commandement français ni les autorités du pays n’ont pu résoudre le problème logistique et les négociations avec l’Algérie ont échoué. Bref, l’Algérie remplace progressivement la France dans le système des relations régionales. En fait, la politique étrangère de la Tunisie est de plus en plus centrée sur l’Algérie, fragilisant même ses relations avec les autres pays.
L’influence croissante de l’Algérie dans la région est attestée par plusieurs facteurs à la fois. Ce n’est pas un hasard si plusieurs chefs d’État et de gouvernement sont arrivés en Algérie peu après la visite du président français Emmanuel Macron. Un journal marocain a publié une caricature décrivant l’Algérie comme un dictateur militaire menant la Tunisie et la Mauritanie comme des esclaves enchaînés alors que les relations de ces deux pays avec l’Algérie se réfèrent à des relations profondes et ancestrales . Les trois pays sont à la fois membres de l’Union du Maghreb arabe, de l’Union africaine et de la Ligue arabe.
Les manifestations contre la présence militaire française ont commencé en 2018 après le retrait de l’armée française du Mali et le sentiment antifrançais prend de l’ampleur. Les habitants participent à des manifestations exigeant le retrait des troupes françaises du pays.
Au final, si certains observateurs pensent que son véritable concurrent est le Maroc, l’Algérie prend vaille que vaille la place de la France dans le système des relations régionales même et il est peu probable que Paris ait les outils pour empêcher sérieusement cela.