Interview: Dane Ethmane, député UDP à l’Assemblée nationale

M. Dane Ould Ethmane, député UDP à l’Assemblée nationale : ‘’Une CENI dont les membres sont désignés par les protagonistes politiques ne saurait avoir la cohésion requise pour piloter des élections’’

Interview: Dane Ethmane, député UDP à l’Assemblée nationale
M. Dane Ould Ethmane, député UDP à l’Assemblée nationale : ‘’Une CENI dont les membres sont désignés par les protagonistes politiques ne saurait avoir la cohésion requise pour piloter des élections’’
Le Calame : Les Mauritaniens seront appelés aux urnes d’ici quelques mois. Dans cette optique, les autorités tentent de déblayer le chemin pour des élections transparentes, crédibles et inclusives. Pensez-vous que l’accord signé le 26 Septembre entre les partis politiques et le ministère de l’Intérieur et de la décentralisation constitue un grand pas vers cet objectif ?
Dane Ould Ethmane: L’accord signé le 26 Septembre est l’aboutissement d’un véritable processus de concertation qui a donné l’occasion aux différents acteurs politiques d’échanger et de s’entendre sur une feuille de route définissant les différentes étapes du processus électoral. Sa mise en œuvre déterminera le degré de transparence et de crédibilité conféré aux futures élections. La signature de cet accord était un acte nécessaire mais non suffisant.

– Pourquoi ne serait-il pas suffisant ?

– Il ne garantit pas, à lui seul la transparence. Il faut que ces termes soient effectivement mis en œuvre, en particulier l’indépendance de la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) et le renforcement de ses capacités.

– L’un des points d’accord était la mise sur pied d’une nouvelle CENI. Réalisé le 31 Octobre dernier, l’accouchement n’a pas été facile. On dispose maintenant d’une CENI constituée de représentants de partis politiques. Pensez-vous qu’elle saura relever le défi de l’indépendance ?

– La classe politique dans son ensemble se concentre sur les conditions de participation aux futures échéances électorales qu’elle espère transparentes, consensuelles et inclusives. Le préalable à tout cela est la mise en place d’une CENI dont la désignation de ses membres soit le fruit d’un processus de sélection probant, basé sur des critères prédéfinis. Une CENI dont les membres sont désignés par les protagonistes politiques ne saurait avoir la cohésion requise pour piloter comme il se doit un processus électoral complexe comme le nôtre. Il aurait été plus pertinent de confier cette tâche au gouvernement et à l’Institution de l’Opposition Démocratique (IOD), deux institutions républicaines. Il y aurait plus de cohérence et moins de dilution des responsabilités.

– Toujours dans la perspective des prochaines élections, le président de la République a rencontré les partis de la majorité présidentielle dont l’UDP, votre parti ; il les a invités à s’unir et à unir leurs forces pour la bataille. Que vous inspire son attitude ? Redouterait-il vos adversaires ?

– Le président de la République est véritablement dans son rôle quand il demande à sa majorité d’unir ses forces et de se mobiliser pour gagner haut et fort les échéances électorales prochaines ; l’étonnant aurait été plutôt l’absence de coordination des forces qui le soutiennent ! Il faut reconnaître que la classe politique dans sa diversité doit redorer son blason afin de susciter la confiance et l’intérêt des populations dont les attentes n’ont toujours pas été satisfaites. Et l’adage militaire le dit bien : il ne faut jamais sous-estimer l’adversaire, pour ne pas dire l’ennemi.

– Que pouvez-vous nous dire de l’état des rapports entre l’INSAF et les autres formations de la majorité présidentielle ?

– Les rapports entre l’INSAF et les autres partis de la majorité n’ont jamais été au beau fixe. Ils gagneraient aujourd’hui à se développer davantage dans l’intérêt mutuel des partenaires. L’INSAF a tendance à considérer les autres partis de la majorité comme des aéroports de dégagement. C’est peut-être à pallier ce déficit de communication que vise l’appel du président de la République en les invitant à plus de concertation, plus de coordination, plus de mobilisation pour gagner les élections prochaines qui sont, en fait, un test grandeur nature pour l’élection présidentielle, guère lointaine elle aussi.

– À en croire les rumeurs, les élections auront lieu en Mai prochain. Les préparatifs ont-ils commencé à l’UDP ?

– L’UDP occupe aujourd’hui la deuxième place après l’INSAF sur l’échiquier politique de la majorité présidentielle. Ce positionnement fait certainement des émules. L’encadrement du parti est mobilisé pour conserver cette place et la consolider davantage. L’expérience avérée de ses dirigeants et le dynamisme débordant de sa jeunesse sont mis à contribution pour encore améliorer ses performances ; un diagnostic a été effectué, des enseignements tirés et pris en considération pour rectifier la trajectoire et tendre vers des objectifs améliorés.

– Depuis la fin de son contrôle judiciaire et son voyage en France, l’ex-président de la République Mohamed Abdel Aziz multiplie les déclarations. Dans l’une d’elles, il affirme qu’il présentera ou soutiendra des candidats aux prochaines élections. Que vous inspire cette sortie ?

– Tant que la justice ne s’est pas prononcée à son égard, Ould Abdel Aziz restera un citoyen qui jouit pleinement de ses droits politiques et civiques. Seule la justice peut les restreindre. Il est donc libre de soutenir qui il veut quand il veut. Toutefois et à mon humble avis, il gagnerait à s’occuper plutôt de rassembler des preuves irréfragables de son innocence face aux lourdes et multiples charges qui sont retenues à son encontre par la justice de son pays. Je lui souhaite bonne chance.

Propos recueillis par Dalay Lam
lecalame

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