Larmoiements d’une plume Aziz et Ghazouani : la goutte d’eau qui a fait…

Le pouvoir a cette faculté de faire tourner la tête à ceux qui s’usent à son exercice. Et la tête du désormais ex-président mauritanien, Mohamed Ould Abdel aziz, n’a pas dérogé à la règle.  Rentré tout dernièrement dans son pays qu’il a dirigé d’une main de fer, pendant une longue décennie, au cours de laquelle il a réussi l’exploit de le mettre selon l’avis de certains sur les bons rails, alors que de l’avis d’autres, c’est son économie qu’il a mise en banqueroute, après avoir pris soin de la saigner à blanc, lui et l’oligarchie, qu’il a mis sur pied pour parvenir à ses fins.

Depuis cet instant, l’homme chez qui ses visiteurs notent une grande excitation, n’arrête plus de multiplier les bourdes, et plus grave encore, sa cote est depuis en chute libre, à cause des comportements antisociaux qu’il affiche, et qui illustrent si besoin est, qu’il n’a rien appris de ses erreurs passées.

Imbroglio à la limite du vraisemblable

Son implication dans la vie publique du pays a crée un imbroglio à la limite du vraisemblable, dont l’une des péripéties qui n’est que la partie visible de l’iceberg, propose par exemple comme dénouement de la crise, qu’on lui alloue tout, ou partie de ce que les urnes ont attribué à un autre. Il n’a rien trouvé de plus ingénieux pour réaliser cet objectif, que de prendre la tête du parti de la majorité, pour paraît-il devenir l’unique interlocuteur de l’Etat, et son seul pourvoyeur en hommes. On dit de lui qu’il est de toutes les combines, et dans tous les coups. Qu’il est toujours prêt à tenter le coup, et aime réussir à tous les coups. Mais à sa manière de tenir le coup, on comprend cette fois qu’il a manqué son coup. Entre-temps, au parti, on n’est plus cette monture docile qui, résignée et passive, subit sans broncher les caprices de son cavalier. La majorité aspire à avoir un cavalier autre que celui qui attend pour l’enfourcher que les autres finissent de s’user la langue sur le cuir de ses bottes. Pris de court par le changement survenu en son absence,  Aziz pour temporiser ne trouve rien de mieux que de pousser d’exécrables feulements, qui lui donne l’apparence d’un tigre en furie. Mais ceux qui l’ont approché ont vite fait de découvrir la supercherie, et font maintenant courir le bruit qu’il est aussi inoffensif qu’un tigre en papier. Je donne maintenant ma main à couper que ce n’est ni son itinéraire, ni ses convictions démocratiques qui l’ont aidé à réprimer l’envie de rempiler. Il s’est ravisé au dernier moment de goutter au fruit défendu par la constitution, parce que malin il sait que le temps ne se prête plus au jeu de prolongations. Et parce que calculateur il s’est dit que cela pourrait aussi être fatal pour lui-même, pour ses proches, et surtout pour cette gigantesque fortune, qu’il s’est fait constituer par des voies qui n’ont pas toujours été orthodoxes, comme le relayent les allégations malveillantes de ses détracteurs.

Il aurait certainement tenté de garder les rênes

Sans ces considérations il aurait certainement tenté de garder les rênes, à l’instar de ceux de ses pairs qui ont fait leur temps, et qui entendent contre le gré de leur peuple s’éterniser au pouvoir, attendant d’y être délogés par la force, ou d’y mourir, aidés en cela par la maladie, ou par l’âge, ou par les deux à la fois. Il a pourtant pris de court et ses laudateurs qui l’assuraient qu’il était le seul à pouvoir faire le bonheur de son peuple, et les hauts soutachés de la grande muette qui gardaient un silence complaisant, en l’écoutant déclarer depuis Abu Dhabi –un peu à la manière d’un Hariri, annonçant en catastrophe de la capitale du royaume des Saoud qu’il démissionne de ses fonctions de premier ministre du Liban –qu’il entend lui aller au devant des aspirations de son peuple, et abandonner en veille comme en rêve ses velléités de rempiler pour un troisième mandat.  Et le premier août 2019, les fruits ont tenu la promesse des fleurs, après deux quinquennats, il remit la poule aux œufs d’or déplumée et en piteux état, à son alter ego, le général Mohamed Ould Ghazouani. Numéro deux de l’ancien régime, et chef d’Etat Major des armées, puis ministre de la défense. Ce général retraité, peu bavard, au regard timide,  et quelque peu effacé, s’est non seulement révélé, un fin tribun, mais aussi un animal politique rompu aux techniques de ce  fameux «mon pays d’abord ». Loin d’être dupe, il sait que son ami a tout balayé sur son passage, et que pour remettre en selle le pays il n’a que deux choix, celui d’attendre naïvement que le ciel se met subitement à pleuvoir des billets de banque. Ou bien entreprendre de faire rendre gorge à cet ami devenu encombrant, et la poignée d’oligarques qui s’est scandaleusement enrichie sous son œil protecteur. Ä lui maintenant de faire voir de quel bois il se chauffe.

Ely-Salem Abd-Daim

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