Justice : Omar Radi condamné à six ans de prison ferme, un an avec six mois de sursis pour Imad Stitou

Justice /LE 19 JUILLET 2021

Le journaliste de 35 ans, Omar Radi, a été condamné à six ans de prison ferme par la cour d’appel de Casablanca, tandis que son confrère et ami, Imad Stitou, écope d’une peine d’un an de prison dont six mois avec sursis.

Par Mehdi Mahmoud

Imad Stitou et Omar Radi, en 2019. Crédit: Facebook

Le journaliste et militant des droits de l’Homme, Omar Radi, a été condamné, ce 19 juillet, à six ans de prison ferme, par la Chambre criminelle de la Cour d’appel de Casablanca. Également poursuivi, son confrère et ami, Imad Stitou, a écopé d’une peine d’un an de prison dont six mois avec sursis.

Omar Radi, 35 ans, a été placé en détention provisoire le 29 juillet 2020, à la prison casablancaise d’Oukacha. Les accusations pesaient sur lui dans le cadre de deux affaires, en l’occurrence “attentat à la pudeur et viol” et “atteinte à la sûreté extérieure” de l’État.

Ambiance tendue

Dans un procès attendu, qui a vu une forte présence de militants et de journalistes, l’atmosphère s’est tendue au moment du prononcé du verdict par le juge. Des slogans appelant à la liberté d’Omar Radi ainsi que pour la liberté de la presse se sont fait entendre au milieu de la salle avant de trouver leur prolongation dans le hall du tribunal.

Omar Radi faisait l’objet de deux enquêtes. La première pour avoir reçu des “financements étrangers” en lien avec “des services de renseignement”. Il était également accusé d’“intelligence” avec un ressortissant belge, Arnaud Simons, avec qui il a eu des contacts en tant que “journaliste lorsqu’il travaillait à l’ambassade des Pays-Bas à Rabat”.

Le parquet avait précédemment mis en doute l’identité de Arnaud Simons, affirmant qu’il s’agissait d’un “nom d’emprunt”, alors que l’erreur semblait porter sur une faute d’orthographe. Arnaud Simons a réitéré sa “pleine disponibilité à témoigner dans le cadre du procès” dans une lettre ouverte. La justice avait rejeté la demande de la défense de l’auditionner.

Omar Radi était également poursuivi dans le cadre d’une autre enquête, pour des “délits relatifs à l’attentat à la pudeur avec violence et viol” ouverte fin juillet 2020, après le dépôt de plainte d’une de ses anciennes collègues du Desk où il travaillait au moment des faits, Hafsa Boutahar.

Lors des audiences, la plaignante affirmait qu’elle n’était pas consentante, ce qu’Omar Radi a toujours nié, assurant qu’il s’agissait d’une “relation consentie” et qu’il a “présenté aux enquêteurs des éléments confirmant l’acceptation mutuelle de cette relation”.

Condamné dix jours après Soulaimane Raissouni

Unique personne à être présente au moment des faits, Imad Stitou, est passé, lui, du statut de témoin à celui d’accusé après avoir été la cible d’une enquête judiciaire pour “participation à l’attentat à la pudeur d’une femme avec violence” et “participation au viol”.

Cette condamnation intervient au lendemain de la révélation par un consortium de médias internationaux, d’accusations à l’encontre du Maroc qui aurait ciblé le téléphone de plusieurs journalistes, avocats et militants, dans le but de les espionner. Une actualité dont l’écho s’est fait ressentir jusqu’au devant de la Cour d’appel de Casablanca, quelques minutes après le verdict. Les manifestants clamaient à ce sujet : “L’espion, c’est Pegasus !”

Omar Radi était l’un des premiers visages marocains à faire l’objet de telles révélations de Forbidden Stories et Amnesty international, en juin 2020, après que des traces d’“espionnage” par les autorités marocaines auraient été retrouvées dans son téléphone. Quelques temps après, il avait été poursuivi pour “atteinte à la sûreté extérieure” de l’État.

La condamnation intervient également également dix jours après celle d’un autre journaliste, l’ex-rédacteur en chef du quotidien arabophone Akhbar Al Yaoum, Soulaimane Raissouni. Ce dernier a écopé, le 9 juillet, d’une peine cinq ans de prison ferme pour “attentat à la pudeur avec violence et séquestration” par la cour d’appel de Casablanca, au terme d’une dernière audience où il avait refusé de se présenter à la prononciation du verdict.

TelQuel

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