Le Makhzen dans la tourmente du Marocgate

Lâché de toutes parts : le régime de Rabat dans la tourmente du Marocgate

Le Makhzen dans la tourmente du Marocgate.

Contribution de Mohsen Abdelmoumen – Nous assistons à une véritable dégringolade du Makhzen marocain qui voit ses principaux sbires poursuivis par la justice belge suite aux aveux du désormais «repenti» Pier Antonio Panzeri, qui s’est mis à table devant le juge Michel Claise et qui déballe tout ce qu’il sait. Il faut dire que depuis les années que Panzeri travaille pour le royaume de la prostitution, de la pédophilie, du cannabis et de la corruption, il a bien des choses à raconter. C’est ainsi que plusieurs ressortissants marocains font l’objet d’un mandat d’arrêt déposé par le Parquet belge auprès des autorités françaises. Ils sont susceptibles d’être arrêtés s’ils viennent en France où vivent leurs enfants et où ils ont un pied-à-terre. Parmi eux, citons Abderrahim Atmoun, l’ambassadeur marocain à Varsovie, qui a été président de la commission parlementaire mixte Maroc-UE entre 2011 et 2019 et qui s’est spécialisé dans les enveloppes et les paquets cadeaux, citons aussi Yassine Mansouri, le patron de la DGED (service de renseignement extérieur marocain), qui chapeautait cette énorme affaire de corruption en tirant les ficelles derrière le rideau, et Mohamed Belharch, l’un de ses agents déjà bien connu pour ses frasques en Europe, notamment dans les années 2010, lorsque son épouse Naima Lamalmi était copropriétaire avec la femme d’un autre agent, Noureddine Ziani, d’une agence de voyages près de Barcelone, Aya Travels Tours, qui servait de laverie pour blanchir de l’argent. Naziha El Montasser, épouse du secrétaire général du Conseil de la communauté marocaine à l’étranger, Abdallah Boussouf, était la troisième larronne de cette amicale de nettoyage dans laquelle transitaient plus de 2 millions d’euros par an.

Des «stages» en Belgique : en veux-tu, en voilà

Que ces messieurs se rassurent, ils ne seront pas en terrain étranger dans les prisons belges puisque celles-ci regorgent littéralement de locataires à double nationalité belgo-marocaine qui en sont les principaux pensionnaires, au point où les Belges plaisantent entre eux en nommant «stages» ces séjours réguliers dans les différentes prisons de cette multitude de petits dealers et malfrats sans envergure. De plus, Mansouri et Cie y retrouveront leurs «partenaires» et amis européens Eva Kaili, Antonio Panzeri, et Marc Tarabella – Francesco Giorgi ayant été libéré et placé sous bracelet électronique depuis le 23 février –, qui continuent à profiter de l’hospitalité belge dans leurs cellules respectives, au grand dam de leurs avocats qui ont demandé, en vain, qu’ils soient remis en liberté, à l’instar du conseil qu’Eva Kaili s’est choisi et qui n’est autre que Sven Mary, l’avocat belge qui a défendu les terroristes Salah Abdeslam et Fouad Belkacem. On peut se demander pourquoi Eva Kaili a engagé un avocat spécialisé dans les affaires de terrorisme. Admettons que Kaili ait eu envie de s’offrir les services d’un avocat vedette qui s’est voué aux causes désespérées, mais comment le paye-t-elle puisque tous ses comptes sont gelés ? Est-ce lui qui a offert ses services pour sa propre notoriété ? Quoi qu’il en soit, réputé pour être procédurier, Sven Mary a essayé d’émouvoir la Chambre du conseil de Bruxelles pour qu’elle relâche sa cliente sous prétexte qu’elle est avant tout une maman mais cela n’a pas marché, Eva Kaili reste en prison. On a beau être une star du barreau, les effets de manche ne marchent pas à tous les coups.

Le rossignol des Tarabella chante

Puisque nous sommes dans le rayon des violons, c’est au tour de la famille Tarabella de chercher à attendrir les juges pour qu’ils libèrent le bourgmestre wallon et eurodéputé. La fille de Tarabella fait dans littérature pénitentiaire en publiant sur les réseaux sociaux un «poème» dédié à son père, que la «presse» locale s’est bien sûr empressée de diffuser en parlant de «message poignant». Cette dame a beau s’indigner et s’exclamer que son papa est traité injustement, d’après les aveux de Panzeri, le papa en question a déjà reçu plusieurs enveloppes entre juin 2019 et juin 2022 pour un montant total de 120 000 à 140 000 euros, la première tranche de 20 000 euros lui ayant été remise dans un café de St Gilles à Bruxelles. Il était prévu de lui verser en tout 250 000 euros.

Trêve de larmoiements, nous assistons surtout à une bataille de procédures, histoire pour les avocats de gagner du temps et de montrer qu’ils travaillent. Par exemple, Marc Tarabella (le papa), qui crie ses grands dieux qu’il est innocent, a déposé une requête en récusation contre le juge d’instruction Michel Claise par l’intermédiaire de son avocat, pour «violation de la présomption d’innocence». Le juge Claise a été suspendu en attendant qu’il fasse opposition, et il a fallu trouver dare-dare une magistrate pour le remplacer. Michel Claise n’a pas tardé à contester cette tentative de le priver de son enquête et c’est désormais à la Cour d’appel de Bruxelles de trancher, ce qu’elle fera le 7 mars. Nous délivrons cette dernière précision pour informer certains titres de la presse algérienne qui avaient déjà enterré le juge Claise. L’histoire n’est pas finie, Messieurs, et Michel Claise n’a pas l’intention de se faire évincer si facilement !

Lara Comi, la pro des systèmes criminels

Plus l’enquête avance, plus on se rend compte que l’affaire est bien plus conséquente que ce que l’on imaginait. Si la police belge a récupéré environ 1,5 million d’euros au cours des perquisitions en décembre dernier, on parle à présent de plusieurs millions d’euros qui ont été remis aux principaux suspects du Marocgate et du Qatargate, le Qatar ayant bénéficié du réseau mis en place depuis des décennies par le Maroc, ce que nous n’avons cessé de dire dans nos différents articles consacrés à cette entité voyou. Ce sont donc deux affaires différentes mais étroitement imbriquées qui sont l’objet d’une enquête approfondie de la part du Parquet belge. Lorsque le juge Claise déclare : «Nous sommes entièrement dévorés par les organisations criminelles», il y a de quoi s’inquiéter. Quand on sait que d’autres noms d’eurodéputés commencent à apparaître dans l’enquête, on comprend que le juge Claise ne fait pas ce genre de déclaration sans savoir de quoi il parle. Et c’est ainsi qu’un nouveau nom fait surface, celui de Lara Comi, une eurodéputée italienne de Forza Italia, bien connue de la justice et qu’un juge d’instruction italien a décrite de la manière suivante : «Malgré son jeune âge, Lara Comi a fait preuve d’expérience dans l’utilisation de systèmes criminels éprouvés.» Un fameux pédigrée.

Et le Qatargate ?

Parlons donc un instant du volet «Qatargate» beaucoup moins important que le Marocgate, car plus récent, mais tout de même intéressant puisqu’il révèle l’ampleur de la corruption des élus européens. Les enquêteurs belges ont identifié le cerveau qui n’est autre que le ministre du Travail qatari, Ali bin Samikh Al Marri. C’est lui qui contrôlait Antonio Panzeri, lequel dirigeait son staff constitué d’Eva Kaili, Francesco Giorgi, Andrea Cozzolino, Alessandra Moretti, Marc Tarabella et… Marie Arena. Eh oui, ce que nous soupçonnions dès notre premier article sur le Marocgate, à savoir que Marie Arena – que les Algériens connaissent bien pour ses attaques répétitives contre l’Armée algérienne et l’Algérie – était impliquée dans cette vaste affaire de corruption est confirmé. Elle est dans le collimateur du juge Claise puisque son nom associé à celui de sa collègue italienne Alessandra Moretti est cité dans le mandat d’arrêt d’Andrea Cozzolino délivré le 10 février dernier. On savait qu’elle a la mémoire chancelante, ayant «oublié» de signaler un séjour, tous frais payés, au Qatar, mais aussi au Liban et au Burkina Faso, on savait également qu’elle apprécie un certain confort depuis «l’affaire de la douche» qui avait défrayé la chronique belge en 2004, mais c’est surtout l’examen du téléphone portable d’Antonio Panzeri qui vient apporter un éclairage sur l’implication d’Arena et de Moretti dans ce grand scandale de corruption.

En effet, en décembre 2021, après une réunion qui s’était tenue au sein des instances européennes sur une résolution concernant le Qatar, Antonio Panzeri a reçu deux SMS de l’assistant parlementaire Giuseppe Meroni dont voici la teneur : «Qatar résolu» et «Le quadriumvirat Cozzolino, Moretti, Arena, Tarabella a frappé avec précision, attention et efficacité.» Panzeri, qui n’était plus député à cette époque et qui n’a donc pas pu assister à la réunion, avait donné des instructions à ce quatuor – qui n’a rien d’un quatuor à cordes – pour influer sur la résolution. Après la réunion, Panzeri a reçu le rapport des débats par Marie Arena ainsi que par Francesco Giorgi qui était l’un de ses anciens assistants et qui travaillait alors pour Cozzolino. On comprend pourquoi Ursula von der Leyen ne veut pas fournir son portable bourré de SMS échangés avec son ami, le patron de Pfizer, Albert Bourla. Car ces engins du diable regorgent d’informations, même lorsqu’elles sont effacées, et ce n’est pas le Makhzen qui a utilisé le logiciel Pegasus pour espionner des dizaines de milliers de personnes, dont Emmanuel Macron et Pedro Sanchez, qui va nous contredire.

Qatar ou Maroc : l’argent n’a pas d’odeur

Qatar ou Maroc, pour le réseau de Panzeri, peu importe d’où venait l’argent pourvu qu’il vienne. Panzeri a reconnu avoir déjà reçu de Francesco Giorgi, qui faisait office de «comptable», plus de 2.6 millions d’euros de diverses provenances qui ont été redistribués aux membres du réseau mafieux. Ces gens bouffaient à tous les râteliers sans état d’âme, se volant entre eux, Panzeri ayant avoué avoir empoché 500 000 euros sans en informer son «comptable». On apprend également aujourd’hui que Panzeri a fait de nombreux séjours, tous frais payés, à la Mamounia de Marrakech en compagnie de quelques amis dont Kaili et Giorgi. Echange de bons procédés, il a invité quatre fois son ami Abderrahim Atmoun en Italie. On apprend aussi qu’en octobre 2018 les deux compères ont séjourné une semaine à Cuba aux frais de la princesse. Pauvre Cuba qui voit débarquer de tels gangsters sur son sol.

Le mandat d’arrêt d’Eva Kaili mentionne que des «sommes d’argent substantielles ont été versées secrètement, en espèces, depuis le Maroc et le Qatar» et Kaili est décrite comme étant l’organisatrice principale ou la comandataire du système de corruption et de blanchiment d’argent. On sait que 150 000 euros en petites coupures ont été découverts dans son appartement et que son propre père se baladait avec une valise contenant 750 000 euros. Mais l’enquête révèle que les sommes en jeu s’élèvent à plusieurs millions d’euros. Il apparaît aussi qu’Eva Kaili a appelé Panzeri ainsi que deux autres eurodéputés dont on ignore le nom aussitôt après l’arrestation de son compagnon Francesco Giorgi, le 9 décembre dernier. Le mandat présente Giorgi, le compagnon de Kaili, comme étant l’intermédiaire entre Panzeri et Kaili. Les ordres de Panzeri passaient par Francesco Giorgi, et il s’adressait à celui-ci lorsqu’il voulait diriger le comportement de Kaili. Il souligne un incident où Panzeri était contrarié par le fait que Kaili parle à une mystérieuse «Hollandaise» avec laquelle Panzeri voulait que Kaili cesse tout contact. Il aurait dit à Giorgi que «ce serait une bonne idée de lui dire d’arrêter». On le voit, Panzeri était le véritable chef de bande à qui ses subordonnés devaient obéir au doigt et à l’œil. Une sorte de «parrain» en somme et ce n’est pas pour rien s’il a adopté aujourd’hui le comportement des mafieux arrêtés en choisissant d’être un «repenti».

Source: algeriepatriotique

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