Hivernage 2022 en Mauritanie : des pluies abondantes partout

Hivernage 2022 en Mauritanie : des pluies abondantes partout

Contrairement aux années précédentes, marquées par un déficit pluviométrique, les conditions thermiques ont été favorables à un bon hivernage 2022, car il a plu partout en Mauritanie. Selon une note technique de l’Office national de la Météorologie (ONM), datée d’avril 2022, il est fort probable qu’on ait une fin de saison tardive sur l’ensemble du pays.

D’après les analyses de l’ONM, les cumuls pluviométriques allaient être normaux à tendance excédentaires durant la période juin-juillet et août, et excédentaire pour la période juillet-août et septembre sur une grande partie du pays. Ces prévisions étaient une appréciation globale sur les cumuls pluviométriques des deux périodes citées plus haut de la saison 2021 et comparés à la moyenne de la période de référence 1991-2020.

Nous avons pris connaissance des données comparées des cumuls pluviométriques du 1er mai au 20 août pour les années 2021 et 2022, dans les stations synoptiques et principaux postes pluviométriques. Ici, nous mettons en relief quelques zones où il a plu abondamment par rapport à l’année précédente.

Globalement, les hauteurs des précipitations oscillent en moyenne entre 100 et 450 mm du 1er mai au 20 août 2022. Dans le Hodh El Gharbi trois moughataas affichent plus de 250 mm, durant la même période, tandis que le reste des hauteurs demeure sensiblement similaire à la pluviométrie de l’année passée.

Dans le Trarza, Boutilimit est un cas intéressant. La ville, qui n’avait pas dépassé les 80 mm à la même période l’année dernière, s’approche déjà de 300 mm.

Adrar puissance 38

Mais là où la différence est frappante, c’est dans l’Adrar. Aucune des neuf localités étudiées n’avait franchi la barre de 20 mm entre le 1er mai et le 20 août 2021. Un an plus tard, les hauteurs ont été multipliées par 38. Parmi les neuf localités, seule Loudey a été snobée par la pluie.

La situation est quasiment la même dans l’Inchiri. En effet, Akjoujt et Benichab, qui n’avaient pas eu une goutte de pluie en cette période de l’hivernage 2021, ont déjà enregistré respectivement 140 mm et 200 mm environ.

A Nouakchott également, les prévisions de l’ONM se confirment. Sur les neufs moughataas, 5 n’avaient pas eu une seule goutte de pluie au cours de la saison précédente, 3 avaient dû se contenter de quelques averses et enregistrer entre 2 et 10 mm, tandis qu’une seule atteignait plus de 20mm. Entre le 1er mai et le 20 août 2022, les moughataas ont affiché des hauteurs cumulées de 85 mm en moyenne. La moughataa de Teyarett est cependant la seule à dépasser la barre des 100 mm, à Nouakchott.

Zeighlane passe de 0 à 150 mm.

Dans le Brakna, M’bagne a tenu son rang avec environ 250 mm comme ce fut le cas l’an passé. Mais, à l’image d’autres localités du pays, Dionaba et Zeighlane sont excédentaires. Ils passent respectivement de 75mm à 250 mm et de 0 à 150 mm. A l’inverse, Bagodine perd environ 125 mm par rapport à l’hivernage 2021.

Au niveau du Gorgol, Kaédi passe de 180 mm à plus de 300 mm tandis qu’Edebaye enregistre plus 250 mm, contre 50 mm l’année passée. A Toulel par contre, la pluie a été quelque peu timide. Bien que les hauteurs aient déjà dépassé les 200 mm, on est bien loin des 400 mm enregistrés au cours de l’hivernage 2021 dans la même période.

Pour finir avec ce tour de quelques régions, on peut s’arrêter sur la région du Guidimagha, où il a plu abondamment. La localité de Ghabou truste le podium avec ses 500 mm, suivie de Tachott avec plus de 450 mm et N’kheila ferme la marche avec 400 mm.

A noter que 5 autres localités du Guidimagha ont atteint 300 mm, voire plus.

Risques d’inondations

Compte tenu des tendances qu’il avait anticipées, l’ONM avait formulé quelques recommandations que l’on peut repartir en trois catégories. La première concerne les actions à mettre en œuvre pour prévenir le risque élevé d’inondations, pouvant causer la perte en vies humaines et animales, et en récoltes, dans les localités exposées.

Pour faire face aux éventuels risques, l’Office a recommandé le renforcement de la vigilance et des capacités d’intervention des agences en charge du suivi des inondations, de la réduction des risques de catastrophes ainsi que l’augmentation des aides humanitaires.

Au sujet de la riposte aux inondations, l’ONM a aussi suggéré d’aménager des sites d’accueil pour les éventuels sinistrés.

Enfin, on peut souligner que l’ONM a appelé à lutter contre l’occupation anarchique des zones inondables par les habitations et les cultures.

Hivernage: Adapter les cultures

La seconde catégorie de recommandations concerne les conseils aux agriculteurs. En effet, compte tenu du caractère globalement humide de l’hivernage 2022, l’ONM a égrené un chapelet de mesures à prendre afin de mieux tirer profit de l’abondance des pluies.

A ce propos, les acteurs du secteur agricole et leurs partenaires, ont été invités à investir davantage dans l’agriculture à hauts rendements dans des conditions humides, tels que le riz, la canne à sucre et les tubercules, entre autres.

L’ONM appelle, également, à valoriser les situations d’écoulement moyens à excédentaires, en développant des cultures irriguées, notamment dans les plaines inondables des bassins du fleuve Sénégal.

Prévenir les maladies

Le troisième volet que l’on peut retenir, concerne la mise en place de dispositifs de collecte et de conservation d’eau de ruissellement, pour des usages agricoles et domestiques en saison sèche.

Pour ce qui est de la dernière catégorie de recommandations, elle a trait aux risques de maladies. L’ONM insiste sur la nécessité de sensibiliser et diffuser des informations d’alerte sur la prolifération de germes de maladies endémiques.

Selon l’Office, les zones humides et celles inondées peuvent être favorables au développement du choléra, du paludisme, de la dengue, entre autres. De même, il suggère de renforcer les capacités des systèmes nationaux de santé et des plateformes nationales de réduction de risques de catastrophes.

Durement touché par des déficits de pluies récurrents, le pays a été cette année abondamment arrosé, et ce n’est que le début, selon les prévisions de l’ONM.

conséquences malheureuses ici et là.

Malgré les bienfaits qu’elles ont sur un pan important de l’économie nationale (agriculture et élevage), les pluies ont aussi eu des conséquences malheureuses ici et là.

Des localités ont été inondées, des citoyens évacués et placés dans des abris temporaires. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle le Président de la République, M. Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani a interrompu ses vacances le 19 août 2022 pour se rendre au chevet des habitants de Kaédi, car la ville et ses environs avait été inondée et des dégâts matériels constatés.

Il a donné des instructions, pour que les sinistrés soient pris en charge.

En plus, récemment, le gouvernement a déclaré que ses institutions sont à pied d’œuvre, pour évacuer les eaux pluie, notamment à Nouakchott.

Synthèse : Par Amadou SY

AMI

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