Iran, Libye, Ukraine, au coeur de la rencontre entre Merkel et Poutine

Par AFP ,
publié le 11/01/2020 à 04:27 , mis à jour à 14:12

Moscou – La crise iranienne, le conflit libyen et l’Ukraine étaient au coeur de l’entretien samedi à Moscou entre Angela Merkel et Vladimir Poutine, qui se rencontrent en Russie pour la première fois depuis le printemps 2018.


« Nous sommes en contact permanent, nous nous occupons de problèmes politiques et économiques et de questions internationales. Aujourd’hui, nous allons nous concentrer sur les plus graves d’entre eux », a dit le président russe, recevant la chancelière au Kremlin.

« Il y a beaucoup à discuter », a relevé Mme Merkel, citant les conflits syrien et ukrainien, dans lesquels Moscou joue un rôle central, et la Libye, où la Russie exerce une influence croissante.

Les deux dirigeants ont aussi prévu d’évoquer les tensions irano-américaines, quelques heures après la spectaculaire volte-face de Téhéran qui a reconnu avoir abattu par erreur un avion de ligne ukrainien mercredi, jour où l’Iran menait des frappes contre des bases abritant des militaires américains en Irak.

  • « Deuxième Syrie » –

Concernant la Libye, Mme Merkel a à coeur de prévenir toute internationalisation supplémentaire du conflit.

Moscou a aussi tenté d’y calmer le jeu en appelant mercredi de concert avec Ankara à l’instauration d’un cessez-le-feu à partir de dimanche, bien que la Russie et la Turquie soutiennent des camps opposés.

La Libye est plongée dans le chaos depuis le soulèvement de 2011 qui a conduit à la mort du dictateur Mouammar Kadhafi. Un conflit y oppose le gouvernement d’union nationale (GNA), aux forces du maréchal Khalifa Haftar.

Le premier camp est soutenu par l’ONU, de nombreux Etats occidentaux et Ankara, qui a commencé en janvier à y déployer des troupes.

Le maréchal Haftar, qui a jusqu’ici refusé l’appel russo-turc à la trêve, est lui soutenu par l’Egypte, les Emirats arabes unis et l’Arabie Saoudite. Moscou est aussi accusée de l’appuyer avec des armements et des mercenaires, ce que la Russie dément.

L’escalade de ces tensions est donc une « raison clé » pour la rencontre Merkel-Poutine, a confirmé le chef de la diplomatie allemande Heiko Maas.

Berlin entend jouer un rôle de médiateur, ne souhaitant pas voir le pays se transformer en « deuxième Syrie », conflit où Moscou et Ankara se sont imposés comme les principaux acteurs internationaux, laissant les Occidentaux largement impuissants.

Angela Merkel doit ainsi inviter Vladimir Poutine à une conférence sur la Libye organisée courant janvier à Berlin, selon des sources diplomatiques interrogées par l’AFP.

Pour l’Allemagne et l’Europe, la pacification de ces conflits est aussi essentielle pour réduire la pression migratoire, le Vieux continent ayant accueilli ces dernières années des centaines de milliers de migrants venus de Libye et de Syrie, favorisant par ricochet l’essor des extrêmes droites européennes.

  • Iran, Ukraine –

Le Kremlin a de son côté indiqué vouloir aborder l' »escalade des tensions » au Moyen-Orient après que Washington a tué en Irak le puissant général iranien Qassem Soleimani.

Des frappes iraniennes sur des bases abritant des soldats américains en Irak ont suivi, et Téhéran a abattu par erreur un avion de ligne ukrainien, faisant 176 morts.

Moscou comme Berlin ont appelé Washington et Téhéran à la « retenue ».

Russes et Allemands sont aussi unis pour tenter de sauver l’accord sur le nucléaire iranien, qui semble de plus en plus mal en point. En 2018, Washington s’en est retiré et depuis Téhéran le détricote en représailles.

Enfin, Mme Merkel et Poutine aborderont l’est de l’Ukraine, seul conflit à l’agenda où une certaine détente se fait sentir.

Le président russe et son nouvel homologue ukrainien, Volodymyr Zelensky se sont en effet rencontré en décembre sous médiation franco-allemande pour la première fois à Paris, relançant le processus de paix dans la guerre opposant Kiev à des séparatistes pro-russes.

Entre autres petites avancées, deux importants échanges de prisonniers ont eu lieu ces derniers mois.

lexpress

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