L’assassinat de Souvi | Par Béchir Fall

L’assassinat de Souvi | Par Béchir Fall
Absent de Facebook depuis presque une semaine je reprends enfin mon souffle après qu’il fut coupé brutalement par les événements tragiques de la semaine dernière qui m’ont laissé sans voix et prostré dans d’interminables interrogations sur la cruauté et l’abomination de cet assassinat de Souvi Ould Cheine. J’étais stupéfait par les résultats de l’autopsie que tout le monde a vécu en direct. Abassourdi certes, mais sans doute plus dévasté que le commun des citoyens, je continue de repenser à la mort de ce symbole, devenu l’icône de la Nation tout entière et à la terrible l’expression « deux vertèbres cervicales fracturées » qu’on peut traduire, en langage plus accessible, à un véritable assassinat commis par une meute de policiers enragés.

Je ne serai pas naïf comme une partie de notre élite prête à défendre un système tordu qui l’abreuve depuis des décennies en évoquant une bavure policière. Une bavure n’est pas planifiée, ni préparée à l’avance comme le fut l’opération qui a servi à attirer Souvi dans ce funeste lieu pour le piéger et attenter à sa vie. Une bavure policière se passe instantanément dans la violence d’une intervention débordant de son cadre naturel. Sans préméditation. Sans calcul. Tout le contraire d’un assassinat comme le fut celui de Souvi. Planifié et mis en œuvre avec intention délibérée de nuire.

Le dossier ne paraît pas compliqué. En effet, les enquêtes devraient déterminer les coupables ? Aucun doute, les policiers du sinistre commissariat de Dar Naim ou des complices qu’ils auraient admis pour exécuter la victime ? Cela revient au même, une bande de criminels devenus des prédateurs le temps de quelques heures. À moins de se compliquer la tâche, en recherchant d’improbables extraterrestres descendus d’une autre planète, les auteurs tourneraient strictement autour des effectifs du commissariat connus et reconnus. L’enquête préliminaire et l’instruction devront établir la responsabilité de ces hommes pour déterminer l’auteur principal, les co-auteurs et les complices. La justice doit aller vite pour répondre à l’attente de la population. Le dossier est d’une clarté ne souffrant d’aucune ambiguïté. Autant l’autopsie n’a pas traîné. Autant le reste de la procédure devrait être bouclée avec diligence.

Nous cumulons beaucoup d’insatisfaction dans le traitement des dossiers judiciaires. Une lenteur excessive synonyme de défaut d’efficacité. Il convient que notre justice, un des trois piliers des pouvoirs constitutionnels, se démarque des deux autres par son indépendance, sa célérité en épousant les attentes sociales devenues visiblement plus exigeantes. La réaction de la population devraient inciter les pouvoirs constitutionnels à changer de paradigme pour amorcer un nouveau virage dans le règlement des priorités sociales. Il faudra désormais faire preuve de rigueur, d’impartialité pour bannir l’injustice, la protection de certains individus au nom de je ne sais quelle logique tribale ou communautariste, le népotisme et la discrimination raciale. Voilà les fléaux que les pouvoirs successifs infligent à ce peuple vaillant et résilient depuis plus de quatre décennies.

Je rappelle à tous, en particulier nos dirigeants politiques, deux évidences constitutionnelles incontournables. La première, c’est que la souveraineté populaire appartient au peuple qui l’exerce à travers ses représentants, celui là même qui a manifesté son exaspération ces derniers jours. La seconde, l’armée et ses généraux, qui bénéficient d’un traitement de faveur dans la conscience populaire attisée par des élites corrompues, ne fait jamais partie des trois pouvoirs constitutionnels, que sont l’exécutif, l’assemblée nationale et cette justice qui devrait au contraire bénéficier de plus de considération pour garantir l’égalité des droits des citoyens et la répression de toute forme d’injustice.

Béchir Fall – Facebook

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